J'avais laissé filer cette situation depuis bien trop longtemps. Depuis que j'avais recroisé la route de Pacey ici à Providence, le jeune homme m'évitait avec un soin tout particulier. Il faisait même carrément comme si on ne s'était jamais rencontré. Oui, ça faisait plus de quatre ans et depuis on ne s'était jamais adressé la parole. Lui en France, moi de retour en Amérique. On avait reprit le cours de nos vies après trois mois de pure idylle en Australie. A l'époque, j'étais mal dans ma peau, j'avais un soucis d'addiction à la drogue que j'avais du mal à gérer. J'avais agis impulsivement dans cet avion, allez faire des galipettes dans les toilettes avec un inconnu. Aujourd'hui, c'est aux antipodes de ce que je ferais. Puis après tout c'était lui qui avait dû partir et il n'avait pas fait plus d'effort que moi pour me contacter. Oui, je ne lui avais pas donné mon nom... Maintenant que j'y pense c'était peut-être ça finalement. De là à m'ignorer totalement, il y avait une marche. Puis je n'aimais pas ne pas comprendre quelque chose. Depuis des semaines maintenant, cette histoire me taraudait vivement l'esprit. Oh j'avais bien tenté de le coincer au détour d'un couloir, pour obtenir le fin mot de cette histoire, mais il me glissait toujours entre les doigts.

Ce n'était pas grave, c'est une promesse un jour, je le ferais me parler. Je saurais, foi de Reyne. Je bossai comme serveuse au Starbucks le samedi. Je n'avais pas besoin d'argent loin de là, mais j'aimais bien cette responsabilité, travailler et gagner moi-même de l'argent. J'avais pris mon service tôt ce matin et j'en avais encore pour une petite demie-heure. Je servais une table quand je le vis entrer. Oui c'était lui. Je soudoyais ma collègue qui venait de prendre sa commande, pour qu'elle me laisse lui apporter son café. Cette fois-ci Pacey, tu ne m'échapperas pas. J'allais déposer son café devant lui et je restais là plantée. Fermement décidée à briser la glace.

Tiens qui voilà! Alors, tu vas encore longtemps me nier comme un débile? Ca rime à quoi? Je ne me gênais jamais pour dire ce que je pensais et je le trouvais vraiment débile d'adopter cette attitude. Comment aurais-je pu me douter un seul instant, à des milliers de kilomètres que j'avais pû représenter quelque chose d'important pour lui, qu'il avait reçu une photo prise par un détective, que j'avais été filée comme ça? Je ne me doutais pas un seul instant de tout ce qu'il avait au fond de lui, ni qu'il avait souffert par ma faute. J'avais juste continué mon chemin puisque je n'allais surement jamais le revoir. Il restait là, il me regardait à peine, j'avais beau le regarder fixement, lui faisant sentir le poids de mon regard, il restait muet. Je sentis la colère monter en moi et d'un geste rageur de la main, j'envoyais valser son café qui se répandit sur ses genoux. Bien fait, tu l'as bien cherché! Je regrettais déjà ce geste.

Pardon, mais ça me saoule. Je jetais un regard à mon patron qui ne semblait pas du tout content de ce qu'il venait de voir. C'était un coup à perdre ma place. Je soupirais puis d'un geste désinvolte, je lui saisis la main et le forçait à me suivre dans les toilettes. Viens, on va nettoyer ça. Je vis le patron, me faire signe de venir le voir après, je hochais la tête pour dire que j'avais compris. Une fois dans la pièce, je me retournais vers lui, me doutant bien que toute cette scène était poussée à l'extrême. Ces derniers temps, j'étais tendue comme un ressort, complètement à cran et c'était la goutte qui avait fait déborder le vase.

Pacey&Elle

J’ouvris les yeux en sursaut, j’étais en sueur. Cela faisait une semaine que je faisais le même rêve, j’étais dans la peau de mon père et je me faisais un malin plaisir à surveiller les moindres faits et gestes de mon fils , à lui ruiner la vie à l’aide d’images, à le voir se détruire et puis cela se finissait toujours de la même manière, je voyais mon fils se faire tirer une balle dans le foie.
J’évitais de penser à mon père depuis des années, mais depuis peu cela m’étais devenu impossible, j’étais perdu. Et ce sentiment-là, je le détestais et je m’étais promis de ne plus jamais le ressentir. Mais j’ai failli, j’ai failli à ma promesse. Je ne sais plus où j’en suis.
«Au moins maintenant je connais son nom.» Je me rafraîchi le visage, pas besoin de douche aujourd’hui, je n’avais pas besoin de plaire. C’était même le dernier de mes soucis.

Cela faisait quatre ans que je ne l’avais plus vu, hors photo je veux dire. Elle ne m’avait pas donné de nouvelles et pourtant elle avait mon nom, mon numéro, sur le moment je n'avais pas compris mais maintenant que je sais c’est compréhensible j’étais qu’un jouet pour elle, un petit coup de trois mois. Cela parait peu 3 mois mais j’étais fou d’elle, j’étais fou de son sourire, de son rire, de sa manière d’emmerder le monde, de râler, j’étais fou des regards que les gens faisaient quand elle rentrait dans un restaurant en se demandant qui pouvait être le mari d’une si fabuleuse femme et de la déception que je lisais quand ils m'aperçurent.
Je la détestais de m’avoir pris pour un con, mais je me détestais de n’avoir rien remarqué. Elle m’avait fait souffrir et aujourd’hui, Elle, pardon Reyne était là, tous les jours je la voyais, que ce soit sur le campus, ou dans les alentours et je ne voulais pas que cette fois encore elle ait le dessus, du moins extérieurement. Je savais que lui ouvrir mon coeur fermé depuis longtemps ne servirait, je serais pitoyable et si je me serais vu j’aurais surement moi-même couru aux toilettes et même à quoi bon je ne voulais plus rien avoir à faire avec elle.
C’était peut-être gamin comme réaction et lâche mais j’avais choisi l’indifférence, je préférais qu’elle croie qu’elle non plus n’avait pas compté plutôt que de passer pour un con, encore une fois. Quand je la voyais je ne la considérais pas plus qu’une de ces nombreuses filles qui finirent un soir dans mon lit.

J’attrapai les premiers vêtements que j'aperçu, un vieux jean et un vieux t-shirt, je ne me regardai pas dans un miroir, je ne devais pas être très frais de toutes façons. J’ouvris toutes mes armoires, plus de café. J’allumai une cigarette, attrapai mes clés et sorti, j’enfourchai ma moto et m’arrêtai au Starbucks.
Il faisait bon dehors mais je me mis à l’intérieur après avoir attrapé le journal du jour, je commandai un café et commençai ma lecture.
«Tiens qui voilà! Alors, tu vas encore longtemps me nier comme un débile? Ca rime à quoi?»
Je levai les yeux, elle était là, je regrettai d’un coup de ne pas m’être lavé. Je fit mine de ne pas réellement comprendre, je la regardai et je prenai un malin plaisir, cela marchait ,cette indifférence la rendait folle et s’en même que j’eu le temps de men rendre compte mon café se retrouva sur mes cuisses. "Pardon, mais ça me saoule. Viens, on va nettoyer ça."
Et s’en même que je pu refuser la proposition je me retrouvai à la suivre au toilette, j’eu comme une impression de déjà vu.

«Bonjour Reyne, comment vas tu ?» Je lui souris de mon sourire le plus charmeur, c’était la première fois que je prononçais son nom.
«Tu sais, suffisait de demander si tu voulais qu’on se retrouve aux toilettes, tu n’avais pas besoin de me renverser mon café dessus. Tu sais que j’aurais accepter.» Il lui parlait comme à une simple fille, j’étais du genre à aimer être en position de force, elle m’avait retourné, c’était à mon tour. Même si moi je ne lui ferais jamais aussi mal.

©biscotte

L'impulsivité, un des mes flagrants défauts. Oui, un parce que j'en ai bien d'autre. Je peux être une véritable chieuse quand je m'y mets. Surtout, je ne supporte pas l'hypocrisie et pour moi Hawkins en faisait largement preuve en m'ignorant ainsi. Aussi, j'avais perdu patience aujourd'hui, je ne suis jamais très patiente. Ce petit jeu m'insupportait réellement, mais surtout s'il persistait dans cette voie, il n'y a pas photo j'adopterais la même conduite, mais sans possibilité de retour. Je le regardais bêtement, attendant qu'il se décide enfin. Je restais à présent sans voix, alors là c'est une première. Bonjour Reyne... Ah bien, il ne devait donc pas m'ignorer tant que ça puisqu'il avait imprimé mon prénom dans sa petite tête. C'est plutôt la suite qui me laissait sans voix. Non, mais en plus il donnait dans le sarcasme à présent. Mon attention était fixée sur son regard, comme si je cherchais à percevoir une contradiction à tout ceci dans ce dernier. Une vérité.

On s'en tape de comment je vais. Pas la moindre importance! Ah ouais, t'aurais accepté? Seulement tu vois je t'ai pas tiré ici pour réitérer un exploit passé. Oh oui, j'avais très mal pris cette remarque. D'accord, il y a quatre ans, j'avais été assez délurée pour faire une telle chose, mais la fille qu'il avait aujourd'hui en face de lui n'était plus du tout ce genre-là. Le peu qui s'était risqué à tenter de me séduire depuis ma rupture avec Nico, s'était pris des râteaux ou des vents. Le fait que je sois une Iota et que des tas de rumeurs circulent sur notre sororité, je devais être la plus sages d'entre-elles. Depuis longtemps maintenant, je me fermais aux sentiments et les coups d'un soir ne m'intéressait pas du tout. Il avait effleuré ma susceptibilité, on pu même me surprendre à baisser mon regard vers le sol. Je me rendais compte qu'étrangement je le laissais prendre le dessus sur moi. Sur moi? Reyne, la reine des glaces comme m'appelait Neven, jeune homme qui avait tenté de me percer à jour avant de quitter Brown définitivement.

A quoi tu joues Pacey? Pourquoi j'ai l'impression que tu m'en veux? Le ton de ma voix s'était radoucit au point d'avoir formulé ma question presque d'un un souffle inaudible. J'étais en position de vulnérabilité, heureusement qu'il n'y ai qu'un seul témoin à tout ceci. Une facette que personne sur le campus pas même mes amis n'avait pu ne serait-ce qu'effleurer. Lui, ce n'était pas pareil. Pourquoi? Allez savoir. Je fini par me retourner prenant une serviette éponge au crochet et faisant couler l'eau du robinet. Je la lui tendis alors. J'évitais cette fois de croiser son regard. Je ne savais pas s'il daignerait lever les doutes que j'avais en tête et s'il ne le faisait pas et bien... Tans pis. J'essaierai peut-être une autre fois. Je n'avais pas envie de me battre. Je me battais déjà suffisamment depuis quelques temps. Maintenant, j'étais fatiguée, fatiguée de tenir toujours ce masque devant tout le monde. Je baissais ma garde.

Tu n'auras qu'à m'apporter ton jeans au pavillon des Iota, j'irai le déposer au pressing, c'est le moins que je puisse faire pour me faire pardonner. Oui, je m'en voulais d'avoir réagis de cette manière, oh bien entendu je ne l'avouerais pas complètement. Question d'orgueil. Ou si tu l'as besoin directement on peu aller le donner aux employés du domaine Campbell, j'ai fini mon service dans dix minutes. Enfin, si j'avais encore un boulot après ceci. Je doutais qu'il ai envie de rester en ma compagnie plus longtemps, donc ma proposition était plus dite par pure politesse.

Pacey&Elle

Je devrais être franc, je l’étais d’habitude. Je devrais lui dire qu’elle m’a brisé des années au paravant en m’oubliant si facilement, qu’elle me manquait des soirs ou je me retrouvais avec des filles dont je ne me souvenais même plus de leur prénom et d’ailleurs je ne demande qu’à passer une journée avec elle rien que pour des explications, celles que j’ai attendues pendant 4 ans. Mais cela, jamais je lui dirai, si je commençais à être franc avec elle je devrais tout lui avouer, tout lui raconter et passer pour un bel imbécile et cela mon égaux ne le supporterait pas. J’optai alors pour le sarcasme, une moquerie ironique valait mieux que n’importe quelle hypocrisie.
De toutes façons tout lui avouer signifierait que je m’attendais à autre chose mais quel con je fais, j’étais parti en France notre histoire était finie.

«On s'en tape de comment je vais. Pas la moindre importance! Ah ouais, t'aurais accepté? Seulement tu vois je t'ai pas tiré ici pour réitérer un exploit passé.» Mon sarcasme avait eu l’effet escompté, elle perdait son sang froid et devenait impulsive. Sur le campus on parlait d’elle comme d’un iceberg, «la reine de glace» m’était souvent revenu à l’oreille lorsque je tendais l’oreille à certaines conversations des pimbêches d’Iota. D’ailleurs j’eu du mal à m’en remettre quand j’apercus Reyne sortir de chez elles, elle était pourtant tellement différente. C’était comme si j’avais choisi d’intégrer les Kappa et que je passais mes journées à prendre mes frères dans mes bras. Je lui souris. « Non Reyne, on s’en tape pas, pas du tout. Je préfère commencer par savoir comment tu vas après 4 ans plutôt que comment t’as pu m’oublier si vite» La phrase m’échappai, heureusement je n’avais pas trahi la moindre émotion dans ma phrase, mais elle m’échappa tout de même. Ce n’était pas moi, plus moi, désormais je controlais et maitrisais tous mes sentiments et réflexions. Mais c’était elle, encore elle.

«A quoi tu joues Pacey? Pourquoi j'ai l'impression que tu m'en veux?» J’eu un élan d’espoir, elle me répondit tellement vite que je compris que c’était pas une réponse à ma question et que peut-être elle n’y avait pas prêté attention. La concentration que je déployais pour cacher mes émotions m’étonna, jamais je m’étais donné tant de mal, c’était peut-être parce qu’avec elle ce n’était pas naturel d’être distant, c’était la dernière personne avec qui je n’avais pas été froid.
L’espoir laissa vite place à la surprise, Le ton qu’elle prit, son ton... Elle était faible, elle avait laissé sa carapace de glace. Pendant que je me battais pour rester indifférent, elle faisait naitre une sensation de chaleur. «A quoi tu joues toi Elle? Depuis quand la vie des gens t'intéresse tant que tu te donnes tant de mal pour me parler?». J’avais abandonné le «Reyne», cela lui allait pas de toutes manières.

Je décidai de nier sa question, comme elle le fit dans l’avion le jour de notre rencontre, puis elle feint de terminer la conversation. Je remarquai que ce n’était pas parce que la conversation était lourde, mais parce qu’elle se sentait dérangeante, et même si je refusai de terminer la conversation en m’en allant, je ne voulais pas spécialement la revoir après pour récupérer mon jean.
«C’bon j’irai le faire moi même cette après-midi»

©biscotte

"Tu te fou de ma gueule ou quoi?" pensais-je en l'écoutant. Tu ne t'en fou pas, alors que ça fait des mois que tu m'ignores. Tu n'en a rien à foutre de comment je vais. Voilà exactement ce qui s'imposait dans mon esprit. J'étais de plus en plus furieuse à mesure qu'il ouvrait la bouche. Si je ne m'étais pas retenue, j'aurai eu envie de le gifler. Oui, juste comme ça pour qu'il arrête de jouer au con. L'oublier, voilà était-ce là, le bas qui blessait? Je l'ai pas oublié, je n'oublie jamais personne. J'ai juste continué de vivre, parce que c'était la seule chose à faire. Parce qu'il n'y avait aucun autre choix. Je dois répondre, je ne peux pas rester à ne rien dire, ce ne serait pas "moi" autrement. Quoique avec lui, je ne suis jamais réellement moi, je ne sais jamais comment je dois réagir.

Parce que t'es devenu devin depuis le temps? Suffisamment pour pouvoir affirmer ce que je pense à ma place? Oui, oui qu'en savait-il de ce que je pensais, du fait que j'ai zappé ou pas. Que je ne pense jamais à lui, ou que j'y pense constamment chaque jours. Dans le fond, c'est à peine s'il me connait. Il ne connait pas la Reyne du passé, ni celle du présent. Il ne connait de moi que ces petits et misérables trois mois. Et à cette période, je n'allais pas bien du tout. Je ne vais toujours pas mieux. Il y a peu, il ne connaissait même pas mon foutu prénom, non je ne lui avais pas donné. Pourquoi, je sais pas j'avais trouvé ça marrant à l'époque, ou peut-être que j'avais peur qu'on ne s'attache à moi. L'attachement m'a toujours effrayée. J'ai peur de perdre les gens à qui je tiens, peur qu'ils me quittent un jour sans se retourner. Peur de paraitre invisible, parce que je m'attache trop justement. Trop vite, je fais confiance et plusieurs fois j'ai eu très mal de voir que je me trompais sur certaine personne. Que je n'avais pas autant d'importance pour eux que je n'en donnais moi. Alors je m'étais refermée, pour ne plus tomber de haut. Je n'étais pas une fille spéciale, mais souvent je me rendais compte que je ne pensais pas forcément comme la norme des gens.

Une autre pique. Je suis la reine de pique... Je le regarde. Elle s'est la femme du diable, on te l'a jamais dit? Peut-être que c'est comme ça qu'il me voit, comme un être diabolique et malfaisant. Ou pas. Il me prend pour quoi exactement? Bien entendu, je suis un cœur de pierre, je ne ressens jamais rien et je ne me préoccupe que de mes petites fesses! C'est de notoriété publique! Blessée, oui il venait de le faire. En plus il refusait tout, il refusait le moindre petite geste que je faisais pour m'allouer de mon comportement. J'étais énervée, je sentais la colère monter en moi de plus en plus à chaque minute. Je ne perdais jamais mon sang froid de cette manière. Mais alors lui, il avait le chic.

C'est quoi ton putain de problème, bordel! C'est pas toi qu'est partis en France? Tu m'a cherché toi? Tu ne m'a même pas dit si tu voulais qu'on se revoit. Mais c'est moi, moi la grande méchante insensible qui fait tout de travers! lançais-je alors que je venais clairement de me rapprocher de lui au point de pointer mon index sur son torse en lui faisant clairement des reproches. Des reproches, t'es tombée sur la tête Reyne? A quoi tu joues, que penserait-on en te voyant? Heureusement, personne ne me voit, personne sauf lui.

Pacey&Elle

Edité et supprimé sans le vouloir après avoir édité....

©biscotte

Sa réponse tomba comme un couperet, vive et tranchante. Une photo, un détective, une photo de moi. Avec un gars? Je buvais les informations qu'il venait de me donner tentant de les assimiler. De bavarde, je venais de passer à muette. Il ne pouvait s'agir que d'une seule personne, mon ex petit copain Nico. Je n'avais eu que lui, un seul garçon comparé à d'autres étudiantes qui passaient de relation en relation, comme on joue à saute mouton. Si l'on me nommait la reine des glaces, ce n'était pas uniquement pour un caractère de marbre, mais aussi parce que je ne me laissais jamais tenter. D'autres me prenaient pour une allumeuse prude. J'avais vraiment du mal à assimiler ce qu'il venait enfin de m'avouer. Surtout, ça me mettait encore plus en colère que son paternel se soit permis de me faire suivre par un détective pour atteindre son propre fils. J'étais stupéfaite, comment un parent pouvait chercher ainsi à faire mal à son propre enfant? Pourtant, cette colère diminuait un peu, laissant place aux doutes. Un remords peut-être? Oui, un petit peu. J'étais mal à l'aise d'être prise en défaut même si finalement ce n'était pas entièrement de ma faute.

C'est vrai, j'ai eu un petit ami pendant quelques mois. Mais Pacey... Je ne me souviens pas que tu m'aie demandé de t'attendre... Une excuse? Une piètre excuse? Une excuse quand-même. Il ne l'avait pas fait... Jamais il n'avait cherché à me faire comprendre que je pouvais compter plus qu'une petite idylle de vacances, ni que j'allais le revoir. Moi, j'avais juste continué mon chemin, de mon côté. Je comprenais un peu mieux sa réaction, ça ne devait pas être facile de reparler à quelqu'un de son passé quand vous aviez un arrière goût amer dans la bouche. Quand vous aviez en quelque sorte été blessé par certaines vérités.

Je ne pu m'empêcher de faire une légère moue quand il me dit de la fermer, que je jouais un putain de rôle. Il se contredisait, il disait que je n'étais pas blessée, mais en même temps qu'il savait que je n'étais pas de glace. Alors, il aurait du savoir que j'étais sincère, j'étais blessée par la fait qu'il m'ignore comme si je n'avais jamais existé. Etrangement, je senti les larmes me monter aux yeux, ce masque que je portais ici était très lourd à porter, de plus en plus chaque jours. J'étais en mode défensive, quand j'étais en face d'une faiblesse, j'adoptais toujours ce mode là.
Je te comprends, mais mets-toi aussi à ma place. Tu veux que je te dise comment je vais alors que tu m'ignores royalement depuis je ne sais plus combien de temps, là. Et je vais te dire quoi? Non je vais pas bien, ma vie est une parodie? T'es parti et quelques années plus tard, tu réapparais? Comment parler ouvertement comme si de rien n'était? Oui comment s'était une chose dont je n'étais pas capable. Après autant de temps, j'étais incertaine. Je ne savais plus comment parler à quelqu'un que j'avais perdu de vue longtemps et qui en plus m'ignorais, réduisait mon existence à néant comme s'il ne me connaissait pas du tout. Il relâcha mon poignet, qu'il avait saisi qu'il avait serré si fort. Rien que par ce geste, j'avais pu ressentir sa colère contre moi. Je laissais retomber mon bras le long de mon corps.

Arrêtes, t'es pas un con. Dis pas ça... Et là, on fait quoi alors? On s'évite, on se parle plus, c'est ça que tu veux alors? Lui demandais-je. Cela aurait été quelqu'un d'autre, je n'aurais pas prononcé ces mots, mais c'était lui et il pouvait bien me haïr de toutes ses forces, il avait compté, il comptait toujours et je ne pense pas que cela puisse un jour changer. Aussi brève fut notre rencontre, je m'étais sentie si proche, proche comme avec personne d'autre.

Pacey&Elle

Elle avait raison, jamais je ne lui avais demandé de m’attendre, j’étais parti comme si notre histoire avait été banale. Mais elle avait été tout sauf cela. Elle me rendait fou, elle seule savait à ce point tout mélanger dans ma tête, elle seule savait me faire perdre certains moyens, me rendre muet ou trop bavard, elle seule était Reyne. Evidemment je sais, mais seule Reyne compte réellement pour moi, pardon, a réellement compté pour moi. J’en venais à faire des lapsus désormais, c’était sa présence. Tous les moments passés ensemble me revenaient en tête, elle me manquait, terriblement, mais c’était le passé. Puis j’en vins à mon départ, j’étais parti, moi et pas elle, mais à vrai dire ce n’était pas qu’elle aie avancé qui me fit mal, mais qu’elle en fut capable. les semaines qui suivirent notre séparation furent dures, chaque fille me paraissait amère et puérile. Dragueur de souche, je refusais chaque fille qui espérait finir la soirée avec moi, même après la photo je fus incapable de flirté pendant des mois, parce que justement aucune fille n’était Reyne.
« Tu pouvais embrasser qui tu veux, mais t’aurais pu faire semblant que cela avait été dur de me quitter et attendre un peu. Parce qu’y a été dur c’est que je suis passé pour un beau con, j’ai cru que j’avais énormément compté et te voir l’embrassé après si peu de temps, j’ai compris que au moins t’avais pas eu du mal à m’oublier»

C’est pour cela que je ne cherchai pas à lui parler dès mon arrivée, je ne savais pas quoi lui dire:" hé Reyne! Quel plaisir de te revoir, cela fait quoi 4 ans, ah oui cela remonte à avant mon accident au foie et mes prises de drogues! Comment tu vas sinon".
En effet, je serais aussi déstabilisé qu’elle si elle me demandait comment j’allais, mais sa réponse m’attendrit, elle allait mal.
Ce n’était pas de la pitié loin de là, plutôt de la compassion, car si je réussissais à finir mes journées en m’amusant de temps à autres, c’était parce que je me fermais et m’interdisais tout sentiment, une parodie sa vie? Je finissais la plus part de mes nuits avec des filles différentes dont j’en avais rien à faire. J’allais rentrer dans une fraternité alors que je dois m’être lié en 4 ans avec maximum 5 garçons, et même eux il faut que je réfléchisse pour les trouver.
« T’as bien réussi à m’oublier pourtant.» Ma remarque était débile, puérile, grotesque, sarcastique, et pourtant ce n’est pas la comédie qui émana de ma phrase mais bien la tristesse. Bordel, je haïssais l’effet qu’elle avait sur moi.

Sa phrase me glaça, l’éviter à nouveau? ce serait surement le plus facile pour moi, ne plus avoir à ressasser le passé. Je la mêlerais dans la masse des autres filles, comme je l’ai fait jusqu’à aujourd’hui, je jouerais sur le sarcasme si l’on a à se parler, oui cela pourrait marcher. « Non, j’en suis incapable désormais.»
Bordel. C’est vrai, j’en serais incapable, la mêler aux autres? J’en avais jamais été capable, voilà pourquoi j’avais si bien retenu son prénom et ce que les gens disaient sur elle. Elle n’était pas comme les autres, et elle ne le sera jamais.
En 30 minutes j’avais réussi à être proche d’elle comme je l’avais été à l’aéroport, j’avais laissé paraitre mes émotions, j’avais été un peu plus moi. Je fis alors un geste que je regrettai aussitôt. Je posai mes lèvres sur les siennes.

©biscotte

Je comprenais qu'il se soit sentit idiot devant son paternel, qu'il ai pu se sentir blessé. Je le comprenais parfaitement, dans son cas je ne sais pas si j'aurai pensé autrement que ce qu'il pensait à l'heure actuelle. Sauf que moi je n'avais pas eu a savoir... A subir ces frasques après notre relation aussi brêve fut-elle. Mais trois mois, trois ans? C'est pareil dans le fond, on s'attache forcément quand on se sent bien avec une personne, que ce soit furtif ou non. Il me déstabilisait, moi, oui ça semblait possible après tout. J'aurai pu faire semblant oui, comme je faisais semblant si souvent en ce moment. Semblant que j'étais dure, semblant que rien ne me touchait pas même la découverte de mon adoption. Semblant que ma demie-frangine semble ne pas m'accepter ne me déroutait pas. Semblant que Mister X qui me harcelais, ne me faisait pas frémir et faire des cauchemars. Semblant que dans le fond, tout allait bien. Mais... comment j'aurai pu faire semblant à ses yeux alors que je ne savais même pas qu'il avait vent de ce que je pouvais faire à des milliers de kilomètres?

Comment aurais-je pu me douter un seul instant que ton taré de père m'avait fait suivre, que là où tu étais toi tu savais ce que je faisais? Moi non plus je ne suis pas madame Irma... Depuis le début de cette conversation, j'avais l'impression de lutter, de me justifier sans arrêt. Je me trouvais des excuses qu'elles soient valables ou non.Je devais surement avoir des tords, oui j'en avais au moins un si je n'avais pas joué à ce jeu débile de ne pas lui donner mon nom, peut-être que ça aurait évité pas mal de choses. Mais quand on est jeune on fait beaucoup de conneries, les gens ne sont pas parfaits et je ne le suis pas. Parfaite.

L'oublier, ce mot, cette certitude lui revenait sans arrêt. On oublie jamais rien, on vit seulement avec. Oublier est une notion d'impossibilité chez moi. J'enfouis, mais je n'oublie jamais rien. Je n'oublie jamais personne, surtout si j'ai été proche un moment Je ne l'ai pas oublié, je ne peux pas, je ne suis pas faite comme ça, tout simplement. J'avance, je continue, je m'accroche face à l'adversité, mais jamais je ne cesse de penser. Je pense bien trop d'ailleurs. Je pense sans arrêt c'est un foutu problème chez moi. Je suis là, je le regarde et je ne sais pas quoi faire. Lui faire de plates excuses? Les excuses c'est bien, mais elles ne changent pas le passé. Il n'en est pas capable, je n'en suis pas capable, alors quoi? On fait quoi? Cette question me turlupine encore dans un coin de ma tête. Mes yeux balaient le sol, puis se relève, je piétine, y a-t'-il seulement une solution à tout ceci?

Les minutes s'égrainent, le silence s'installe. Je ne sais plus quoi dire là, de toute manière. Tous les mots ne seraient surement pas suffisant. Je suis mal à l'aise, depuis qu'on est là ce sentiment ne m'a pas quittée. Et donc? On fait quoi? Je me répète, j'ai l'air tellement pathétique là. Serait-ce à lui de décider de ça, son choix? Je ne sais pas. Et là, là il est si proche, trop proche. J'en frémis, je me sens un peu bizarre. Pourquoi? Ses lèvres se posent sur les miennes, je ferme les yeux. Je ne sais pas quoi faire, je reste planté là, une seconde puis deux. J'y répond, je le laisse m'embrasser comme si c'était juste naturel. Pourtant, je suis encore plus paumée que l'instant d'avant. Je l'embrasse aussi, une pulsion soudaine s'emparant de moi. Je suis perdue, je suis idiote. Vulnérable. Personne ne le verra, cesse donc de penser autant. Me dis-je. Mon dieu, il faut en penser quoi. Je m'écarte alors le regard perdu dans le sien. Je ne sais plus du tout que penser.

Pacey&Elle

Mon taré de père. Il l’était certes mais de l’entendre dire, elle ne le connaissait pas, plus. Il avait donné de l’amour à ma soeur, il m’avait sauvé à l'hôpital. Je ne lui pardonnais rien. Mais yeux devinrent peu à peu plus sombre, la rancoeur monta en moi. De la rancoeur pour ce père que j’étais incapable de pardonner, incapable d’aimer mais dont j’étais incapable d’entendre du mal.
Je ne la repris pas, à quoi bon. Elle ne pourrait pas comprendre. j’avais beau me plaindre sans cesse de ma vie, de mon père, il ne méritait pas qu’on l’insulte, à part pour moi et ma mère il a été un bon homme, un bon père et un bon patron. Je m'apitoyais peut-être trop sur mon sort, mais je le faisais que dans ma tête, je n’extériorisais rien. C’était peut-être cela mon problème.
Aller voir un psy ? Mais bien sur, et après cela j’irais sonner chez les Iotas un bouquet de fleurs à la main pour une nouvelle conquête, la fille sauterait de joie, crierait, rirait, chanterait. Quelle horreur.
Je me regardai dans la glace, j’étais le même et pourtant je venais de remettre toute ma vie en question. Reyne.
«Non c’est vrai, tu ne pouvais pas savoir... Cela change tout dis, si tu avais su tu te serais caché! Ecoute toi Reyne, c’est débile. Je n’ai pas besoin d’excuses et encore moins que tu me dises que c’est parce que tu te savais pas surveillée que tu l'as embrassé.»

Je la regardai alors, elle était belle. Elle avait l’air changé depuis l’Australie. Moins perdue? Peut-etre, du moins elle essayait de le faire paraitre. Lui demander de me raconter ce qui se passait dans sa vie? Non. Elle ne me parlerait pas, si elle le voulait elle m’en parlerait de son plein gré. Et puis on s’était plus vu depuis tant d’années, on s’était quitté si bizarrement, que rien que cette conversation me paraissait folle. Imaginaire.

Ces paroles retombèrent dans la pièce, mes lèvres se posèrent sur les siennes, un frisson me parcourut le corps, cela paraissait bateau et pourtant. A mon grand étonnement, soulagement, elle le prolongea. Il n’y avait plus que nous deux. Bordel. Les idées se bousculèrent dans ma tête, le baiser s’intensifia. Son odeur m'enivra. Puis elle se retira.
Je tremblais. Ridicule. «Je ne veux que toi.» Oh mon dieu. C’était sorti tout seul, sans prévenir, sans crier garde. Elle allait prendre peur, me prendre pour un fou. Cela faisait 4 ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Pitoyable.
«Oublie ce que j’ai dit, c’est débile.» C’était le mot, quelle idée m’était passée par la tête.

Je m'adossai au lavabo.Je faisais peu de gaffes, mais aujourd’hui j’en faisais des centaines. Pires les unes que les autres. Si le baiser, elle ne l’avait pas refuser, elle allait bien se moquer de moi, et elle avait de quoi.
Je tenais cela de ma mère, elle parlait aussi trop vite, elle gaffait les surprises qu’elle allait faire à mon père, elle gaffait à longueur de journées. C’était son charme.
Sur moi je trouvais cela bien moins charmant, simplement triste. Pourquoi n’ai-je toujours pas tourné la page? Comment se faisait-il qu’elle avait encore et toujours tant d'effets sur moi...
Elle m’avait manqué, chaque jour depuis 4 ans. C’était donc cela le vide que j’avais.
Mais enfin. C’était n’importe quoi. Une pure invention parce que ce baiser m’avait plu.

©biscotte

Il n'avait pas compris. Je ne m'excusais pas, mon histoire avec Nico je l'avais voulue. Parce que pour moi, ma relation avec lui était finie, je ne pensais jamais le revoir. Donc au bout de quelques temps, j'avais continué d'avancer. C'était normal, logique, c'était la vie. On ne s'arrêtait pas de vivre parce qu'une personne que vous avez aimée, vous quitte, si? En fait, je ne sais plus. Je n'ai jamais été douée pour les histoires d'amour passionnel. Je fais souvent des gaffes et comme on vient de le voir par mes paroles, je ne sais jamais m'expliquer correctement sur mes choix et mes attentes. Là, dans l'impulsion du moment, il avait réduit l'écart entre nos deux corps, il avait posé ses lèvres sur le miennes. Tout ce dont j'avais eu envie ensuite était de lui répondre, de lui céder. C'était comme si j'étais attirée comme un aimant vers ce passé trouble qui nous avait réunis tout les deux. J'avais mis fin au baiser, non pas parce que je regrettais mon geste, loin de là, mais parce que j'étais en proie au doute. Où tout cela allait nous mener tous les deux? "Je ne veux que toi" me lâcha-t'-il. Sur le moment ça me fit frémir, j'eus l'impression que mes jambes allaient céder sous le poids de mon corps. Puis il se reprit, en me disant d'oublier, que c'était débile. En fait, il semblait aussi perdu que moi. Je le comprenais, c'était tellement compliqué tout ça. Je le regardais s'adosser au lavabo. Je me questionnais, pourquoi le rendais-je si vulnérable. Pourquoi moi? Je n'avais rien de bien particulier dans le fond.

Il venait de mettre une nouvelle distance entre nous. Il semblait vulnérable, j'aurai pu profiter de cette situation, en jouer à la mode "iota" ce que tous pensais de nous sur le campus. Sauf que jamais je ne profiterais du trouble de quelqu'un pour jouer un putain de jeu. Et surtout pas avec lui. Il avait beaucoup compté pour moi, plus qu'il ne semblait se l'imaginer. Le peu de temps que nous avions passé ensemble, jamais je ne m'étais sentie aussi vivante que pendant ces jours-là. Je me rapprochai alors de lui, posant délicatement ma main sur son épaule.

Pacey... Oui c'est débile. Ce que tu viens de dire est débile. C'est juste compliqué, pas débile. En fait, je ne savais que dire exactement. J'étais troublée mais je ne regrettais pas qu'il m'ait embrassé, autrement je me serais écartée vivement, je l'aurai clairement repoussé. Je ne l'avais pas fait, je m'étais sentie une nouvelle fois différente, bien que vraiment troublée. J'avais peur d'ajouter quelque chose, d'enfoncer le clou. Je ne savais pas si j'avais encore des sentiments pour lui. J'étais pour le moment trop déstabilisée pour seulement y penser. Mais je savais une chose, je ne voulais pas qu'il m'ignore, je ne voulais pas qu'il m'évite. Je voulais de sa présence, refaire connaissance peut-être, parce qu'en quatre ans on change forcément un peu.

Allez, ne sois pas bête. Laisse-moi m'amender pour ce café renversé. J'ai fini mon service dans cinq minutes. Je le mettrai à laver et on pourra essayer de discuter un peu non? Il n'allait peut-être pas accepter. Peut-être que malgré tout, il m'en voulait beaucoup trop même s'il tentait de me dire qu'il ne souhaitait plus m'éviter. Pourtant, j'avais envie de tenter de lui reparler. Je ne savais pas dans quelle optique mais je n'étais plus du genre à prendre la fuite à la moindre petite difficulté.