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 Le loup crie à la lune. (Esteban)

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MessageSujet: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyDim 15 Juil - 20:10

Le loup crie à la lune. (Esteban)  Tumblr_m5brxwEfBL1qd54da

Personne ne rendra les armes ce soir. Mais je ne céderai pas. Je sais ce que je veux.

Allez Sara, fait pas la dinde comme ça! Viens ça va être marrant... Elle insistait lourdement. Depuis le début de l'après-midi, Mia s'était mis dans l'idée de me tirer à cette petite sauterie donnée dans le quartier des Lambs. Nan, laisse tomber j'ai pas envie de sortir ce soir. J'étais bornée, me faire changer d'avis était un vrai challenge, mais Mia n'était pas du genre à lâcher aussi facilement. Tu vas finir vieille fille entourée de dix chats si tu continues comme ça Sara! J'ouvris des yeux ronds, mes épaules s'affaissèrent ensuite. Elle venait de toucher ma susceptibilité. J'allais me refermer comme une huître. C'est vache, ça. J'avais murmuré presque imperceptiblement. Les taquineries ça allait un temps, mais à force ça irritait. J'aimais bien Mia, seulement parfois elle arrivait à me taper sur le système. Comme si sortir dans une soirée d'étudiants servait forcément à faire des rencontres. Je me levai de mon lit, j'étais tendue. Je tournai ma langue dans ma bouche en me retenant de ne pas lui lancer une pique. Contrairement à elle, je n'aimais pas blesser les autres. Mais ça m'arrivait, parfois je laissais tomber ma gentillesse pour rétorquer une phrase bien cinglante. Mais pas ce soir, non!

Désolée, je voulais... je dis ça pour ton bien. Oui, oui cause toujours, c'est joli de s'excuser après la bataille. Je ne lui en voulais pas vraiment, elle n'avait pas tord. Depuis quelques semaines, je me renfermais un peu trop. C'est pas faute d'essayer, c'est juste que je suis dans une mauvaise période. Je n'en parle à personne, peu de personnes sont réellement au courant de mon passé. Ma jumelle, l'incident, ma blessure, la mort. J'en parle pas. Même June ne le sait pas. Hier, c'était la date commémorative. Cette année, je suis loin de l'Irlande. Mes pensées sont absentes de cette chambre, c'est pour ça que je n'ai pas envie d'y aller à cette satanée fête. Je relève le regard pour le poser sur le visage de mon amie, elle semble perturbée peut-être plus que moi. Je me détends alors en lui tendant un sourire. Pas grave, c'est bon je vais me changer. Elle a gagné, je vais l'accompagner... J'ai cédé numéro un.

Je sors de la salle de bain, une petite robe noire sur le dos. C'est simple, mais ça s'accorde très bien à tant d'occasions. C'est bon, je ne vais pas me compliquer plus la vie. Elle me tire par la main, heureuse d'avoir plaidé sa cause avec verve. Une demie-heure plus tard on se retrouve dans une cohue monstre. La musique bat à tout rompre c'est à peine si on peut discuter de quelque chose. Mia m'a déjà plantée sur place, allant saluer à droite et à gauche pendant que je me contente d'adresser des sourires polis autour de moi. Je ne me sens pas à ma place. Pas ce soir. Elle m'adresse un coucou de la main avant de s'enfoncer dans la masse de monde au bras de son petit ami. Voilà, je savais que je n'aurai pas dû venir. Je savais comment ça se passerais, c'est toujours pareil avec elle. Je vais au bar me prendre un verre de punch ou je ne sais pas trop ce que c'est, ça y ressemble et je sors dans le petit jardin à l'arrière. Un banc, pas trop de monde, c'est parfait. Je m'assois. Je lâche un énorme soupir, les yeux braqués sur l'intérieur de la salle. Je ne sais pas m'amuser, voilà ce qu'elle me dirait la petite brune. C'est faux, je sais m'amuser quand je l'ai décidé.

Un couple d'amis vient de sortir, ils viennent me faire la bise, taper la discussion. Je ris, je souris oui, je parle. La pression ressentie en arrivant s'envole un peu. Je me sens plus à l'aise ou peut-être que c'est ce verre qui y contribue? J'ai un peu chaud mais la brise me fait du bien. Ils repartent, ils m'ont demandé si je voulais les accompagner. J'ai refusé poliment. Je sors mon portable de mon petit sac, un texto vient d'arriver. C'est James, je ne suis pas étonnée, il m'en envoie tout les soirs.

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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyLun 16 Juil - 20:55


Le loup crie à la lune.


Mike Tompkins - Dynamite


Le verre ballota, laissant un flot de bière s’esquiver gracieusement jusqu’à finir sur le sol de la pièce, glissante à souhait. « Putain, fais gaffe avec ton verre ! » Irrespectueux, je l’étais assez souvent avec les autres étudiants de l’université. Là, c’est Williams qui venait de subir un assaut de ma part alors qu’il était bien plus carré qu’un rugbyman. Il savait néanmoins que je n’étais pas du genre à enflammer les choses et bien qu’assez tranchant, je n’avais aucune mauvaise idée à son encontre. Le fait est que je relevais à chaque fois ce contraste étonnant. Avec les mecs, ce n’était pas la même chose qu’avec les filles, qui ne voyait jamais le mauvais côté de ce Derrenshaw là. Galant, preux chevalier… Mais surtout malin et sournois, je faisais preuve de plus de bon sens. « ‘Scuse…. Belle blonde à deux heures les gars. » Et inévitablement, tous nos regards se sont portés vers elle.

« C’est qui ? L’un de vous la connait ? » Demandai-je au groupe. Les hochements négatifs de tête et borborygmes incompréhensible suffirent à m’apporter une réponse claire et concise. Tant pis, je n’allais pas changer le court des choses parce qu’une des filles m’étaient inconnu. Bien au contraire, j’étais plutôt content pour elle car aucun de mes amis ne la connaissait. A croire qu’elle ne passait pas énormément de temps le nez dehors. Ou alors, elle sortait mais dans des endroits bien différents de cette soirée somme toute assez banale. « Nop’. Mais ça peut devenir marrant. 10 $ de côté par jour jusqu’à ce qu’on arrive à se la taper. Partant ? » « J’te suis. » « Idem. » « Pareil. » Les fumiers. Ils avaient toujours plus d’une idée en tête. Et comme d’habitude, j’ai été le dernier à me décider. « Bon d’accord. Mais pas de coup foireux. » On alors retourner à une discussion plus simple. Musique sans réelle piste de danse, alcool dans tous les coins, groupe de personne plutôt qu’une masse compacte. Non, c’était rien de plus qu’une simple soirée. Rien à voir avec les mégafiestas que les fraternités mettaient sur pied. « Bon… Je vais faire un tour. Amusez-vous bien et surtout, pas de conneries en mon absence. »

Je n’ai pas perdu de temps et je n’avais plus rien en tête que de faire grimper mon capital sympathie parmi cette bande de lambda. Je n’allais pas devenir le meilleur pote d’un de ces mecs, ni l’amant d’une de ces filles, c’était certain. Mais il fallait quelquefois se montrer sous son meilleur jour afin de voir sa réputation augmentée de manière gentillette. Qui sait, ça pourrait me servir si j’envisage un jour de me présenter à la présidence d’une fraternité. Alors oui, je serre des mains. Je tape la discute avec les gens et de façon assez facile. Je ris à des blagues pas drôles. Je complimente sur une robe immonde. Mais il y a des limites. La dernière fille a en avoir fait les frais est une jeune première année ingrate et peu gâtée par la nature. « Ma robe est nouvelle. Je l’ai acheté spécialement pour cette soirée ! Tu la trouves comment ? » Après un coup d’œil à la demoiselle, troisième verre de coca à la main, je me suis laissé aller. De toute manière, j’étais seul avec elle et il me semblait qu’elle attendait autre chose de moi qu’un simple compliment. Alors j’ai répondu, comme un gros con. « Du moment qu’on regarde autre chose que ta tête… »

Bien vite, j’ai quitté les lieux. Plus question de jouer les bons samaritains si c’était pour me retrouver en tête à tête avec des pimbêches ne souhaitant qu’une chose : s’éclater et se montrer avec un étudiant plus âgé. Alors je suis sorti dans la cour afin de prendre l’air, toujours verre en main. Et j’ai été surpris de voir que c’était si calme en comparaison à l’intérieur. Visiblement, personne n’avait envie de sortir. C’était dommage, l’endroit était plus plaisant. Avec un regard sur l’ensemble du jardin, je me suis bien vite rendu compte que je n’étais pas le seul. La blonde, objet du pari, s’y trouvait également. Portable à la main, ce n’était visiblement pas une bonne soirée pour elle. Par contre, c’était un bon moment pour moi. « Pas génial comme soirée n’est-ce pas ? L’ambiance est là, mais il manque … quelque chose je trouve. » Je ne me suis pas approché d’elle, j’ai préféré la jouer détacher. J’ai bu une gorgée de coca avant de poser mon regard sur elle. « Oh, je suis désolé. Tu voulais peut-être rester seule. Je peux te laisser si tu veux ? » Mon pouce a indiqué l’intérieur du bâtiment, tandis que mes yeux se firent rond, sourcils légèrement rehaussés, comme si j’étais inquiet. Acte I, lui faire prendre conscience qu’elle me voulait dans ses environs immédiat.
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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyMar 17 Juil - 13:47

Mes doigts glissaient sur le petit écran tactile à la vitesse de l'éclair. Il venait s'enquérir de ce que je faisais. James était très protecteur avec moi, il avait cru me perdre moi aussi à l'époque. Maintenant, il redoublait de prudence veillant sur la dernière chose précieuse enfin personne qu'il avait. J'étais sa benjamine après tout. J'étais tellement ailleurs, perdue dans mes pensées, que je n'avais pas entendu que quelqu'un s'était approché ostensiblement de moi. Pas de manière abrupte, presque trop discret d'ailleurs. Ce ne fut que lorsque j'entendis sa voix que je relevais légèrement mon regard. Je n'étais même pas certaine que cette question s'adressait à moi. Je remarquai un jeune homme, il m'était inconnu. J'esquissais quelques regards à la ronde, mais oui j'étais bien seule. Il s'adressait à moi. Nul doute, à moins qu'il n'ait décidé de parler à la chouette qui semblait s'être nichée sur l'une des branches de cet arbre derrière moi. Ce serait assez hallucinant que ce soit le cas.

Pardon? Euh, la soirée? Oui enfin c'est une soirée tout ce qu'il y a de typique. Banale, comme toute les soirées d'étudiants. Il y avait toujours les même choses. Ceux qui viennent pour se faire voir ou valoir, ceux qui viennent en couple, ceux qui cherche à s'embarquer une fille pour la soirée. Ma réponse n'était pas des plus géniale, mais j'avais été prise au dépourvu. Je n'aime pas être abordée par des inconnus, j'ai tendance à me refermer comme une petite huître. Petite histoire de méfiance et surtout de mélange de crainte. Il me proposa de me laisser tranquille, de rentrer, je n'avais peut-être rien à craindre après tout. Mon regard circonspect fit un rapide état de lieux. Il ne ressemblait pas vraiment à l'un de ses playboys qui draguent tout ce que bouge. Propre sur lui, un visage assez doux, pas vraiment le plus beau garçon de l'université. Pas vraiment l'air d'un sportif non plus. Je regarde dans la direction que son pouce m'indique et j'esquisse un léger sourire. Je fis non de la tête, d'un mouvement léger et presque imperceptible sauf pour un regard aguerri.

L'endroit est à tout le monde. Puis je ne voudrais pas t'obliger à vider les lieux pour subir la torture de cette petite sauterie. Mon regard vint se reposer sur le jeune homme. Il ne semblait pas apprécier la soirée plus que moi. S'il était sortit, c'était pour trouver un endroit calme. Cet endroit l'était et je n'en avais pas la primeur. Je devais paraître assez rigide, mes réponses ne se contentaient que de servir à répondre justement. Je ne faisais pas vraiment preuve d'une conversation bien fournie, mais j'étais un peu du genre timorée et ce n'était pas ce soir que ça allait changer. Toutefois, je remarquai que j'avais fais abstraction de l'une de ses remarques, qui pourtant avait finement piqué ma curiosité. Je rangeai mon portable dans mon sac alors que celui-ci se mettait à sonner. Je pris la décision de ne pas répondre à l'appel. Au bout de trois sonneries, il se tût.

Il manque quoi? La question me taraudait l'esprit. Je me demandais ce que l'on pourrait bien ajouter de plus à ce genre de fête qui puisse la rendre moins banale, plus innovante? Un nouveau message arriva, cette fois de mon meilleur ami. Je pris mon portable et observa d'un regard distrait le texto. Il me demandait si j'étais seule et si je voulais qu'il passe me reprendre. Il me connaissait bien, trop bien. Je ne répondis pas me contentant d'éteindre mon portable cette fois-ci. Pour une fois, j'allais me débrouiller toute seule comme une grande et par mes propres moyens.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyMer 18 Juil - 22:35


Le loup crie à la lune.


Déranger les autres, ce n’était pas une mince affaire. Il fallait juger le contexte, observer les lieux pour savoir si quelqu’un allait se ramener pour finalement, se révéler être le compagnon de la personne ciblée. Sara semblait seule. Trop même. Peut-être qu’elle n’était là que pour quelques instants. Peut-être qu’elle attendait quelqu’un. C’est avec ce genre de question qu’on rate l’occasion de faire une rencontre et je n’avais pas du tout l’intention de laisser passer la mienne. Alors j’ai jaugé la situation.

Portable en main, solitude pesant sur ses épaules, regard perdu sur le petit écran lumineux. Impossible qu’elle soit en attente de quelqu’un, les signes d’une fille ayant l’habitude d’être entourée n’étaient pas présents. Les feux étaient donc verts pour l’aborder. Restait à le faire au moment le plus opportun. Sauf que je m’étais vite rendu compte qu’elle ne levait pas les yeux de son appareil. Dommage, j’allais être intrusif. Cela serait probablement un mauvais point, car lorsqu’une fille était dérangée dans son action, elle se sentait immédiatement menacée. Un peu comme une proie qui pressentait la présence d’un nuisible. C’était l’idée. Pas la bonne pour mon action, certes, mais c’était probablement ce qui se passerait. Tant pis.

Le regard dressé vers la lune, j’observai la réaction de la belle blonde du coin de l’œil. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, elle examinait à son tour la situation. Oui, c’est bien à toi que je m’adresse, jolie demoiselle. Point intéressant : elle ne s’attendait pas à ce qu’un individu ne lui adresse la parole. Mieux, elle n’était peut-être pas habituée à ce qu’un étudiant aille à son encontre ? J’espérai que c’était le cas, car ça jouerait en ma faveur. Et elle réagit. Victoire. La belle blonde réplique. Le seul souci, c’est que ses premières paroles ne prêtent pas à poursuivre la discussion. Par conséquent, j’imagine que la rencontre peut parfaitement se stopper ici. Cela serait gênant, mais pas synonyme de défaite. J’imaginai déjà les futures face à face avec elle, à la bibliothèque, dans les couloirs… Jamais je n’abandonnerai un défi. Même si cette blonde me signale vouloir rester seule, même une de ses amies arrive, ça ne m’arrêterai pas. Rien ne m’arrêtait jamais.

Je n’étais pas le plus carré, le plus musclé des étudiants, ni même le plus intelligent d’entre eux. La seule chose que j’avais pour moi, c’était ce côté sournois et espiègle qui était apparu il y a quelques années. J’obtenais généralement ce que je voulais. Ma gueule d’ange y était pour beaucoup, mes paroles et mes gestes faisaient le reste. Le fait de pouvoir quitter les lieux sur un simple mot de la blonde l’avait surement persuadé que j’étais « banal ». « C’est sympa… » Sonnerie. Suivie d’une autre. Et encore une autre. Finalement, son téléphone serait peut-être mon pire ennemi ce soir. Je joue le jeu du mec déstabilisé, ma main venant masser l’arrière de mon crâne, regard au sol. Fin du dérangement, nouvelle parole de la blonde. Je m’apprête à lui répondre, bouche ouverte, quand elle détourne à nouveau les yeux vers son téléphone. Chier.

Quelques pas dans le jardin, je me retrouve vite au beau milieu. « Sure ? Je ne veux vraiment pas te déranger. Ce n’est pas grave si tu préfères rester seule… » J’appuie sur ce dernier mot. Je pose le verre de coca sur une des tables avant de placé les mains dans les poches. J’attends, le regard ailleurs, que Sara conclue une bonne fois pour toute avec son téléphone. Et quand c’est le cas, j’accorde enfin une réponse convenable. « Il manque une chose existentielle à cette soirée : l’originalité. Ce petit grain de folie qui permet à tout le monde de se sentir à l’aise et de ne pas oublier les étudiants qui tôt ou tard, finissent dans le jardin, à se faire ennuyer par des gars comme moi. » Sourire à demi-amusée, un pas vers elle. « Je m’appelle Esteban. » Et ça, ce n’est pas un mensonge. C’était même la vérité du moment, sincère, qui allait peut-être me permettre d’entrer dans le cercle relationnel de la demoiselle. En admettant bien sûr, qu’elle était là pour se faire des amis et non pour rester seule toute la nuit.

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyJeu 19 Juil - 11:26

Je ne voulais pas y venir à cette fichue fête, pas ce soir. Pourquoi étais-je si faible. Je ne sais pas dire non, c'est un fait. Je ne dis pas oui à tout non plus, mais généralement je n'ai pas énormément de combativité face à mes proches. Pourtant je savais qu'elle allait me fausser compagnie à la première occasion. J'avais à présent éteint mon portable. Ce n'était pas très poli quand on vous adressait la parole. Pourtant, ce jeune homme était un inconnu, je n'aurais pas dû me tracasser de paraître impolie. Je suis trop lisse et prévisible.
Mes yeux se relèvent vers le jeune homme, je lui adresse un sourire et j'opine de la tête. Dire que je n'ai pas l'habitude d'être abordée serait un mensonge. Je le suis souvent sauf que je tourne très souvent les talons, cela dépend de la manière dont c'est fait. Ici le jeune homme ne me semblait pas trop direct, pas même intéressé comme certain. Peut-être que pour une fois, je n'avais pas besoin d'être sur la défensive. J'essayai de corriger ce petit détail chez moi, c'était peut-être l'occasion.

Oui, certaine. C'est juste ma super copine qui m'a faussé compagnie à la première occasion. Je le savais pourtant et j'ai dis oui tout de même. Je ne voyais pas pourquoi je venais de lui dire ça. Cela ne devait même pas l'intéresser, la raison pour laquelle j'étais seule dans ce jardin alors que tout les autres semblaient s'amuser à l'intérieur. J'aimais bien ce genre de fête, c'était juste que très vite j'avais l'impression d'étouffer dans les endroits trop bondés. J'évitais aussi les centres commerciaux maintenant. J'y mettais rarement les pieds, uniquement quand j'avais réellement besoin de me racheter une garde-robe.

Je ne pu retenir le petit rire que je laissais échapper quand le jeune homme répondit à ma question. Au moins, il avait comprit immédiatement celle-ci bien que je l'eusse prononcée avec un temps de retard. Et sa réponse m'avait réellement surprise, agréablement surprise même, il semblait avoir de l'esprit et ne pas se prendre trop au sérieux. Il n'était pas en train de me servir un plan drague vaseux comme certains.
Tu ne m'ennuies pas du tout, je pourrais même te remercier de me sortir de l'ennui. Franchise oblige, je commençai vraiment à trouver le temps long. J'aurai du essayer de dépasser ces barrières et profiter de la soirée comme les autres. Au lieu de ça, je restais plantée dans un jardin vide, comme une idiote à répondre à des textos. Cette mauvaise expérience commençait vraiment à devenir un handicap pour moi. James me répétait sans arrêt qu'il était grand temps de laisser tout ça derrière moi. Qu'il fallait que je continue à vivre, que je n'étais pas restée allongée dans un lit en Irlande et que le boulot n'allait pas résoudre tous les problèmes. Il avait raison, je ne pouvais pas craindre toute ma vie une nouvelle hécatombe.

Il fit un pas vers moi, si j'avais été debout j'aurai peut-être fait un pas en arrière. J'étais assise, je ne pouvais pas alors au lieu de ça, je me levai et lui tendit la main pour le saluer. Réaction étrange ou tentative de laisser une certaine distance entre lui et moi, par cette main tendue.
Sara, enchantée. Il avait réussi. Réussi à me faire sourire depuis les cinq minutes qui s'étaient écoulées depuis qu'il était arrivé. Un exploit, certainement. J'ai cédé numéro deux, je lui tape la discussion.
Et toi? Pourquoi tu n'es pas en train de t'amuser comme les autres à l'intérieur, on t'as planté aussi ou alors tu la trouves vraiment si ennuyeuse cette soirée? Je ne savais trop quoi dire pour faire la conversation. Avec mes amis, c'était mon percutant qu'ici dans le cas présent. Une question, alors qu'en réalité s'était une autre qui m'effleura l'esprit. Des gars comme toi. Et c'est quoi un gars comme toi. Mais je ne la poserais pas, cela aurait été bien trop étrange. Puis, elle tenait la route ma question, quand on y regardait bien cette fête n'était pas si nulle que ça. Il y avait tous les ingrédients pour s'amuser, de la bonne musique, à boire, à manger, des jeux débiles comme dans toutes les sauteries entre jeunes. Si ne ne m'amusais pas moi, c'était uniquement parce que dès le début je n'avais pas envie de venir.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptySam 21 Juil - 20:45


Le loup crie à la lune.


Le rôle du petit être candide que j’avais choisi de jouer m’allait à merveille. J’avais la panoplie complète du jeune homme qui, d’un seul regard, attirait la compassion. Des années auparavant, c’était ma façon d’être. Garçon calme, croquant la vie à pleine dent, respectueux des valeurs acquises auprès de ma famille, aujourd’hui était une bien toute autre affaire. La preuve, ce pari stupide auquel je m’étais plié venait de faire ressortir cette apparence d’homme de bonne condition. J’étais délicat dans mon approche et respectueux de l’espace vital de la blondinette. Et pourtant, je me fichais complètement de son état d’esprit. Pire. Je n’avais pas de compassion pour ce qui pourrait éventuellement la tracasser ou sur ses émotions du moment. Le fait qu’elle trouve la fête typique et ennuyeuse, ne me faisait aucun effet.

Néanmoins, j’appréciai la scène de cette rencontre comme n’importe quelle autre, avec ou sans défi idiot. Celui-ci ne traversait déjà plus les recoins de ma cervelle, j’étais bien trop pris dans l’observation des moindres traits et esquisses de la belle blonde. Je m’étais approché d’elle tout en finesse, lui laissant le soin de bien jauger mon allure, mon comportement et mes paroles. Un sourire sincère se dessina même sur mes lèvres lorsqu’elle répondit ne pas être gênée par mon approche. Mieux encore, elle me remerciait presque de venir lui tenir compagnie. Dire que j’imaginai ça plus difficile. Pour le moment, c’était du gâteau car les rouages s’enchainaient les uns après les autres. Parfait. « C’est réciproque. Je ne me voyais pas rester à siroter des coca-lights seul dans le coin d’une pièce. » La gratifiant d’un remerciement déguisé, j’ai finalement réussi à obtenir plus d’information sur ma nouvelle partenaire de jeu. Oui, la scène de rencontre m’apparaissait comme telle. C’était toujours plaisant de voir une nouveauté, un peu comme un cadeau de noël qui n’était pas emballé.

Sara. La belle inconnue blonde possédait un prénom qui lui allait comme un gant. Elle se leva, me permettant nettement de remarquer qu’elle n’était pas du tout comme la majorité des étudiantes. Elle ne paraissait pas suivre de régime draconien pour garder une taille de moustique. Au contraire, en observant rapidement sa taille et ses formes du coin de l’œil, j’en déduisais qu’elle aimait la simplicité. Plaire sans faire trop d’effort, c’est probablement ainsi qu’elle fonctionne – si tant est qu’elle ait cette envie.

Je suis enchanté de même très chère étudiante ! Cette phrase aguicheuse aurait surement été la pire des choses possibles à répliquer. Dieu seul sait qu’à Brown, les jeunes hommes agissent comme de piètres séducteurs. Des répliques de bas étages, des regards affamés… Cela me révulsait et me rendait honteux d’avoir le même sexe que ces étudiants. Pourtant, ces médiocres amateurs me permettaient d’être perçu, sur une échelle de 1 à 10, bien au-dessus de la moyenne. Peut-être même d’être quelqu’un de bien. De prime abord, évidemment. « C’est une bonne question. Je n’en sais trop rien à vrai dire. Je suis venu avec un groupe d’ami, nous avons discutez et… me voilà. » Nous avons parlez de toi, Sara. Mais c’était un petit secret que je ne pouvais évidemment pas révéler. J’avais déjà une idée de ce que j’allais dire pour entamer la suite de la conversation. Mais je n’allais pas le faire immédiatement.

Je me suis massé la nuque, embarrassé de ne pas apporter de réponse bien concrète à la question de Sara. De plus, j’étais toujours au contact de sa main, plus fraiche que la mienne sans doute parce qu’elle était dehors depuis plus longtemps que moi. Alors je me suis détaché pour ne pas paraitre collant, puis me suis rapproché d’une table non loin pour m’assoir dessus. « Ce que je trouve bien dans ce genre de soirée, c’est qu’il est possible de faire de belles rencontres. » Nouveau sourire bienveillant. J’avais une expression qui ne trahissait aucune arrière-pensée. Alors que j’étais surement le plus machiavélique des étudiants dans cette soirée. Un soupçon de fragilité ne pourrait qu’améliorer cette image du jeune homme sympathique. « Enfin, je dis ça, mais je n’ai pas envie qu’un petit-ami jaloux ne débarque pour me défigurer… Bref, tu fais partie des Lambs ou tu es dans une sororité ? »

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyDim 22 Juil - 12:39

Il ne se voyait pas seul. Moi, être seule ne me pèse pas. Un peu parfois, mais j'aime être au calme, ça me permet de réfléchir sur certaines choses La compagnie, c'est bien aussi. Pour le moment, la sienne je l'apprécie. Il n'est pas intempestif, il est calme. Doux. C'est apaisant, comme cet endroit. Je ne tire pas encore aux conclusions, ça ne fait que cinq ou six minutes qu'il me parle. Je ne le connais pas, il faut énormément de temps pour connaître une personne. On ne se fie pas aux airs. Ce n'est pas concret. Esteban. Un nom à consonance latine. Il ne semble pourtant pas typé plus que cela. Mais les parents ne suivent pas toujours la logique en choisissant les prénoms de leurs enfants. Le mien n'est pas totalement Irlandais non plus. Nos mains sont toujours en contact, une distance bienvenue. La proximité m'est souvent difficile. Nos mains retombent alors qu'il me répond. Il n'a pas de réelle raison, moi je n'ai pas réellement avoué celle qui m'a conduite ici. Cinq minutes, on ne va pas en venir aux confidences. Et le voilà. J'ai un petit sourire en coin. Oui le voilà, mais nous ne sommes pas seuls. Je lève un index vers le ciel, du moins ça en a tout l'air. Geste un peu étrange et décalé dans cette petite scène. C'est vrai, les soirées sont souvent faites pour faire des rencontres. Certaines finissent en flirt, d'autres en relation d'un soir et certaines débouchent sur des amitiés. D'autres retombent dans l'oubli le jour d'après...

Tu sais on nous observe. C'est bon, là il va me trouver bizarre. Il va me prendre pour une folle, mais je ne fais que plaisanter. Comme pour donner écho à mes paroles, une hululement se fait entendre. On pourrait l'assimiler au loup de la lune, mais ce n'est que la vieille chouette de la branche. Elle me tient compagnie depuis toute à l'heure, mais elle n'est pas vraiment bavarde. On fait de belles rencontres, oui. Je ris, je dois vraiment avoir l'air idiote, mais ça ne me gène pas plus que ça. Je continue de sourire parce que je me sens détendue. Je suis bien là dans cet endroit. Avec lui, elle, il n'y a pas trop de monde. Leurs présence me sont douces, mais je reste méfiante. Je le suis du regard, c'est dur de rester en place. Je me rassied sur le banc. Je ris une nouvelle fois en l'entendant. Un petit ami pour le défigurer. Je trouve la remarque marrante. Je n'en ai pas actuellement, même si j'en avais un, j'espère qu'il ne serait pas aussi idiot pour sauter à la figure du premier venu qui m'adresserait la parole. La confiance est importante quand on aime une personne. Je secoue la tête, il me fait rire. J'aime bien rire, il a un petit côté humour que les filles apprécient en général. Moi, y compris. Je suis une fille comme les autres.

Lambda Thêta Phi, pour te servir. Une réponse, un peu décalée certes. Je ne sers personne c'est juste une simple expression. Je ne lui retourne pas la question, ce serait tellement banal. Mais j'en ai une autre, une qui m'intéresse un peu plus.
Esteban, ça vient de tes origines? Moi je suis Irlandaise de pure souche. En même temps, je n'avais peut-être pas besoin de le préciser. Parfois les gens me disaient que mon accent à couper au couteau trahissait que je n'étais pas une Américaine. C'est vrai, il est assez prononcé surtout quand je m'emballe un peu et que je suis énervée aussi. Il est moins accentué quand je parle posément comme maintenant. Alors peut-être qu'il ne l'a pas remarqué. J'ai soif, j'irai bien reprendre un verre, mais ce ne serait peut-être pas judicieux. Le précédent m'a déjà fait monter le feu aux joues. Je n'ai pas l'habitude de boire et quand je le fais ça ne me réussit généralement pas. Je me ravise et ne bouge pas de ma place. Heureusement que je n'ai pas pris le volant ce soir. Par contre, je suis en train de me rendre compte que si je ne retrouve pas Mia, il va falloir que je rentre à pieds. Ce n'est pas grave, marcher me fera prendre l'air un peu plus longtemps.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyMar 24 Juil - 12:42


Le loup crie à la lune.


Les plus intéressantes rencontres se font lorsque l’on s’y attend le moins. J’avais rencontré la plus extraordinaire des personnes en m’achetant de la nourriture chinoise à emporter. C’est purement et simplement ringard, mais ces deux filles identiques avaient depuis ce jour, fait partie intégrante de ma vie. Si aujourd’hui elles n’étaient plus dans mon entourage, ça ne m’empêchait pas d’avoir de temps à autre l’impression de les croiser à un coin de rue, au supermarché ou même à l’université. Mais je me rendais bien vite compte que c’était mon cerveau qui me jouait des tours. Le restaurant chinois était bien loin. La fête actuelle elle, était bien concrète. Et cette Sara, objet d’un pari grotesque, était bien présente.

Mes pieds se sont machinalement croisés, suspendus à quelques centimètres du sol. De part et d’autres de mes genoux, je me retenais le buste en agrippant le rebord de la table. Là où les Dom Juan auraient tout fait pour être proche de la blonde, là où les plus timides garderaient les yeux rivés au sol, je me démarquais en montrant qu’une certaine distance ne me dérangeait pas. Mon regard rivé sur le sien, elle m’avait acceptée dans ses environs. Dès lors, impossible de m’en aller. Ou peut-être plus tard. Mais pas avant la fin de la discussion, c’est certain.

« Qui ça ? » Haussant les sourcils, j’ai levé les yeux vers les étoiles pour suivre l’index de la belle. Sur le coup, je n’ai pas vraiment compris. Ce n’est qu’au cri de la chouette et aux paroles de l’étudiante, riante, que j’ai à mon tour ris avec légèreté. Non, c’n’est pas tellement marrant. C’est même assez … Quel serait le bon mot ? Etrange, me parait le plus approprié. Et ça ne lui enlève en rien son charme. Impossible de répondre quelque chose à cela, je ne fais que garder un sourire amusé par son comportement. Elle est plaisante. Le défi en vaut la peine en fin de compte.

Une Lambda ? Voilà qui est intéressant. Des quatre types d’étudiantes présentes sur le campus, elle figurait parmi la plus sympathique à mes yeux. Certes les Iotas ont leur point fort – surtout pour leur entrain à séduire – et les Sigmas ont redoutables athlètes. Les Lambda sont plus malines que les autres et ça, c’est non-négligeable quand on cherche un challenge à sa hauteur. Nous verrons bien si Sara est de taille à résister à cet intellect sournois qui me trotte là-haut. Ma fraternité ne semble pas l’intéresser outre mesure. Et je n’allais pas lui répondre de moi-même. Elle le découvrira lorsqu’elle en aura envie. Aussi je me penche en avant, posant mes coudes sur les cuisses pour imager une approche physique tendant vers Sara. « Ah, j’ai toujours apprécié l’Irlande. Ils ont une culture très intéressante là-bas. C’est surement de là que provient ton charme. *Chier, faux-pas. Tu crains Shaw ! Vite, enchaine !*. Non, ça n’a rien à voir avec mes origines. Je suis britannique. J’ai vécu à Londres jusqu’à mes dix-huit ans. Et… »

J’ai laissé un léger silence s’installer, suspens qui l’intéresserait probablement si elle se révèle curieuse. Allez, rajoutes-en une couche Esteban, ça va forcément être bénéfique. « Disons qu’Esteban est mon second prénom. Je préfère l’utiliser, car le premier est… hum, disons… » Ringard. Dépassé. Vieillot. C’était le cas. Edgar, ce n’est pas donner à tout le monde. Il ne me dérange pas, parce qu’il me va bien. Le problème, c’est que mon père s’appelle également Edgar. Et mon père, c’est sujet tabou. Je ne le révèlerai pas à Sara, c’est certain. Donc un changement de sujet, pensant fortement qu’elle s’y attarderait quand même. « Heureusement que je n’ai pas bu d’alcool. Je deviens pire qu’une fille quand j’en bois… Pas d’offense hein… » J’ai levé les paumes de main vers elle, comme pour me protéger d’un éventuel regard noir sur ce préjugé. Souriant largement, je montrais deux choses : l’alcool me déliera surement la langue – mais si je bois, elle en fera autant ; je devenais taquin en touchant à l’égo féminin. On verra bien ce que ça donne.


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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyMar 24 Juil - 16:57

Au moins avais-je le mérite de lui avoir soutiré un sourire. Il m'arrivait parfois de sortir des phrases semblant complètement décalées du contexte, mais qui dans le fond ne l'étaient pas complètement. Il ne me fit aucune remarque, pas même désobligeante, il ne tiqua pas. Intéressant. Je le regardais sans trop appuyer mes regards, je n'aimais pas dévisager les gens, encore moins paraître imposante. Je restai assez discrète, la plupart du temps, parfois un peu trop effacée. Au fil des années, ce "défaut" s'amenuisait un peu, mais j'étais introvertie malgré tout. Il fallait que je prenne plus d'assurance avant de révéler véritablement une de mes autres facettes. J'étais juste plus méfiante, moins ouverte alors que j'étais tout le contraire par le passé, là-bas en Irlande. Ici, je ne m'étais jamais sentie réellement chez moi. Comme mon frère me disait bien souvent, "Tu as laissé ta joie de vivre et ton cœur en Irlande, Sara". Pas exactement, l'Irlande possédait en son sein, une partie de moi. Ma jumelle. Dès son "départ", une partie de moi était restée avec elle. Oh bien entendu, je ne considérai pas que je ne pouvais continuer ma route seule, je pouvais et je le faisais.

Mes yeux s'illuminèrent quand il parla de mon pays en ces termes élogieux. Oui il venait de mettre certaines étoiles dans mon regard. J'étais très attachée à mon pays, aux traditions, à l'histoire et aux contes et légendes de ma contrée. Du coup, même si son compliment m'avait légèrement fait monter le rouge aux joues, ce qu'il remarquerai ou pas, il passait comme une lettre à la poste sans que je ne me referme comme une huitre voulant s'auto-défendre contre une intrusion.
L'Irlande est magnifique. Tu devrais voir, rien que les vallées et les lochs en valent le détour. Sans parler des légendes nombreuses qui peuplent les histoires qu'on se raconte de familles en familles depuis des générations. Je n'étais pas du genre bavarde, mais mon discours pouvait ne point se tarir dès qu'on évoquait un domaine que je connaissais sur le bouts des doigts. Je m'étais toujours intéressée de très près à mes origines, aux domaines des contes et légendes qui s'y rattachaient.

Il était donc anglais. Ah l'Angleterre, j'aimerai visiter un jour. Il est quoi? C'est quoi ton véritable prénom? Moi le second c'est Siobhàn. Je le lui avouai plus pour le tenter à me donner son prénom exact. Mais s'il préférai se faire appeler Esteban, cela ne me dérangeait pas plus que çà. J'étais quand-même curieuse de savoir ce qui semblait le gêner dans son prénom. Je n'obligeais en rien une réponse, ce n'était pas mon genre. Je me relevai alors du banc, marchant de quelques pas vers Esteban. Le dépassant même avant de me stopper et de lui jeter un petit regard en coin accompagné d'un sourire.

Les filles sont des pipelettes? Tu dois avoir raison c'est surement pour ça que ma langue se délie facilement ce soir. Le punch là, est pas mal alcoolisé heureusement je ne suis pas venue en voiture. En voyant la table où les carafes étaient déposées, mes doigts furent tentés d'aller m'en reservir un, mais ma raison me dicta qu'il était préférable de ne pas tenter le diable. Je me retournai alors pour lui faire face. J'avais moi-même réduit la distance que j'imposai depuis le début. Après tout, il n'allait pas me faire de mal devant une pléiade de spectateurs. Il fallait que j'arrête un peu de penser toujours aussi négativement quand on m'approchait. Il ne faisait que me tailler une petite discussion, rien de bien méchant. Puis ce n'était pas en restant toujours aussi distante, hautaine même comme certains le pensaient, que j'allais me faire des amis. Oh j'en avais, mais très peu du côté de la gente masculine. Pas d'offense m'avait-il dit, Il me fit sourire de plus belle. Je n'y voyais pas la moindre offense, même si je pensais que certains garçons valaient les filles. Je n'entrai pas dans les débats sur le féminisme, d'ailleurs en Irlande l'étique était sensiblement différente que dans certains pays beaucoup plus libéraux. J'avais été surtout éduquée à l'ancienne, mon père tenait énormément à cette vieille étiquette pouvant parfois faire passer les Irlandais pour des rustres un peu bourrus. Ce côté chez mon père, que partageait aussi James m'avait à moi toujours parue attachante. Des rustres au grand cœur oui et surtout ayant un sens de l'orgueil très aiguisé.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptySam 28 Juil - 12:43


Le loup crie à la lune.


Le compliment que j’avais délicatement glissé entre deux remarques semblait être passé par la voie royale. Pas de fausse note. Pas d’air gêné. Une erreur de ma part, certes, qui s’avéra payante au vue de la réaction de la Lambda. Elle semblait joyeuse. Le faux-pas qui n’avait altéré en rien l’amicalité de la rencontre. Restait maintenant à faire évoluer celle-ci dans une direction tout autre, auquel cas le défi ne verra probablement jamais sa réussite. Je n’étais pas le genre d’homme à attendre que ça me tombe bêtement dans les mains. J’allais donc provoquer Sara, faire en sorte que l’idée que j’avais en tête soit de son fait. Oui, j’allais la manipuler. Ou essayer au moins. On verra bien ce que le sort me réserve.

L’Irlande semblait être un sujet de prédilection pour la belle demoiselle. Le mal du pays ? Cela lui faisait certainement du bien d’avoir face à elle quelqu’un qui la comprenne un minimum. J’étais né à Londres. J’avais vécu à Londres. Comment ne pas imaginer avoir passé quelques vacances chez son voisin Irlandais ? Oui, j’étais déjà allé dans sa magnifique contrée. « J’ai visité cette belle Irlande il y de nombreuses années. J’en garde des souvenirs mémorables. » Je me suis remis sur pieds, laissant la table derrière moi tout en haussant le regard au ciel. C’était théâtral. J’alimentais mes paroles sur un fond parfait, autant sans servir. Regard vers les étoiles, j’ai ajouté une couche supplémentaire qui ne pourrait que lui faire plaisir. « Mais ce que j’en retiens le plus, c’est sa joie de vivre. A Londres, tout le monde est si pressé, si ordonné qu’il est impossible de faire un break et s’amuser… » J’ai finalement reposé mes yeux clairs sur le visage angélique de cette fille blonde.

Comme je l’avais imaginé, elle avait été poussée à rechercher mon premier prénom. Elle ne le voyait pas encore, mais ce point signifiait son premier intérêt pour ma personne. Un cap était franchi. Mon véritable prénom : Edgar. Ringard, démodé, vintage. Porté par mon paternel, par cet homme qui avait causé la mort d’un être cher à mes yeux. Mon regard s’est assombri quelques instants, pendant lequel le visage jovial et parfait d’une autre blonde m’est apparu en pensée. Une blonde autre que Sara. Une blonde tout aussi ravissante. J’ai hoché la tête tandis que le prénom de Siobhàn résonna là-haut. « Siobhàn ? Tu as vraiment été gâtée Sara. Je te dirais mon prénom uniquement si tu acceptes de boire un verre en ma compagnie. » Inutilement, je me suis étiré les bras sans chercher à accrocher le regard de ma partenaire. « Et pour te prouver ma bonne volonté, mon prénom commence par un E. »

Elle m’avait confiée que le punch était à un niveau fortement alcoolisé. Surement l’œuvre d’un étudiant qui tentait de rendre une nana enclin à passer à l’acte. Un Alpha peut-être. Ou alors l’un de mes amis qui avait eu cette idée pour faire boire Sara. Si mes anciens comparses m’ont aperçu en la compagnie de la plantureuse blonde, je doutais fort qu’ils tentent quoi que ce soit. Priorité à celui qui s’accroche en premier. Et je dois dire que pour le moment, c’était dans les deux sens. Si je m’étais agrippé à elle, Sara semblait à son tour attaché à moi. Surement parce que j’étais l’un des seuls qui lui semblait intéressant.

Sur pied, je me suis retourné vers elle avec un sourire on ne peut plus normal. Je n’avais pas vraiment l’air du séducteur né. Je n’en avais rien d’ailleurs. Physique banal, allure typique. Seul mon comportement était singulier. « Si tu n’es pas venue en voiture, c’est parfait non ? » Avec un sourire bienveillant, j’ai levé la main vers elle comme pour qu’elle ouvre la marche à mes côtés. « Alors, tu viens ? »



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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyLun 30 Juil - 14:08

Je sais que je perds contenance de minutes en minutes. J'ai un mal fou à tenir une conversation avec la gente masculine. Je ne dis pas que j'évite tout les mecs de la terre, mais je ne suis pas la plus entourée non plus. Je ne cherche même pas à l'être. Je n'aime pas rester debout comme ça, là à ne rien faire. Je me sens en état de vulnérabilité. Pourtant sa conversation m'est très agréable. Je dois bien l'avouer. Le truc c'est que je n'avoue jamais rien. Pourtant c'est comme s'il me mettait des petites étoiles dans les yeux. Il gagnait quelques points en connaissant l'Irlande. Vulnérable, ce mot n'arrête pas de me revenir en tête. Pourtant, je lui souris encore. Je souris souvent en ce moment. Il gagne encore un autre point, il gagne du terrain. Je me retourne pour lui faire face. Mais je suis toujours plantée les bras ballants. Une vrai potiche.

Les Irlandais sont de bons vivants. Parfois ça me manque. Ici c'est différent. Les Ilrandais sont de bien joyeux lurons. Ils aiment manger, boire, s'amuser, faire la fête. Ils ont aussi un orgueil largement démesuré, un sens des traditions, de l'honneur et du respect énorme. Je chéris ce pays, jamais je ne me sentirais ailleurs chez moi autant que là-bas. Pourtant je suis ici. Je fronce les sourcils de manière assez imperceptible, mais peut-être trop déjà. Il est étrange ce garçon. Gâtée, pourquoi. Je ne comprend pas l'allusion. Ma langue me démange de lui poser la question.Je pose bien trop de questions. Je ne la lui pose pas, de toute manière mon esprit s'attèle déjà à sa question à lui. Plutôt à sa demande. Je ne m'attendais pas à cette demande. La vie est pleine d'imprévus.

Il accepte uniquement si je viens prendre un verre en sa compagnie. Je frissonne un peu. Je n'ai pas peur, je suis méfiante. C'est un échange de bon procédé. Donnant donnant. Qu'est ce que je risque. C'est la seconde fois que je fais un échange de bon procédé. Une fois pourquoi pas deux. Son prénom commence par un E. De bonne foi, ou tentative d'éveiller un peu plus ma curiosité pour diriger ma réponse vers un petit oui, je veux. Je réfléchis, assez rapidement, non pas assez puisque je viens d'installer un petit blanc entre lui et moi. Je suis incorrigible parfois. C'est vrai que j'ai soif, mais je me suis dit que boire un verre de plus serait tirer le diable par la queue. Je peux boire un jus d'orage, remarque. Il reprend la parole et je n'ai toujours rien répondu. Je m'en rends compte à ce "Alors tu viens?" Je souris bêtement d'un seul coup devant ce geste un peu théâtral comme venu d'une autre époque. Il n'est pas invasif, pas si singulier.

C'est mon amie qui a la voiture. Je pense qu'elle a déjà du s'en aller. Elle fait toujours ça. Je viens enfin de rompre le silence Je n'ai pas encore répondu clairement. Je ne suis jamais claire. Je réfléchis encore. Je ne risque rien. Je cède une nouvelle fois. Je ne cède jamais, mais je cède quand-même. Boire un verre, ici ou ailleurs? Stupide question. Je ne devais pas paraître très naturelle en répondant. Ce n'est même pas une réponse, mais une question que je réponds à sa question. Stupide. Je ne peux pas m'empêcher de faire ce genre de chose. Alors je me reprends, je prends sur moi. Je veux bien, oui. Voilà c'est fait, j'ai dit oui. Je ne suis pas la seule a dire oui, en écho la chouette à choisit ce moment précis pour nous rappeler sa présence. Je jette un regard vers elle. Puis je le rejoins. C'est à lui d'ouvrir la marche, celui qui propose. Après toi, monsieur E. Juste pour lui rappeler sa promesse de me dévoiler son prénom.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyVen 3 Aoû - 11:32


Le loup crie à la lune.


Elle était accompagnée. Pour venir à ce genre de soirée, sans voiture, c’était forcément le cas. Bien sûr, il était possible que certains de ces fêtards finissent par dormir n’importe où au cours de la soirée. Ces fêtes-là ne participent pas à l’une des premières soirées de l’université : l’intégration. Si, au cours de celle-ci, pas mal d’étudiants se retiennent, une fois l’année bien entamée ça s’avère bien différent. Et l’herbe d’une pelouse fait figure d’un bon matelas, tout comme les bancs publics remplacent les lits. C’est coutumiers de voir des jeunes de Brown finirent leurs soirées ainsi.

J’en avais vu pas mal dans un état second au cours de ma jeune carrière d’étudiant. Quatre ans que j’étais ici, quatre ans à me faire remarquer pour mes conneries en tant que Kappas. Quatre années qui n’ont servi qu’à une seule chose : me vider la tête d’un passé trop encombrant. Alors j’ai commencé à venir à ce genre de fête, avec des gars s’approchant le plus du statut d’amis. Et m’amuser. Cette optique est sans cesse présente. En cours ou en dehors, j’ai toujours ce sourire candide aux lèvres, montrant une certaine naïveté dans mes propos, dans mes gestes. Nul ne parvient à réellement cerner mes attentes. Sara ferait partie de ces gens m’imaginant sans une once de mauvaise volonté. Parfois, j’en étais même dégouté d’avoir ce « pouvoir » sur les autres. Parfois seulement.

Le côté bon vivant Irlandais lui manquait. C’était exactement ce qu’il me fallait, puisque depuis quelques minutes déjà, j’étais dans cette optique du mec britannique. Cette carte marchait relativement bien avec la gente féminine. Elle trouvait l’accent assez… attirant pour une raison qui m’échappait. J’en faisais fi. J’agissais. Je continuais sur ma lancée en ne me laissant pas décontenancé par cette pause que Sara installe suite à ma demande. Sa réflexion me turlupine, c’est vrai. Mais pas au point d’en oubliez qu’elle était déjà légèrement entamée par le punch, qu’elle était nostalgique d’une Irlande guillerette et qu’elle était seule pour cette soirée. Les feux étaient verts, clignotant. C’était Las Vegas qui n’attendait qu’un joueur expérimenté pour laisser le plus gros obstacle qu’elle possédait : sa raison.

Cette technique, je l’employai énormément. Répondre par une question, éviter d’éclaircir ses envies. Une échappatoire comme une autre qu’il était facile de décontenancé en continuant subtilement la discussion. J’acquérais petit à petit la confiance de la belle blonde. Je m’approchais d’elle, telle une proie, resserrant lentement mes mains autour de son joli cou de Lambda. « A toi de décider Sara. » Oui, je lui laissais le choix. Mais en la voyant se décider à m’accompagner j’ai tout de même ajouté des idées. « On peut toujours boire un verre ici. Et si l’ambiance n’est toujours pas eue mieux, rien ne nous empêche d’aller ailleurs. » J’ouvrais donc la marche à ses côtés, menant une nouvelle fois dans l’antre de la soirée qui continuait son cours. J’ai croisé le regard d’un de mes potes en lui adressant un clin d’œil malicieux, avant de me retourner vers Sara, le regard lumineux et quelque peu désolé. « C’est dommage. Si j’avais su que j’allais te rencontrer, j’aurai amené le scotch irlandais qui traine dans mon placard. Cela t’aurait peut-être plu. Ah, et je m’appelle Edgar. Edgar Esteban Derrenshaw. » Finis-je par lui avouer avec malice, avançant progressivement vers le stade où elle me ferait confiance, et ce malgré elle.




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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyVen 3 Aoû - 15:06

A moi de choisir... Ce que j'aime entendre ces mots-là. J'aime choisir. Je cède. Puis pourquoi pas après tout. Il faut bien qu'un jour ou l'autre, je me décide enfin à me laisser aller. Esteban. Il ne me semble pas invasif, pas dangereux. Il me laisse même choisir. Encore une chance, oui. A quoi tu penses Sara? C'est normal qu'il le fasse, personne ne peut obliger personne à moins d'être un grand malade. Je souris, je suis bête parfois. Avoir toujours peur de tout, à quoi ça rime? A rien du tout. J'acquiesce de la tête. Je lui ai dit "oui", je ne peux plus reculer à moins de paraître complètement idiote et bizarre. J'ai fais un choix, je l'assume, puis j'avais envie de lui dire oui dans le fond. Je le suis alors, c'est ici qu'on le boira ce verre. Je suis partante, je suis même partante pour aller ailleurs s'il le faut. Je suis partante tout court. M'amuser, un peu au lieu de rester plantée toute seule. Je ne remarque rien du clin d'œil d'Esteban pour quelqu'un. Je ne pose même pas mon regard sur lui. Je suis un peu dans ma bulle. On est en plein milieu de cette fête qui bat son plein. Je le vois tourner la tête vers moi, il commence à parler, mais la musique est si forte que je ne comprend pas le début. Instinctivement, je me rapproche de lui, plus près, un peu trop près. Je n'aurai pas fait ça si je n'avais pas simplement besoin de le faire pour comprendre ses mots. Du scotch Irlandais. Du scotch, oui quoique là, je me serais abstenue. L'alcool ne me réussit qu'à faible dose. Je fais oui de la tête, je le regarde, j'écoute la fin de ses dires. Il a cédé. Il m'a dit son prénom. Je m'attendais à ce qu'il me fasse attendre encore un peu pourtant. Je souris, je me rapproche encore.

Oui, j'aime le scotch, mais l'alcool et moi on ne fait bon ménage qu'à faible dose. Je le regarde, je souris. C'est une vérité, quand j'en ai de trop, je n'agis plus du tout comme je le ferais normalement. Edgar. Comme l'écrivain. Edgard Allan Poe. C'est pas si mal, quoiqu'un peu vieillot. On est à égalité. Je connais son nom en entier et lui le mien. C'est bien. Je fais des progrès, je fais connaissance. Je me fais surtout avoir, leurrer en beauté. Sauf, que je ne le sais pas. Un pari, je suis un putain de pari. Mieux vaut que je ne le sache pas, certain autrement je tempêterais comme un ouragan de m'être laissée avoir aussi facilement. Abuser de ma confiance, je n'aime pas ça. Mais je ne le sais pas. Là, il est gentil, avenant. Je suis confiante. C'est rare que je le sois. Je préfère Esteban. Oui c'est joli Esteban, ça lui va bien. Je trouve. Je me recule, je lui ai parlé, c'est bon. Je reprends du recul. De toute façon, nous sommes devant le buffet. On est là pour boire un verre. Alors je vais prendre un verre. Au diable les bonnes résolutions. Je me sers moi-même un nouveau verre de ce breuvage qui me tourne déjà un peu la tête et je lui en sers même un pour lui. Je lui tends le verre. Je ne sais pas qu'il est en train de gagner.

Mon regard se porte sur les gens qui dansent. Je ne le fais plus depuis un bout de temps. Avant j'aimais ça danser. Rire, m'amuser, délirer au milieu des autres. Maintenant, ça m'oppresse, les endroits contigus, la marée de monde. Pourtant, parfois ça me manque. Me voilà, retournée dans la marasme de mes pensées, parfois il faudrait que j'essaie de me corriger. Je bois une gorgée de mon verre, l'esprit un peu ailleurs. Je m'en rends compte, alors je le regarde à nouveau. Je lui souris gentiment. "Coincée" c'est ce de quoi j'ai l'air et je le sais. Tout d'un coup, des éclats de voix retentissent. Une bagarre éclate. La musique ne désemplit pas pour autant. On entend quand-même et la cohue se fait agitée. Alors que mon attention se porte sur le spectacle, un gars vient s'effondrer en plein milieu du buffet, faisant voler ce qui s'y trouvait. Je sursaute, je laisse échapper mon verre qui s'évapore sur le sol, nous éclaboussant un peu au passage. Et voilà, ça aussi ça ne manque jamais dans ce genre de soirée. L'alcool, l'excitation et il ne suffit que d'une infime étincelle pour mettre le feu aux poudres. Je recule dans un soucis défensif, je n'aime pas les bagarres. Il ne manquait plus que ça... Je ne fais que murmurer entre mes lèvres que je serre par la suite. Je sens mon pouls s'accélérer, ma respiration devient difficile. Maudite crise d'angoisse, encore une fois. Elle me tue, je ne supporte pas qu'elle s'empare de moi quand je ne le souhaite pas. Le truc c'est que ça ne se contrôle pas. Mes jambes deviennent molles comme du coton. Je sens, je sais qu'à force de les sentir tremblantes, elles pourraient me faire faux bond. C'est déjà arrivé. Il faut que je me contrôle, alors que la cohue se fait de plus en plus dense. C'est comme ça, une rixe et d'autres s'en mêle.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyVen 10 Aoû - 10:12


Le loup crie à la lune.


A quoi pensait-elle ? C’est à peu près la question que se poserait chaque homme face à une nouvelle rencontre féminine. Non seulement parce qu’on a envie de savoir ce qu’elle pense de nous, mais également pour réussir à lui donner ce qu’elle veut. La rendre souriante, heureuse, détachée de tout, sauf de nous. Bordel, qu’est-ce que j’donnerai pas pour savoir ce qui se passait dans la petite tête angélique que je venais de découvrir dans le jardin des p’tits lambs. Si on m’avait dit que des filles comme Sara s’y trouvaient, je viendrais beaucoup plus souvent chez les doux agneaux. Mais l’heure n’était qu’à un seul questionnement : comment faire pour qu’elle reste avec moi malgré la foule de l’intérieur ? Elle allait peut-être croiser de nouveaux amis, papoter avec des nanas et m’oublier de la sorte. Tout ce que à quoi je m’évertuais ne servirait peut-être à rien, en fin de compte. En l’accompagnant à l’intérieur, j’ai lorgné un instant, discrètement, sur son léger décolleté, laissant entrevoir une appétissante poitrine. Diable, je ne la laisserai pas filer. Pas ce soir. J’userais de tous les moyens possibles mais elle m’appartiendra. Je ferais coup double. J’aurai la ravissante Sara et je gagnerai ce putain de pari.

A l’intérieur, rien n’avait changé, si ce n’est que certains étudiants avaient pris plus de couleurs. Des yeux étaient même nettement atteints, preuve que l’alcool n’était pas la seule consommation dangereuse de la soirée. Comme je devais m’y attendre, ma partenaire estima préférable ne pas s’engager sur le chemin de la perdition alcoolisée. « C’est justement ce qui est excellent avec nos bons vieux scotchs britanniques. Ça ne se boit pas. Ça se savoure. » Je lui ai lancé un regard bienveillant, mon sourire apparent se révélant le plus beau de tout un empire. Intérieurement, c’était plus un rire comme celui du Joker de Christophe Nolan. Fallait s’y attendre en lui énonçant mon principal prénom. Il y avait toujours quelques choses à dire sur les Edgar. J’ai eu une petite mimique de désappointement, rapidement suivi d’un léger sourire en coin quand elle revint sur Esteban. Ce n’était pas pour rien que je donnais ce prénom à tous ceux que je croisais. Moins de moquerie. Moins de référence à d’autres personnes célèbres. Dans 20 ans, ce sera un autre Edgar qui sera sous le feu des projecteurs, vous verrez.

Finalement, c’est la Lambda qui me tend une coupe du punch fortement dosé. Intéressant. Elle avait finalement opté pour se laisser aller, au niveau de la boisson en tout cas. Elle semblait encore assez récente pour savoir ce qu’elle faisait, alors qu’on ne vienne pas me dire que je profitai d’elle. C’était le cas bien sûr, psychiquement, mais surtout parce que je prenais un malin plaisir à tirer les ficelles de ma marionnette. Je la menais là où j’avais envie qu’elle soit. Je lui soufflais des phrases qui la poussait vers tel ou tel choix. J’étais immonde. Et une chance pour moi, j’étais probablement le seul mec dans les parages à avoir carburé au coca depuis mon arrivée. Aucune trace d’alcool, si c’était pas un sans-faute.

Tournant le dos à l’assemblée, je n’ai pas eu le temps de voir ce qui se tramait dans mon dos. J’ai juste aperçu du coin de l’œil que le buffet vola en éclat, déversant punch et gobelet. Bagarre. J’ai laissé tomber le verre que j’avais entre les mains pour me placer instinctivement devant Sara. Je l’ai entendu souffler quelques mots et, la rixe se dirigeant vers nous, j’ai repoussé d’une main ferme un étudiant qui reculait vers nous. « Fais chier… » J’ai reculé, tentant de trouver à tâtons la belle blonde. En alerte, observant le moindre mouvement en notre direction, je n’ai pas été mettre mon grain de sel dans cet affrontement. Avec un coup d’œil derrière moi, j’ai réussi à saisir la main d’une Sara visiblement immobile, comme pétrifié par la scène. Fais chier. Manquerait plus qu’elle me claque entre les doigts. « Viens, allons-nous en. » Cette fois-ci, j’ai pris les devants, serrant fermement la main de l’étudiante et la prenant par l’épaule afin que rien ne lui arrive. J’avais le choix. Soit repartir dans le jardin, soit traverser la foule en furie, soit emprunter un escalier menant à l’étage. Je n’étais pas chez moi. J’étais en terrain quasi inconnu. Mais plutôt prendre cet escalier que de tenter le diable. Au moins, l’étage serait plus sûr. Et ce n’est qu’une fois là-haut que j’ai délaissé la main frivole de Sara, la laissant reprendre ses esprits dans le couloir tandis que je jetais un œil en contrebas. Quelques personnes intervenaient, sans réellement parvenir à calmer les esprits. La plupart des filles étaient sorti dans le jardin, twittant l’évènement, s’exprimant sur facebook grâce à leur téléphone. Visiblement, j’avais fait le bon choix. Peut-être qu’utiliser la tournure des évènements à bon escient accélérerait ma victoire sur elle. Peut-être… « Nous serons tranquille ici. J’espère que… Sara ? Tu vas bien ?»





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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyDim 12 Aoû - 15:33

La cohue totale. Le désordre. Les évènements s'enchaînent alors à la vitesse "grand V". Les gens se bousculent, des filles laissent échapper des cris stridents. Les plus orgueilleux se mêlent à la bagarre, qui tourne rapidement en règle de compte général. Moi, je suis plantée sur place, limite un peu blême. Je me retranche intérieurement, blasée par la scène. J'avais dit que je ne voulais pas venir. Je suis venue. J'ai eu tord. Dans la douce alcôve de ma chambre, je n'aurai pas à paniquer comme je le fais en ce moment. Je n'entends même pas Esteban. Je ne lui prête plus la moindre attention, ajouterai-je même à ma pensée. Je n'ai pas remarqué qu'instinctivement le jeune homme c'est interposé pour me faire rempart. Si je l'avais remarqué, j'aurai certainement apprécié cette réaction. Je suis trop retranchée dans mon appréhension pour calculer la suite. Une personne me prend la main. C'est Esteban, mais là encore je ne calcule rien. Il m'entraîne à sa suite et moi je me contente de suivre le mouvement. De me laisser guider. Si je n'avais pas été aussi amorphe, ma main aurai glissé hors de la sienne. Le contact de son autre main sur mon épaule, m'aurai fait frémir comme le contact d'une chose brûlante sur ma peau froide. Je me serai peut-être même écartée, enfuie de l'autre côté, un côté à l'opposée de sa route. Non, je le suis bien sagement, je monte quatre à quatre, les marches de cet escalier qui nous conduit à l'étage. Tout c'est passé beaucoup trop vite, comme dans un rêve où je n'ai servis que de pâle figurante. Il lâche ma main, cette fois-ci, ça y est, je m'en suis rendue compte.

Ce fut comme si subitement, je me réveillai. Reprenant mon souffle qui s'était fait court, comme je le pouvais car ce n'était pas aisé d'y arriver. Quand une crise d'angoisse point, elle a du mal à décroître, sauf en fuyant la cause qui l'a déclenchée. Instinctivement, ma main, celle qu'il tenait quelques minutes plus tôt se porte à mon abdomen. Je sais qu'elle est toujours là, cette chère bonne vieille cicatrice pour me rappeler pourquoi j'en suis réduite à ça. Mon cœur tambourine encore. Juste un peu... Je marque un temps d'arrêt. Il a parlé, m'a parlé. J'essaie de mettre ses mots bout à bout. Mon regard vient se perdre sur le sien. Il a réussi à capter mon attention. Suffisamment pour que je lui réponde. Euh... Oui je crois. Mon regard se détache, il se pose aux alentours. Je viens de me rendre compte qu'on est montés, qu'on est seuls. En bas on entends toujours les éclats de voix. La petite soirée bien tranquille s'est changé en tohubohu général. Voilà, la partie imprévue, peut-être le truc qu'il manquait à cette soirée. Non, moi ce genre de truc-là, je trouve que ça ne manque pas. Je n'aime pas les bagarres, les ennuis. Je les évite, mais parfois c'est comme les gouttes de pluies. On a du mal à les esquiver. Mes yeux se reposent une nouvelle fois sur lui.

Tu espères que... ? Encore un temps en retard. J'ai regroupé le tout, enfin. Je me ressaisi un peu. Je m'appuie contre le mur. Juste le dos. Si je m'écoutais, si j'écoutai mes jambes, je me laisserai choir sur le sol, assise, les genoux recroquevillés sur moi. Histoire de me sentir un peu mieux, un peu plus maîtresse de moi-même. On était censé boire un verre tranquillement, faire plus ample connaissance. Pour une fois, que je laisse cette fichue barrière derrière moi. Là, on a plus rien à boire, limite si ce n'est pas ma robe qui a bu le contenu de mon verre à ma place. Génial, en plus de tout ça, je suis collante maintenant. Superbe soirée. Enfin, le seul point positif, ça reste encore Esteban.
Je pense qu'un merci, va de soi. Oui merci, si seulement je me doutai du reste, je ne lui dirai pas merci. Je ne vois rien, je ne suis pas douée pour deviner lorsque l'on se joue de moi. Regardez-le d'ailleurs, on lui donnerait le bon dieu sans confession avec son air d'ange sage. Voilà, c'est ça. Un ange autrement, il n'aurait pas réussi cet exploit. Je me remet à sourire, cette fois. Seulement, je crois qu'on est coincé ici pour un petit moment, maintenant. Oui, pas d'autre issue, à moins de tenter d'escalader par la fenêtre. Risque que je ne prendrai pas moi. Un couloir, des portes. Voilà les seuls choix s'offrant à nous.
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E. Esteban Derrenshaw

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyLun 20 Aoû - 11:15


Le loup crie à la lune.


La désolation se lit sur quelques regards, mais pas que. De l’excitation se voit chez d’autres. On observe bien là les différences du mot « amusement » qu’ont les étudiants de Brown. Les gros bras qui se mêlent d’emblée à l’action. Les rebelles qui n’ont aucune chance également, juste parce que le chaos leur plait. Les plus chétifs, déjà dans un coin parce qu’ils ne sont pas réputés, préfèrent déguerpir et se cacher derrière quelque chose de solide. Du côté des filles, c’est toujours la même chose. Soit elles s’en vont à la recherche de calme, soit elles s’excitent face à cette cohue de mâle violent et dominateur. Dans les deux cas, je les vois se rassembler dans le jardin. Ça ne m’étonnerait pas qu’elle parie sur le vainqueur et qu’elles se battent ensuite pour obtenir les faveurs du gagnants. Vu d’en haut, c’est une arène, rien de plus. Le meilleur s’en sortira avec les honneurs. Le perdant n’aura que la honte.

Si je n’ai pas agis de la même manière que la plupart de ces gars, c’est parce que je n’ai rien à y gagner. J’ai déjà Sara auprès de moi qui s’ouvre petit à petit à mon petit jeu de bon garçon. Quand bien même la Lambda ne serait pas à côté de moi, je n’irai pas me frotter aux footballeurs et aux boxeurs de l’étage du rez-de-chaussée. Pas par crainte. Ni par indifférence. Je préfère nettement profiter de l’agitation pour prendre le large avec la plus jolie des étudiantes de l’assemblée en jouant d’un humour ravageur. Candide. J’aurai pu jouer ce héros de Voltaire en toute hypocrisie sans que quiconque s’en aperçoive. Au lieu de quoi, j’ai mené ma barque dans un endroit calme et ouvert aux possibilités. Une barque dans laquelle j’ai placé une Miss Halloran troublée par les évènements. Etrange. Ce genre d’incident n’était pas si rare. Pourquoi semblait-elle décontenancée à ce point ?

Je suis resté en haut des escaliers pour éviter que personne ne vienne. Je ne veux pas avoir à fuir une nouvelle fois, ça risque de faire échouer ma mission actuelle. Si le moindre balourd alcoolisé se met à gravir les marches, je n’hésiterai surement pas à lui mettre mon 44 dans la gueule. Et je reprends ma phrase coupée pour assouvir la curiosité de l’étudiante. « J’espère qu’ils n’auront pas l’idée de venir à l’étage. Hum… Non, je ne pense pas qu’ils viendront. Je ne les laisserai pas venir en tout cas. » Protecteur ? Bien sûr ! Que faire d’autre pour embarquer Sara dans mon manège autrement. Je n’ai pas réussi à garder mes yeux rivés sur ceux de Sara. Ils ont dévié, descendu sur cette main barricadant son ventre comme si elle avait peur de quelque chose. Fais chier. Ou peut-être pas. Visiblement, sa position trahit un malaise quelconque. Un souvenir ? Une crainte ? Mais ça n’a surement aucun rapport avec moi.

Sa robe est dans un sacré état. Je réussi à reprendre contenance, jetant un nouveau regard en contrebas. Toujours aucuns signes de parasite. Je la rejoins en quelques pas pour m’adosser à mon tour sur le mur, à ses côtés. Je lui accorde un énième sourire en guise de réconfort avant de me laisser glisser au sol. J’imagine bien qu’elle va me rejoindre d’un instant à l’autre, car il n’y a rien d’autre à faire pour le moment. « Oui, j’imagine. » Et c’est tant mieux ! « Qui plus est, Sara Siobhàn Halloran est bien trempée. Une si belle robe, c’est bien dommage. Il faudrait peut-être arranger ça tout de suite non ? Il y a surement une salle de bain à cet étage. » Agrémentant d’une touche d’amusement, j’essaie de détendre l’atmosphère. Tout serait bon pour éviter d’en venir à cette main placé sur son abdomen. Je joue la carte du gentil, mais pas question d’être Mère Theresa. Pas si je peux l’éviter en tout cas. Et puis, Sara n’a peut-être pas envie de s’éterniser sur ses souvenirs. Moi en tout cas, je sais que je ne le ferais pas. Mes souvenirs restent bien ancrés au plus profond de mon âme et je fais tout pour éviter qu’ils ne surgissent. Surement pour ça que j’agis comme un lutin machiavélique et hypocrite.

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MessageSujet: Re: Le loup crie à la lune. (Esteban)    Le loup crie à la lune. (Esteban)  EmptyMer 22 Aoû - 18:23

Il met très vite fin au supplice de sa phrase inachevée. Merci. C'est ce que je pense, mais à peine sa phrase finie, mes yeux se détournent sur les escaliers. J'appréhende ce qu'il vient d'évoquer. Si les assaillants éméchés montaient à l'étage nous serions acculés sans possibilité de fuite. Mes yeux passent de l'escalier à Esteban, vice et versa rapidement. Il a fait remonter la pression. Il dit qu'il ne les laissera pas faire. Il fera quoi tout seul contre une cohue? Je devrai être rassurée par le ton si déterminé de sa voix, mais je ne le suis pas. Pourtant sa présence me rassure un peu. Si je m'écoutai, je me raccrocherai au son de sa voix pour ne pas trébucher une nouvelle fois dans une peur panique qui me mortifierai sur place. Il détourne les yeux, je l'imite alors. Je les ai baissés sur le sol. Je ne m'attendais pas à passer la soirée de cette manière. Je ne m'attendais ni à mieux ni à pire et dans le fond je préfère encore la passer en sa compagnie que toute seule. Je n'ai pas remarqué qu'il regarde mon abdomen, je n'ai même pas remarqué mon propre geste. Ne parle pas de malheur, ça attire...

Je le regarde se laisser choir sur le sol comme s'il venait de se liquéfier. Je ne sais pas pourquoi, mais je l'imite d'un même geste. Je me dis que si je me fais toute petite, vraiment petite, ils n'auront pas l'idée de monter, ils ne nous verrons pas "bien cachés" dans l'ombre d'un couloir. L'endroit n'est pas bien grand, mais il me convient toujours mieux qu'en bas. Sa phrase m'interpelle, je fronce un sourcil en posant mes yeux sur lui, avant de les baisser sur ma robe. Heureusement, elle est noire, trempée, mais noire. Rien ne transparaît au travers. Judicieux, mon choix pour une fois. Il emploie mon nom en entier. La seule personne à faire cela c'est mon père. Quand il me réprimande ou à quelque chose à me reprocher. Je me sens toujours toute petite quand il fait ça, même du haut de mes vingts trois printemps. Je lui tends un petit sourire confus comme si j'étais pris à défaut d'avoir fait une grosse gaffe. Mes deux mains s'étalent sur le bas de ma robe, cherchant à aplanir des faux plis inexistants. Prise en faute d'incorrection de perfection. Un peu mal à l'aise, j'ai surement même dû rougir parce que je sens sur mon visage cette douce chaleur qui me vient quand je ne sais plus où me mettre. Il faut que je réponde quelque chose, mais quoi? Que je coupe court à ce mutisme s'emparant de moi. Me rendant compte qui plus est que le mélange d'alcool et de fruits me rendait toute collante, je me mis à inspecter mes mains alors.

Je crois que ta proposition est raisonnable oui, ça colle en fait. Encore faudrait-il que je trouve le courage de me relever. Quelle étrange soirée. Mes yeux se posent sur les quatres portes de l'étage. Dans ces quatre portes, l'une doit bien s'ouvrir sur une salle de bain. Laquelle par contre. Je ne le sais point c'est la première fois que je viens au quartier des Lambs. Je replie mes jambes sous mes fesses trouvant le courage de me relever quand-même. Après tout, que faire d'autre, se regarder dans le blanc des yeux en attendant de trouver une autre retraite... Mes yeux se repose sur le visage de ma nouvelle connaissance. Une seconde, deux, stop c'est suffisant, je les détourne, pas de contact prolongé. C'est gênant. J'aurai bien envie de m'encourir en ce moment. De quoi aurai-je l'air, d'une folle? Va-t'-il bouger, me venir en aide, se décider à se lever aussi. On cherche la salle de bain alors, vu qu'on doit passer le temps autant l'employer, toi aussi t'es légèrement éclaboussé. Je fais un petit signe de tête pour montrer son propre état auquel je n'avais pas encore prêté attention. Il en semblait pas y avoir échappé plus que moi.
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