« -Félicitations, madame Finnigan. Vous avez fait du bon travail.
Marie cala le nourrisson contre son sein, lui retenant la tête à l’aide de sa main droite.
A cet instant là, elle ressentait quelque chose d’assez étrange, en fait. Un truc immense, envahissant, désagréable et infiniment doux en même temps.
-Elle est petite, murmura-t-elle.
-C’est normal, la rassura la sage femme.
Marie acquiesça, les yeux fermés, et effleura d’un doigt tremblant la joue pâle et duvetée du bébé. De son bébé.
Elle allait éduquer sa fille comme personne, elle allait la cajoler, la protéger, faire d’elle une vraie petite princesse. Une vraie petite française. »

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« -Vous l’auriez vu ! Tout le contraire de sa mère ! Elle mâchait la bouche ouverte…
-La bouche ouverte ? s’écrièrent deux jeunes femmes.
-Comme je vous dis ! Et elle était assise par terre en tailleur, alors qu’elle était en robe !
-On a dut voir sa… sa culotte ! »
Elizabeth esquissa un sourire narquois, cachée dans l’armoire du salon.
« -Dire qu’elle n’a que 5 ans, soupira une vieille bourgeoise. Comment sera-t-elle, dans dix ans ? »


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-Elizabeth c'est toi ? Reviens ici!
La petite fille retint un gloussement et, arrachant violemment le ruban rose qui pendait dans sa chevelure noire, se mit à courir. Derrière elle, sa mère poussa un petit cri de surprise devant le ruban qui gisait sur le sol.
-Jinna, hurla-t-elle à l'adresse de la domestique. Rattrapez là! Reviens ma chérie, reprit-elle à l'intention de sa fille. Ne sors pas dehors, tu ne connais rien à la vie de dehors!
Tout en courant, la petite fille émit un ricanement moqueur et accéléra la cadence. Ses pieds nus tapaient étrangement contre le pavage de marbre de la maison. Elle vira à droite, dévala les escaliers. Les pas de la bonne se faisaient de plus en plus distants.
-Elizabeth Rubby Finnigan, fit encore la voix de sa mère. Ne sors pas, reste ici! Surtout ne sors pas! Les gens sont malveillants!
Mais la gamine n'écoutait pas. Elle se trouva bientôt dans le jardin. Devant l'imposante grille qui la séparait du dehors, elle hésita. Elle n'avait encore jamais franchi la "limite" seule... Est-ce que ça en valait vraiment le coup ?
Son visage se fendit en un large sourire.
Bien sur.
Elle poussa la grille de toutes ses forces, et, du haut de ses 7 ans et demi, elle s'aventura dans le monde extérieur. Tout lui paraissait magique. Le vent lui caressait les joues, jouait avec ses cheveux, il semblait jubiler de la voir libre.
-Comment tu t'appelles ? fit une voix derrière elle.
Surprise, la petite fille aux cheveux de jais se retourna. Un petit blondinet d'une douzaine d'année la regardait, la soupesant du regard. Il portait un simple t-shirt vert pâle et un jean déchiré.
-Eli... Non, Rubby.
-Moi c'est Tommy, rétorqua le garçon. T'es nouvelle ?
La petite fille secoua énergiquement la tête.
-Je suis née ici.
-Je t'avais jamais vue! Viens, je vais te montrer un endroit.
Et ensembles, ils se mirent à courir dans les rues. Le vent lui fouettait le visage, des gouttes de pluie se mêlaient à la sueur qui perlait sur sa tempe, et ses pieds nus étaient noirs de poussière, mais à ce moment là, Rubby était heureuse.
Et elle se jura, à cet instant précis, d'être libre.
Pour toujours.


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Rubby se tordit de douleur. C'était ça, fumer ? ça n'avait rien d'agréable.
-Lâche là, grogna Tommy. Tu vois pas qu'elle a même pas 13 piges ?
-Ta gueule, rétorqua un inconnu à la voix rauque. Tu la ramène ici alors elle fume. Comme tout le monde.
Rubby reprit une bouffée d'air, suffocante.
-ça va aller, gémit-elle. Je veux ré-essayer.
Sceptique, Tommy repassa tout de même le roulé à son amie. Au bout de plusieurs minutes, elle semblait à son aise.
-Tu viens ? minauda-t-elle en se levant.
Ensemble, ils franchirent la cave de Ben qui était maintenant complètement enfumée. Ils sortirent à l'air libre.
-Je t'aime, murmura-t-elle soudain.
-Quoi ?
Elle se rapprocha du blondinet, posa sa tête contre son torse maigre. Le torse d'un gamin de 17 ans.
-Mais t'es une enfant, souffla Tommy. Je peux pas !
Rubby n'écoutait plus. Elle arracha violemment la chemise de son ami, et, du haut de ses 12 années de richesse, elle l'embrassa.
De tout son être.
De toute son âme.
Cette nuit là, elle but beaucoup. Elle fuma beaucoup.
Et elle fit l'amour, pour la première fois.
C'était magique... Elle était libre. Complètement libre.


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-Beauté, t’as un truc de prévu pour ce soir ?
La beauté en question leva lentement la tête vers l’individu qui lui avait adressé la parole ; un blondinet d’une vingtaine d’année.
Tommy.
Elle retira en silence ses lunettes solaires de marque et entreprit calmement de retirer ses écouteurs de ses oreilles. Il était 2h de l’après-midi, le soleil tapait fort, et elle était assise sur un banc, dans un grand parc bondé de chiens tirant sur leurs laisses.
-Alors ? s’impatienta le garçon.
-La ferme, salaud.
Rubby passa une main distraite dans ses cheveux de jais, les recoiffant au passage.
-Alcool ? questionna-t-elle en ajustant sa robe en dentelle.
-Sexe, alcool et drogue, susurra Tommy. Allez viens Liz, ça va être cool.
-Reserve moi une place, salopard, susurra la jeune fille. J’vais tous les baiser, tes connards de fêtards.

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« -Et vous dites qu’à 20 ans, elle s’est faite renvoyer des 7 écoles différentes où elle a été affectée ?
-Il faut dire qu’elle n’est pas une élève facile.
-Oui, elle ne vient jamais en cours, et puis c’est une élève à problèmes.
-A quinze ans, elle a plus d’alcool dans le sang qu’un ivrogne !
-Et elle fume.
-Pourtant ses parents sont plus que respectables…
-Que voulez vous ? C’est une pourrie gâtée, une fille de bourges.
-On dit que ses parents n’en peuvent plus.
-Oui, ils vont l’envoyer à New York…
-Si elle y trouve une université, je veux bien me promener nu au 16eme arrondissement. »



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Le 3 septembre 2012, un homme complètement nu déambula dans les rues du 16eme arrondissement de Paris.