Après tout ce chemin, mes bras sont gonflés, mes cheveux décoiffés, mes jambes lourdes. Non je ne reviens pas d’une randonnée pédestre de cinquante kilomètre mais de ma terre natale, le Canada. Je viens de passer ma journée dans les transports. D’abord un peu de bus, puis un train pour finalement rejoindre l’aéroport qui puisse me permettre de rejoindre ma nouvelle ville. Je n’avais jamais passé autant de temps à voyager. Il faut dire que j’ai fait exprès de prendre le chemin, non le plus rapide, mais le plus économique. Même si je ne manque pas d’argent, la vie n’est pas la même aux États-Unis et au Canada. Je ne sais pas à quoi m’attendre ici. C’est un monde qui m’est pleinement inconnu. La preuve, je me trouve sur le bord du trottoir à tendre la main pour qu’un taxi me prenne, depuis maintenant dix minutes et aucun ne vient à moi. Si je m’approche, on m’envoie gentiment sur les roses « Je suis déjà en charge ». Bref c’est un peu difficile de se retrouver ici, qui plus est seule.

Ah enfin un véhicule libre. Il se gare presque devant moi. Je m’approche pour saluer le chauffeur et qu’il vienne m’aider à charger mes affaires dans le coffre de la voiture. D’un coup, je me fait bousculer. Si sur le coup je ne réalise pas trop ce qu’il vient de se passer, je comprends bien vite que la dite personne ne viendra pas s’excuser auprès de moi ni même m’aider à me relever moi qui croule sous les bagages. MAIS C’EST QUOI CES FAÇONS, JE NE SUIS PAS UN CHIEN, JE SUIS UNE PERSONNE NORMALE, JE MÉRITE LE RESPECT. Un homme d’une trentaine d’année vient m’aider à me relever et me sourit en faisant un regard d’excuse pour ce qu’il venait de ce passer. J’étais prête à lui dire qu’il n’était pour le rien coupable et qu’il n’avait pas à m’aider. Prise d’une envie meurtrière, je remarquai alors que mon taxi n’était plus là.

L’homme s’éloigna en courant, chemise à la main, il devait être pressé, de rentrer chez lui, probablement. Il avait peut-être deux ou trois bambins qui l’attendaient ainsi qu’une charmante épouse, ou alors il devait se changer rapidement avant un rendez-vous d’affaire important. Il avait l’allure d’un avocat : droit, posé, la barbe de trois jours, le sourire malicieux, l’allure certaine. Au moins il y avait de vrais individus dans ce pays. J’espérais secrètement qu’il y en ait plus que ce que je le croyais avant d’arriver. Mais la question n’était pas là. Je ne voyais plus de taxi arriver. Bon, et bien, il était temps d’appeler moi-même une société.

Après deux minutes à chercher dans toutes mes poches, je retrouvai mon portable éteint. Je désespéra pour l’allumer. Cela ne marcha pas. J’enlevai la batterie, la remettais, deux fois de suites, trois, quatre. Rien à fait, il ne s’allumait pas.

-J’en ais marre, rien ne marche, même pas ce foutu téléphone.

Je n’avais pas pris de précautions et rangea mon téléphone. C’est alors qu’une main me tendait un appareil presque semblable au mien. Et bien, décidément, outre l’objet non identifié qui m’avait fait tomber à terre, les américains étaient des personnes plutôt bonnes et sympathiques.