« Monsieur Collins ! Monsieur Collins je vous parle ! Réveillez-vous non de non ! » Un bruit strident de la craie crissant le tableau sortit la douce bleusaille de son sommeil profond. « Et bien enfin ! Monsieur Collins, si vous continuez à dormir pendant mes cours vous serez encore plus cancre que vous l’êtes ! » Le jeune homme brun releva alors la tête sans dire un seul mot. « Bien reprenons…. » Et c’était comme ça à presque tous les cours. « De toute façon, il est débile, entre sa mère qui est caissière et son père est un immigré qui s’fait dominer par tout le monde, il a pas un avenir brillant le pauvre consanguin ! » « Monsieur Hallen, vous voulez vous vous taire et… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phase que Robyn sauta sur la table à côté de lui, la table où se trouvait l’espèce d’étudiant gominé, le stéréotype du footballer américain pétant bien plus haut que son cul. Lui envoyant des castagnes il se fit vite maitriser par les amis de l’autre tarlouze pendant que le directeur, au bon moment, comme d’habitude faisant son entrée et se mit à faire la loi et à hurler tel un chihuahua qui réclamait ses croquettes : « Monsieur Collins, dans mon bureau, tout de suite ! » Remettant sa veste en place, attrapant son sac il suivit le moustachu bien qu’il connaissait le chemin tout en soupirant pendant que les autres profitaient de cette diversion pour une nouvelle fois mettre à sac la classe. Les mains dans les poches, il entra dans la petite pièce qui puait le vieux cigare froid tout en faisant une tête tout à fait normale. Le jeune homme était comment dire… habitué à en prendre pour son grade, c’était toujours lui le bouc émissaire, toujours lui qu’on appelait dans le bureau du directeur pour se faire passer un savon, il faut dire que dans l’école où il était, il était le plus pauvre, celui qu’on pouvait embêter car ses parents ne pouvaient rien dire, celui qu’on pouvait virer d’un seul geste si une famille riche le demandait. L’engueulade dura seulement quelques minutes, le directeur passa une fois de plus ses nerfs sur lui déblatérant le même refrain pendant que Robyn ne disait rien, puis il le chassa de son bureau, et comme d’habitude, le jeune homme claqua la porte de celui-ci. Mais contrairement à d’habitude, quelqu’un l’attendait devant cette porte, une jeune et jolie jeune femme du nom d’Hélène. « Hé Robyn… euh… Je suis désolée pour ce que Glen t’as dit, il s’excuse et… » Robyn se mit alors à rire tout en remettant son sac sur l’épaule « Dis plutôt que tu t’excuse pour ton petit-ami. » Son interlocutrice avala sa salive et enchaîna « Bah en fait… c’est plus mon petit-ami. Enfin bref euh… Pour me faire pardonner j’voulais t’inviter à la fête chez moi samedi soir, tu viendras hein ? S’il te plait. » Les yeux écarquillés, le jeune homme ne savait pas quoi dire, son cœur s’emballa alors en une fraction de seconde alors que la sonnerie retentissait « Euh ouais… parfait, euh j’veux dire d’accord, alors on se dit à samedi ! » Hélène acquiesça et partit en cours avec un large sourire, laissant son interlocuteur avec un sourire niais, en plein milieu du couloir.
Les jours passèrent et le samedi arriva, on retrouve alors Robyn, pack de bière à la main, soufflant pour calmer son stress avant d’entrer dans la maison d’où provenait le brouhaha. Il se décida enfin à entrer dans celle-ci pour chercher Hélène qui était l’hôte de la soirée. Se faufilant entre les invités il ne trouva pas celle-ci mais tomba néanmoins sur quelques amis, à vrai dire les seuls qu’il avait dans cet école, riche mais un peu moins focus que les autres, enfin, au moins, ils n’ouvraient pas leur gueules devant lui. La soirée se déroulait comme une soirée normale, et il faut dire, pas vraiment habitué à ce genre de sauteries, et à l’alcool, Robyn devenu très vite bourré, et c’est à ce moment-là qu’Hélène décida de faire son apparition « Robyn, ça va ? Alors tu t’amuses bien ? Euh… oula, tu tiens debout au moins ? » Le jeune titubait avec un large sourire tout en répétant le prénom de la jeune femme, une bière à la main. « Euh voilà, j’voulais te demander… tu veux bien sortir avec moi ? » Restant coi, Robyn balaya la salle du regard en lançant un « Ouaaaaah » puis reposa son regard sur la jeune femme qui se mit à rire « Ouaiiiiis, j’veux depuis que j’chui tout p’tit ! Tu sais quand ont étaient dans ce parc, bah je suis tombé amoureux d’toi, et j’ai voulu t’embrasser et t’faire l’amour comme un dieu et… » « Mais Robyn, on avait 5 ans ! » L’homme essaya de se stabiliser « Euh… ah bon ? P’tête bien… bah j’dois être précoce alors ! » Hélène se mit à rire encore plus puis elle lui proposa de monter dans sa chambre, et je vous laisse deviner la suite. Encore bourré, le sourire aux lèvres il fit « Hélène, on s’mariera un jour hein ? Et on s’ra heureux, et on aura pleiiiiiiiiiiiiiiiiiiiins d’enfants ! » puis sa tête tomba sur l’oreiller et il s’endormit comme un bébé.

« Hélène, tu tiens pas à te marier sur cette chanson quand même ? » « Mais Robyn, cette chanson c’est… le romantisme, c’est… l’amour, c’est Dirty Dancing quoi ! » Le visage du fiancé se décomposa pendant qu’il tournait les talons. Et ce fut bien cette chanson qui passa pour le mariage d’Hélène et de Robyn. Qu’elle erreur il fit la de se marier. Il le regretta quelques temps après en surprenant sa femme au lit avec Glen Hallen, oui oui le petit con de son ancienne école. « Robyn j’vais t’expliquer, c’est pas ce que tu crois j’vais… » Il claqua la porte en prenant ses affaires, le mariage, c’est de la merde, les relations c’est de la merde, tout est de la merde ! Son peu d’affaire dans son sac il prit le métro pour s’installer dans le seul endroit qui pouvait l’accueillir : son bureau. A cette heure-ci, le métro était bondé et le brouhaha lui donnait mal au crâne. Pour se vider la tête, l’homme attrapa son mp3 et fit défiler les musiques, chantonnant parfois. Tout à coup une musique retentit « Time of my life » et il se mit à crier dans le bus « Je déteste cette putain de chanson ! » Les gens autour de lui se retournèrent tout en se posant des questions pendant que Robyn attendait l’arrêt d’après pour sortir du train, ne faisant attention qu’à lui-même. D’accord, jusqu’ici il a eu une vie de merde, bon chacun la sienne, cependant ce n’est pas la dernière fois qu’on le fou dans la merde. Robyn s’était donc installé dans son bureau n’ayant aucun endroit où aller pendant que sa femme demandait le divorce en essayant de prendre tout ce qu’elle pouvait. Un matin, le jeune homme fut réveillé par une élève qui avait oublié la veille son classeur et qui avait demandé à la récupérer alors qu’il ne devait pas y avoir cours de la journée dans celle-ci. Elle claqua alors la porte pour faire sortir son professeur de son lourd sommeil « Oh, excusez-moi Monsieur Collins, je ne savais pas que vous travailliez… si tard. » Se remettant convenablement sur son fauteuil, l’homme passa sa main dans ses cheveux à présent court contrairement à son adolescence « Euh non… ne te fais aucun soucis, euh… t’es venu foutre, euh faire quoi ici ? » L’étudiante fit un large sourire innocent ce qui ne lui allait pas vraiment bien à vrai dire « Je suis venue récupérer un classeur que j’ai oublié, mais j’ai trouvé mieux à faire… » Robyn avait eu le temps de remettre sa chemise froissée en place et de se caler contre son bureau, face aux tables d’étudiants. « Ah bon… c’est quoi cette chose ? » « Vous Monsieur Collins ! » Les yeux écarquillés, l’homme bégaya « Mo… Moi ? Comment ça mais euh… C’est pas très… Non faut pas faire ça faut… » La jeune femme n’avait même pas écouté son professeur, elle l’avait simplement poussé contre le bureau, se collant à lui et tenant sa cravate entre ses doigts fins, et c’est bien évidemment à ce moment-là que le directeur de l’école où travaillait Robyn fit son apparition « Madamoiselle Alysha, vous avez trouvés… Monsieur Collins mais… Que faite vous ?! » Le jeune brun poussa alors l’étudiante qui grimaça telle… une garce en fait. Elle attrapa son classeur et se dépêcha de sortir de la classe sous les yeux ébahis du moustachu, et oui encore un. « Qu’est-ce que vous faisiez ? Et… c’est quoi ses affaires ? Vous squatter dans votre salle de classe mais… ?! » « Euh j’vais vous expliquer, ce n’est pas ce que vous croyez j’vais… » « DEHOOOOOOOOOOOOOORS ! » fit le moustachu. Et avec ses paroles, il prit tout ce qui restait à l’homme, son boulot. Les mois défilèrent, Robyn les noyaient alors dans l’alcool, le tabac et la drogue mais un beau jour, on lui proposa un job à Brown, certes l’éducation allait peut être être différente et c’était… loin, très loin de sa région parisienne cependant, cela lui permettait de se changer les idées et de changer de vie. Il accepta et partit de bon cœur. Nous y voilà les enfants !