Assise devant le lit reposant un vieil homme fatigué, une jeune femme caressait la paume de sa main, avec un regard doux et rempli de tendresse envers cet homme. Il s'agissait de son père. Un homme rempli de devoirs, ayant une connaissance absolu sur l'ensemble de sa famille et possédant une autorité inouïe sur les êtres qui l'entouraient. Les médecins avaient diagnostiqué qu'il avait un problème cardiaque et que le moindre stress, la moindre contrariété pourrait être fatale pour lui. Savoir que l'homme qu'elle aimait le plus au monde pouvait mourir d'un instant à l'autre était une chose qui fut difficile à porter. «
Comment va-t-il Lucy? » La jeune femme tournait son regard vers sa mère, un maigre sourire sur ses lèvres. «
Il se repose. » Maria, la mère de la prénommée Lucy, lui demandait de venir dans l'autre pièce afin qu'elles puissent discuter entre mère et fille. La jeune femme déposait un baiser sur le front de son père endormi puis quittait la chambre pour se rendre dans la pièce d'à coté. «
Tu n'as pas envie de lui faire de peine mais je vois que tu en souffres, tu devrais le lui dire. » Présentes dans sa propre chambre, Lucy s'installait sur son lit, laissant pousser un soupir. Elle n'avait pas réellement envie d'aborder ce sujet. Un sujet qu'elle voulait oublier pour mieux respirer. Elle n'apportait aucun mot à ses paroles, préférant adopter pour le silence. «
Chérie... » «
Non, maman, écoute moi. Ce n'est pas papa qui m'a forcé à divorcer. C'est une décision que j'ai prise moi-même, parce que je le voulais, parce qu'il me semblait que ce soit mieux autant pour lui que pour moi. Je ne l'aime plus. C'est aussi simple que ça. » Maria baissait les yeux vers le sol. Elle connaissait sa fille par coeur. Elle l'avait mise au monde et se considéraient presque comme des meilleures amies. Elle avait conscience que son père était très à cheval sur les traditions mais il fallait qu'elle le sache. «
J'ai surprise votre conversation il y a trois semaines. … » Lucy levait son regard et haussait un sourcil. «
N'essaies pas d'apporter des mensonges... Tu n'as jamais été très douée dans ce domaine » La jeune femme roulait légèrement des yeux, un sourire minime au coin des lèvres. «
Je ne pouvais pas risquer de perdre papa... Quand j'ai su ce qu'il avait, je me devais de respecter ses volontés. Je ne peux plus revenir en arrière. » Une petite larme venait perler son oeil droit qu'elle essayait de cacher avant que d'autres n'arrivent. Sa mère se rapprochait d'elle, soulevant doucement le menton de sa fille. «
Nous avons toujours le choix. Tout n'est pas perdu. Si tu expliquais ce que tu ressens à ton père, si tu t'expliquais avec Jaime peut être que… » Elle essuyait ses larmes d'un revers de main, s'obstinant à être négative là dessus. «
Jaime ne pourra jamais comprendre. Je sais déjà ce qu'il va me dire. Tu es une adulte, tu n'as pas à faire le bon vouloir de ton père. C'est perdu d'avance, maman. C'est fini. Tu ne l'auras jamais comme beau-fils. » Ses larmes devenaient instable et Lucy avait prononcé ses derniers mots avec une pointe de rire qui s'était brisée ses sanglots. Maria la prenait dans ses bras. «
Chut, calme toi... Tu aimes ces deux hommes. Ce n'est que compréhensible. Ton père t'a imposé un choix, parle lui. Expliques lui tout. Tout ira bien… » «
Ce n'est pas la peine de m'expliquer… »
«
Papa... » Monsieur Whitfield lui fit un signe de la main pour qu'elle puisse s'approcher de lui et aller dans ses bras. Lucy se levait, s'excusant auprès de sa mère avec un petit sourire. Elle séchait les larmes qui perlaient son visage alors que son père la tenait au creux de ses bras. «
Nous devons discuter ma fille... » Lucy ne disait rien mais affirmait d'un signe de tête. Ils retournèrent dans la chambre de son père et s'installèrent sur le lit. Dans ces situations, la jeune enseignante savait qu'il ne fallait pas commencer la conversation sans qu'il ne le commence. Un silence lourd et pesant s'était installé entre les deux Whitfield. Lucy ne savait pas où elle devait regarder, ainsi son regard allait de son père au reste de la pièce. Par contre, lui, avait ses yeux posés sur sa fille et ne cillait pas un seul instant. «
Tu l'aimes? » Elle ne répondait pas. Ce devait être évident qu'elle aimait encore. Ces larmes n'étaient pas présents pour jouer les victimes et faire jolie sur son visage. «
Lucy ! » Elle levait les yeux au ciel. «
Evidemment que je l'aime papa. Même mon avocat doutait de cette prise de décision tellement que j'en étais même pas convaincue. J'ai essayé de te le dire des milliers de fois... Je ne voulais pas te faire de peine mais c'est insupportable à surmonter... Tu comprends? » Elle en doutait. Lorsque son père avait ordonné à sa fille de divorcer avec cet homme fortuné, elle a du faire un choix et c'est son père qui l'avait emporté. Plus par pitié que par amour. Il est irrévocable qu'elle portait un amour démesuré pour l'homme installé à coté d'elle mais son amour pour Jaime continuait de faire battre son coeur. Ce n'était pas son argent qui l'intéressait ou quoique ce soit ayant un rapport mais ce fut bien pour sa personnalité. «
Papa... » Il ne parlait plus, ne bougeait plus. Elle avait peur qu'il refasse une rechute qui pourrait lui couter la vie. Elle s'était levée pour chercher sa mère mais il vint attraper le poignée de son enfant pour la faire retenir. Lucy se réinstallait sur le matelas moelleux. «
Il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre désormais... » Une toux grasse trahissait sa voix. «
Je ne voudrais pas m'en aller en sachant que j'ai fais autant souffrir la seule fille que je n'ai jamais eu. » Lucy faisait disparaître des larmes qui recommençaient à couler mais une tentative vouée à l'échec. «
Le mal est fait. C'est trop tard. Je ne saurais pas m'expliquer devant lui mais si c'est réellement ce que tu veux, si tu l'aimes autant que tu le dis et surtout, si lui il t'aime et j'espère bien. » Il posait une pause en soulevant le menton de sa fille et en séchant une larme. «
J'accepterai ta volonté. » Il ramenait Lucy auprès de lui pour la serrer tout contre son corps, sa main gauche posée sur la tête de l'enseignante. «
Je t'aime Lucy. » Au fond d'elle, elle savait qu'il ne lui restait que quelques semaines. Sa toux devenait plus régulière, son pouls ne cessait de s'accélérer et chaque jour, le médecin de leur famille venait leur rendre visite afin de voir où il en était. C'était un vrai supplice. Malgré l'amour qu'elle portait pour Jaime, elle passerait le reste de son temps, après son travail, auprès de lui jusqu'à ce qu'il s'en aille. Ce serait un chagrin trop lourd à garder. Elle profiterait de chaque moment avec lui. Chaque moment...
Installée à son bureau, au milieu de sa classe de littérature, Lucy lisait, à de maintes reprises, une lettre en provenance de l’université de Brown. Il y a quelques mois, elle avait postulé là bas pour la rémunération mais également pour approfondir son savoir auprès de cette majestueuse université. Actuellement, elle n'avait pas la tête à partir pour Brown et pourtant, elle devrait faire un choix très rapidement. Elle regardait sa montre. Elle aurait du rentrer il y a une heure. Prenant ses affaires, elle quittait sa salle de classe, regardant celle ci une dernière fois. Le directeur de l'établissement avait encouragé la jeune femme a accepté ce poste. En effet, depuis la mort de son père, Lucy se rattachait du mieux qu'elle le pouvait à son boulot mais les paroles sensées du directeur la rendaient que plus mal. Changer de travail, changer de ville pour mieux se sentir. «
Je vais accepter ce poste, monsieur le directeur. » Eut-elle prononcée en étant face à ce dernier. Perdre un élément aussi efficace était difficile mais il comprenait. «
Vous nous manquerez, Miss Whitfield. » Lucy baissait les yeux, ravalant les petites larmes qui apparaissaient. «
Je viendrais faire mes aurevoirs à mes élèves, demain. Je vous demanderai de les laisser rentrer chez eux ensuite. Ils n'accepteront pas une remplaçante aussi rapidement. » Le directeur lui souriait puis vint la serrer dans ses bras. Une histoire qui s'achève et un nouveau chapitre commencerait à l'université de Brown. Pour le bien ou pour le mal de Lucy.