La vérité c'est qu'elle a un truc que les autres femmes n'ont pas, une certaine liberté dans le regard qui fait que l'on sait de suite qu'elle est inaccessible. Bien sur que ses talons sont trop hauts, que quinze centimètres pour elle c'est juste mais pour les autres ça fait poupée démodée. Évidemment qu'elle aurait pu moins relever ses cheveux, mais personne n'aurait vu sa nuque et son visage d'ange jamais abimé. Sa jupe est trop courte, c'est vrai, mais elle le sait que ses fesses sont regardées, il faut avouer ce qui est, il est généreux ce derrière là, alors si la jupe est trop courte, quelle importance, n'est pas ?

Oui, elle était habillée comme cela pour une soirée qui n'était pas une soirée comme celle où elle se retrouvait souvent. Certes elle n'y allait pas pour retrouver une jeunesse perdue ou on ne sait quoi, mais juste pour s'amuser, comme elle le fait à chaque fois. Parce que sa jeunesse n'est pas perdue, loin de là, non, elle est bien en étant ce qu'elle est, un modèle de femme trop surfait.

Elle est devant la boite de nuit, elle hésite un peu, elle entend les gens rirent et elle mentirait si elle disait que cela ne la décide pas à entrer. Alors elle avance, lentement, elle se sent regarder, se dit surement que personne de son âge sera à l'intérieur, mais bizarrement ça lui plait. Elle fini donc par arriver devant les portes d'entrée, deux trois sourires bien placées, et la voici à l'intérieur. La mousse est déjà partout dans la salle, une odeur de savon lui monte d'ailleurs au nez.

Elle s'avance vers le bar, regardant autours d'elle, se sentant tout simplement belle, elle n'a aucun complexe, c'est bien sa plus grande qualité, elle sait ce qu'elle vaut, ce qu'elle fait. D'une voix d'enfant, elle commande une téquila, un souvenir de ses origines et de ses nuits en Espagne quand la folie embuée son cerveau déjà bien alcoolisé. Elle attend son verre, ô pas longtemps, on ne fait pas attendre Esperanza, n'est ce pas ? Elle boit le verre ambré d'un seul trait, et lui vient alors l'envie de se défouler.

Devant la démarcation du monde réel et de celui mousseux, elle sourit une nouvelle fois, passant sa main dans la mousse comme si un autre univers l'attendait. Elle entend les pas qui frôlent le sol, les talons qui dérapent un peu, alors avant d'avancer vraiment, elle quitte les siens, prête à se déhancher au milieu d'une foule qu'elle ne connait pas mais qu'elle saura aimer. Alors elle entre, elle s'enivre, elle ferme les yeux, et tout disparait le monde réel et l'impression que la vie va connaitre son apogée, elle est partie, c'est vrai, pour danser toute la soirée.

- Arrêtes ça de suite.

Je hausse les épaules en regardant les filles, un duo dont je me passerai presque pour passer la soirée dans ma chambre au téléphone avec Jazz ou bien encore à faire semblant de m'occuper des choses qui concerne les lambdas. Semblant ? Parce que les choses de la sororité ont été réglé depuis deux jours déjà, tout va bien, on excelle, comme d'habitude.

- June, on a l'impression que tu nous fais un retour dans le temps.

Si elles prononcent son prénom, je jure que je ne leur adresserai plus jamais la parole de ma vie. Mais la vraie question, c'est que je ne sais même pas de quel prénom j'ai peur, qu'elle histoire je fuis, pourquoi je fais semblant de tout au lieu de juste murmurer un Oui, à la vie.

- Tu sais ... Comme quand Jay t'a laissé.

Pétasses. Jay ne m'a pas laissé, de toute façon, lui et moi, on était pas un couple, on était juste deux cons qui croyait avoir une science infuse en ce qui concerne les sentiments. Jay ne m'a pas laissé, Jay est juste sorti de ma vie. Puis c'est pas comme si j'étais comme à l'époque où il est parti. Je vais bien, je souris, ma moyenne est toujours au même point, c'est à dire élevée, les filles sont heureuses de m'avoir comme présidente, en fin je crois. Alors, à quoi cela sert de venir parler de Jay, là, maintenant. Je commence à bouillir intérieurement, à les regarder à tour de rôle, me demandant laquelle je vais baffer en premier.

- Chérie, tu sais, on a vu la photo ... Seacrest n'est pas pour toi.

C'est donc ça, le monde entier est au courant de toute ma vie privée. Génial. Je fini par me lever car leur interrogatoire commence à sérieusement me gonfler. C'est pourtant simple à assimiler, j'en suis persuadée, je suis assez grande pour décider de ce que je fais, de qui dit faire partie de ma vie, et qui doit en sortir. Je ne sais même plus chez laquelle des deux je suis, quel jour on est et depuis combien de temps je ne l'ai pas appelé. Faisant craqué ma nuque tandis que je turne dans la pièce, j'ouvre un placard, trouve une bouteille, ne l'ouvre pas, je décide juste de la garder avec moi. Pour plus tard n'est ce pas ? J'attrape un trousseau de clefs, leur envoie un joli sourire, avant de prononcer.

- Becky ? Quand il a fallu que tu te fasses avorter parce que tu n'avais aucune idée de qui était le père, est ce que j'ai dis quelque chose ? Non, je t'ai tenu la main et je t'ai accompagné jusqu'à l'hopital. Et toi, Marie, quand ton père est parti avec sa secrétaire et que ta mère buvait comme un trou pour l'oublier, c'est bien chez moi que tu es venue dormir, sans que je ne demande d'explication ? Oui, c'est bien ça. Alors ce soir, vous allez être bien gentilles, mais surtout, surtout, ne plus rien dire sur les choses qui se passent dans ma vie.

Sur ce, je passe la porte, avec la bouteille en main et les clefs d'une de leur voiture dans l'autre. Un fou rire aux lèvres et une envie de liberté et d'oublier en tête. J'appuie sur le petit bouton et le déclic d'ouverture se fait entendre. Une gorgée d'alcool pour moi et le moteur qui décolle. A côté sur le siège passager ? Une invitation vip à la soirée mousse qui se déroule ce soir au Monet Lounge, la liberté, ça peut peut être commencer par là, qui sait.