Je me présente : Mrs Harrison, je suis infirmière psychologue. Une formalité que de passer me voir pour établir votre dossier de santé. À Brown, nous prenons toutes les précautions nécessaires et nous suivons chaque élève qui pourrait être dans le besoin pour un quelconque problème. N’ayez donc pas peur de vous laisser aller, je suis tenue au secret médical.

Je m’appelle Faust, mais vous pouvez me nommer Renarde ou Fausty. J’ai dix-sept ans, même si je perds déjà mes dents et je suis un chat, à moins que je me trompe sur la marchandise O.o’. J’ai décidé d’interpréter Rosie Tupper, parce qu’il faut avouer qu’elle est juste orgasmique ! D’ailleurs, c’est un personnage inventé. J’ai connu Providence grâce à google et j’espère ne pas le regretter. Ah oui ! Le fichu code du forum, je l’ai trouvé sans trop de difficulté. La preuve, c’est validé par riri Et c’est pas fini ! J’aimerais rajouter que les koalamas empaillés c'est trop cool les marrons !.

→ Je moi-même, en quelques points :

• Tous les matins du monde meurent sur le bord de mon lit, assoiffés de soleil. En général, ils sont plutôt sombres et confus, je prends surtout garde à ne pas malencontreusement me cogner à ce satané bord du lit pour procéder tranquillement dans une cuisine pas plus grande qu’une cuisine standard pour étudiant fauché. Et comme je refuse toute aide venant de ma mère, je m’en contente. Et puis, ce n’est pas comme si j’avais besoin de beaucoup d’espace. Après une tasse de café revigorante suivie d’une douche, je sors au dehors, prête à attaquer une journée de cours. Puis je rentre, assez tôt je dois dire, pour m’enfermer dans mon deux-pièces majoritairement pris par des étagères de livres et de DVDS généreusement remplies. J’étudie, je surfe sur le web une bonne partie de la soirée, je lis ou m’affale devant mon téléviseur pour regarder un quelconque film qui pourrait m’inspirer une quelconque prise de vue comme une quelconque esthétique. Pas très glorieux, hein ?
  
• Les bouquins sont mes meilleurs amis. Je ne suis pas très sociable et quand je m’y essaye, c’est une véritable catastrophe planétaire. Le sarcasme est ma deuxième langue et il se mêle très bien à mon anglais de tous les jours. Peut-être trop bien, d’ailleurs. Cela ne me dérange pas, mais il est difficile de se faire des amis quand on ne rencontre pas beaucoup de gens doués du second degré. J’ai également tendance à faire tomber tout ce qui me passe sous la main d’une manière un peu trop générale. Préférer garder le silence ne me sauve donc pas dans le domaine de la discrétion dans ces cas-là. Si je vais à la cafétéria de l'université, c’est seule et accompagnée d’un carnet dans lequel je note observations, idées, dessins. Je ne supporte pas les endroits bondés, ils me rendent très vite malade. En gros, si vous vous attendiez à quelqu’un d’extraverti, d’habile et de bavard, vous êtes à la mauvaise adresse. L’amour ? Je n’y crois pas. Je préfère profiter et me laisser guider au gré de mes envies (envers les filles comme envers les garçons).
  
• J’ai vécu une bonne partie de ma vie à Orlando, en Floride, là où la chaleur est si importante que la température moyenne à l’ombre équivaut à quarante degrés Celsius les jours les plus chauds. Ma mère et moi vivions en bordure de la ville, dans un quartier pavillonnaire des plus américains. Dans le style zéro intimité y avait pas mieux. Les voisins étaient des gens absolument charmants avec un chien absolument charmant qui adorait par-dessus tout hurler à la mort les trois-quarts du temps de sa vie de chien. Mon lycée était infesté d’êtres humains dotés de capacités intellectuelles proches de celles des amibes. Ce qui constituait l’unique chose fascinante chez eux, je dirais. Néanmoins, j’avais réussi à me faire une amie, Alice. On s’est perdues de vue à la fin de notre dernière année. En ce qui concerne ma mère, elle a préféré quitter le quartier pavillonnaire pour s’installer au centre d’Orlando que de rester seule dans cette maison devenue trop grande.

→ Summer Rains: départ d'Orlando.
Voilà. Ma chambre était vide, ou presque. Il ne restait plus que mon lit défait de ses draps, mes meubles vides, les murs nus et une horrible sensation de nostalgie mort-née. J’évitai de rester trop longtemps dans cette pièce où j’avais vécu la plus grande partie de ma vie, le cœur lourd de souvenirs et de non-dits. J’avais détesté cette ville, ce quartier pavillonnaire et voilà que maintenant que je m’apprêtai à le quitter pour de bon, il commençait déjà à me manquer. J’aurais pu changer d’avis, m’inscrire à l’université du coin et me berner à apprendre quelque chose qui ne me plaisait pas. J’aurais pu me précipiter vers la voiture de ma mère, en sortir mes cartons, mes valises, et tout remettre à sa place.

Au lieu de ça, j’ai reniflé et j’ai refermé la porte.

Ma mère m’attendait déjà, clefs en main, la mine triste. Je ne dis rien, elle resta tout aussi muette. J’ai pris place dans la voiture tandis qu’elle fermait la porte d’entrée de la maison puis elle m’a rejointe, a démarré la voiture et on est parti. Je suis partie, pour de bon. Tout cela n’aurait eu aucun sens si j’avais avorté ce projet à la dernière minute. Toute cette histoire d’indépendance, ces grands plans d’avenir, ce que m’offrait l'université et le cursus que j’avais choisi, tout cela serait parti en fumée. Je m’étais fixée pour objectif de grandir, de rencontrer du monde, de voir le monde. Pas de rester à Orlando jusqu’à la fin de mes jours à trimer de petit boulot en petit boulot et d’avoir une existence en tout point médiocre.

C’est comme si ce dernier été n’avait été qu’un rêve-éveillé. Alice était partie plus tôt s’installer en Californie et j’étais restée seule chez moi, à lire toute la sainte journée, pendant à peu près deux mois. J’avais écrit aussi, et peint, et puis j’avais également regardé les films conseillés par mon professeur d’Histoire des Arts du lycée. A présent, je ne savais plus trop si j’étais réellement prête à affronter l’université et la vie estudiantine. L’indépendance, c’est bien beau mais encore faut-il savoir l’assumer.

Je me rassurai en me disant que je ne serai pas seule, là-bas. J’aurais une colocataire certainement dans le même bain que moi. Cette pensée me fit sourire alors que je regardais le paysage défiler devant mes yeux.

Le voyage me parut court, beaucoup trop court. A la fin de la journée, nous étions arrivées. Ma mère gara la voiture à proximité de l’aile dans laquelle se trouvait ma chambre puis, après être allées chercher la clef de cette dernière, on commença à tout déballer. On se contenta simplement d’amener tous mes cartons et mes deux valises, j’aurais tout le loisir de ranger plus tard. Je ne désirais plus qu’une chose : que ma mère s’en aille histoire de mettre ainsi fin à cet horrible malaise qui me tordait l’estomac depuis que nous étions parties.

Elle m’offrit une longue étreinte, à laquelle je répondis faiblement, mes muscles semblant incapables de trouver le reste de force que j’avais et elle s’en alla. Le fil était rompu.