Je soupire un peu, lance des sourires à tout le monde, réponds aux questions, mange un peu, mais pas tant que ça, j'ai l'impression qu'on m'oblige à faire quelque chose. Les filles parlent un peu dans tous les sens, et mon esprit s'envole vers un ailleurs que je préfère à ce moment de passage, un genre de mythe, le moment qu'on passe à la cafétéria.

Assise au milieu d'un monde que je connais à moitié, tandis que la discussion suit son cours, je fais le tour de la salle du regard. Observe qui est là, qui ne l'est pas. La fille assise la-bas ? Je crois qu'elle s'est faite larguée, il n'y a pas longtemps, habituellement, elle est toujours accompagnée par celui qui dit l'aimer. Je hoche la tête négativement, pour argumenter ma pensée et répondre à une question que quelqu'un de mon entourage vient de poser.

Je continue de faire passer mes yeux d'une table à une autre, jusqu'au moment où sans le vouloir je tombe yeux à yeux, si c'est possible que cette expression existe, avec ceux de Lenny, je tente un mini sourire, tandis que je retourne à la discussion, pour ne pas à l'avoir dans les pattes, à force de le croiser parfois, je commence à comprendre comme il fonctionne, et même si je ne sais pas ce qu'il cherche vraiment, je sais que je n'aime pas ça.

Je dis au revoir aux gens qui m'entourent, prétextant que j'ai un cours qui commence bientôt. J'attrape mon plateau et avance vers l'endroit où on doit déposer les plateaux. Lassée déjà de la routine que je vis sans le voir, je pose mon plateau et je vais pour me retourner quand je me rends compte que j'ai été suivis. Par politesse, encore une fois, je lui souris.

- Ma beauté ! Ca fait longtemps que je t'ai pas vu. La dernière fois c'était à la fête de ta confrérie d'ailleurs, j'étais déçu tu m'as laissé en plan dans une chambre c'était pas très classe de ta part.

Je n'ai aucun souvenir de ce moment là, ou alors je plaide non coupable, c'est au choix. J'ai pas envie de me prendre la tête sur ce que j'ai fais ou ce que je n'ai pas fais. J'agis sans réfléchis tout en restant égale à moi même, et c'est dit depuis le départ, jamais je ne coucherai avec ce garçon, là.

Celui qui vient de m'attraper et de me coller contre le mur. Je pourrai être flattée, c'est vrai, mais j'ai trop souvent entendu parler de lui pour croire qu'il est amoureux ou quelque chose comme ça.

- Tu es vraiment superbe aujourd'hui et j'adore l'odeur de ton parfum.

Je réagis pas à ses compliments, même si ça fait toujours plaisir de savoir qu'on me trouve jolie. Je ferme les yeux, l'espace d'une minute j'ai envie de jouer comme je n'en ai pas envie. Je voudrai le foutre une claque, la plus belle de sa vie. Lui montrer une bonne fois pour toute que je ne suis pas n'importe qui avec qui on peut faire n'importe quoi.

Je le repousse, l'éloigne de moi, je choisis de ne pas jouer, de ne pas faire les allumeuse parce que je ne sais pas jusqu'où il peut aller alors que moi j'ai des centaines de limites. Pour moi et pour tous ce en quoi je crois. Je replace mes cheveux derrière mes oreilles, je pince un peu mes lèvres, reprends le contrôle de la situation.

Et puis ... Et puis je me décide à dire quelque chose, à faire avancer cette histoire qui ne débutera jamais. L'envie de le frapper aussi fort en tête, je choisi une réplique qui me fera passer pour celle que je suis, depuis toujours, et pour toujours. C'est même en soupirant, que je fini par enfin parler au lieu de faire marcher mon cerveau trop pour des conneries.

- T'en as pas marre de me courir après ?

Ce n'est pas que ça m'énerve vraiment, mais je commence à être carrément irritée. Agacée. J'aimerai n'être jamais venue manger aujourd'hui, au moins j'aurai éviter cette discussion qui finira surement par mal tourner.