Et une journée supplémentaire de passée, une. La fin de l’année se profilait à l’horizon ce qui allait également entrainer une période que j’appréciais particulièrement dans ma vie d’étudiante, les vacances. C’est peut-être stupide d’attendre comme un collégien bouseux le dernier jour pour pouvoir dire tout fort que nous étions enfin en vacances pour une durée plus ou moins importante mais à cette époque de l’année nous en avions tous besoin, les partiels étaient en cours, j’avais terminé les miens sans pour autant savoir si j’avais cartonné –comme tout le temps– ou le contraire, bon tout le monde le savait puisque mon niveau scolaire était au-dessus de la moyenne de mon cursus mais j’avais toujours un doute, la faute à ce cursus de philosophie que j’avais choisi uniquement pour faire plaisir à mon père, il voulait que je sois une grande philosophe qui ferait avancer les choses alors que mon seul rêve était de finir dans la danse, le théâtre ou, pour dire d’avoir un travail qui faisait « sérieux » devant la famille l’enseignement. Non, franchement la philosophie était quelque chose de tellement subjectif que je ne pouvais pas être certaine d’avoir réussi mes examens temps que les résultats n’étaient pas annoncés. En attendant j’allais profiter de mon temps libre pour faire les magasins, passer du temps avec Neven et aussi essayer de parler avec Reyne.

Cette petite blonde, aussi étonnant que ça puisse l’être était depuis quatre ans mon amie, au départ j’aurais vraiment cru que l’une d’entre nous allait finir par assassiner l’autre dans son sommeil mais non… A la suite de mon bizutage qui me laissait un souvenir plutôt agréable malgré l’action que j’avais dû faire pour convaincre les Iotas j’étais donc arrivée dans leur maison sans avoir une chambre de fixée, la chef de la confrérie m’avait donc fait savoir qu’une chambre était encore libre mais qu’elle devait être partagée avec une fille qui y vivait déjà, autant vous dire que je n’avais pas sauté de joie à l’idée d’avoir une colocataire étant bien trop habituée à vivre toute seule mais après de gros orages entre nous les choses s’étaient apaisées… Nous parlions parfois même s’il suffisait d’un regard pour qu’on puisse se comprendre sur certaines choses, j’aurais voulu être un peu plus proche d’elle bien sûr mais quelque chose la tracassait et elle se refermait très vite sur elle-même lorsque j’essayais d’aborder ce sujet encore trop sensible pour qu’on puisse en parler librement.

Ce soir lorsque Reyne était rentrée nous nous étions fait la bise comme à notre habitude échangeant rapidement les pires banalités puis elle s’était éclipsée pour prendre une douche et très vite se mettre au lit, je projetais personnellement de me rendre à mon appart pour passer une petite soirée avec Neven –oui parce que j’avais quand même acheté un appartement pour un peu plus de liberté quand l’une d’entre nous était avec un garçon– mais il s’était fait porté pâle au dernier moment pour aller baiser une autre chienne me rendant verte de jalousie. Normal lorsqu’on commence à avoir des sentiments pour quelqu’un ? En tout cas je ne comptais pas en parler à quelqu’un, nous étions les meilleurs amis du monde et une relation plus approfondie était inenvisageable. Face à cet imprévu je m’étais donc fait à l’idée de me coucher tôt pour une fois, j’avais du sommeil à rattraper et c’est pour ça que je m’endormais très vite, pourtant à peine avais-je commencé à m’enliser dans mes rêves qu’une voix vint me réveiller, Reyne était en train de crier. Je me relevais vite prenant mon iPhone pour allumer ma lampe torche. « Est-ce que ça va ? » Elle était en sueur, il était de moins en moins rare qu’elle fasse de tels cauchemars. Je me relevais pour venir la rejoindre sur son lit. « Tu as surement fait un mauvais rêve… Tu veux quelque chose à boire ? Un chocolat chaud pour te remettre de tes émotions ? »

Oui ben oui, je l'avais bien réveillée la pauvre. Il ne faut pas demander comment ce maudit cauchemar avait du m'agiter pour que je la tire ainsi de ses doux songes à elle. Mince, je m'en voulais presque d'avoir perturbé sa nuit. Elle vint s'assoir auprès de moi, si gentiment. Eileen était une pote, oui avec elle et à force de partager cet endroit j'avais un peu plus facile à être agréable avec elle et ce malgré des débuts peu glorieux. Mais Eileen s'était une chouette fille, sympa, marrante parfois même délirante. Elle ne se posait pas trop de question et les prises de têtes n'étaient pas gonflante. Agréable, tout mon contraire en fait. Elle était même bien trop gentille avec moi, regardez-là! Eveillée en pleine nuit et même pas elle ne m'en tient rigueur. Non, elle me propose même de me faire un chocolat chaud pour me remettre de mes émotions. Un peu à la façon d'une maman poule. A ses paroles, je ne peux que sourire doucement. Elle a tellement un bon fond cette fille que je fus bien incapable de la détester d'emblée. Je sais qu'elle est proche de ce gars Neven. Celui qui me gravite un peu autour en ce moment pour je ne sais trop quelle raison exactement. Je les ai vus un jour ensemble et si Eileen est proche de lui, c'est qu'il ne doit pas être aussi "nocif" que je le pense.

Oui oui, ça va. Surement oui mais c'est gentil ne te tracasse pas Eil'. Je suis navrée de t'avoir réveillée. lui dis-je en laissant échapper un soupir. Je n'avais pas conscience d'avoir parlé pendant mon sommeil agité, ni même d'avoir crié. Tout ce passage était inconscient. J'étais en nage, je ne me sentais pas au top, comme si j'avais du me débattre et que cela m'avait demandé un effort conséquent. C'est dingue chaque fois que je faisais un mauvais rêve, je me sentais si épuisée alors que mon sommeil aurait du provoquer tout le contraire. Le subconscient humain est une chose vraiment très étrange, hein! Ces derniers temps, mon sommeil était toujours assez agité et après j'avais beaucoup de mal à retrouver le sommeil. J'accusais la fatigue pour le moment, mais pour combien de temps encore. Un jour mon corps finirait bien par me dire, stop c'est de trop. Je ne mangeais pas beaucoup, je dépensais beaucoup d'énergie et pour mes études et pour la confrérie. J'étais la Pledge educator, celle chargée des bizutages, de veiller sur la réputation de notre sororité, de l'application de nos règles, etc. C'était un stress assez vif très souvent. Et pourtant, je me refusais à lâcher un seul pouce de terrain où que ce soit.

Tu devrais essayer de te recoucher miss, moi j'suis incapable de le faire. Je pense que je vais aller me défouler à la salle de sport de Brown. lui dis-je. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète mais je pense qu'inconsciemment j'espérais qu'elle décide de m'accompagner peut-être. En fait je n'avais pas envie de rester seule, mais mon foutu orgueil m'empêchait d'avouer quoique ce soit!

Le fait d’avoir été réveillée par Reyne n’était pas dérangeant, je ne comptais pas lui en tenir rigueur puisqu’elle n’était pas fautive, faire des cauchemars c’était à la portée de tout le monde et j’avais une terrible impression qu’elle n’était pas très à l’aise dans ses baskets ces derniers temps, elle n’avait jamais été comme ça, à bout de nerfs ne parvenant pas à trouver le sommeil c’est d’ailleurs ce qui m’avait mis la puce à l’oreille au départ. A l’heure actuelle je n’étais pas capable de définir ce qui pouvait chagriner la petite blonde à ce point mais le mieux à faire ce n’était pas de fouillé dans son dos, j’allais la pousser à me confesser son problème en restant proche d’elle, en étant présente comme à mon habitude ce qui était à mon sens le meilleur moyen de la mettre en confiance tout en restant honnête parce que j’étais loin de me forcer à rester avec elle. Je passais des bons moments avec Reyne après tout. Je lui proposais de prendre un chocolat chaud ou quelque chose d’autre si elle préférait une boisson chaude dans le genre thé ou café voir même une boisson froide, elle pouvait même se saouler la gueule je serais partante pour l’accompagner puisqu’en ce moment j’étais très ennuyée par mes problèmes de cœur avec Neven. Oh et puis je n’avais jamais eu besoin d’un motif pour boire de l’alcool alors pourquoi commencer aujourd’hui ? Mes paroles semblaient la rassurer puisqu’elle souriait ce qui me rendait également heureuse, je ne voulais pas qu’elle se renferme sur elle-même.

« Oui oui, ça va. Surement oui mais c'est gentil ne te tracasse pas Eil'. Je suis navrée de t'avoir réveillée. » Une petite moue boudeuse s’installait sur mon visage, je ne voulais surtout pas qu’elle s’excuse puisque de toute manière je n’étais pas encore endormie lorsqu’elle s’était réveillée en hurlant, à ce moment-là je commençais à trouver le sommeil ce qui me paraissait être une nuance même si le fait qu’il soit tard dans la nuit ne m’aidait pas à avoir une logique implacable je vous l’accorde. « Je ne dormais pas encore donc t’inquiètes… Et puis ça ne me dérange pas. » Je lui souriais m’approchant d’elle pour lui déposer un petit bisou sur la joue, une marque d’affection peut-être due au fait que je sois très tactile comme fille. Je me levais du lit pour m’approcher du frigo d’où je sortais une bouteille de lait, j’étais vêtue très légèrement, un boxer féminin qui me servait de short pour dormir et d’un t-shirt un peu moulant qui n’était pas fait pour sortir en boite de nuit par exemple. Je préparais rapidement le chocolat chaud que je lui apportais avec un petit sourire. « Bois ça tu vas voir que c’est une boisson qui fait des miracles après un tel réveil. » J’ajoutais à mes paroles un petit clin d’œil.

« Tu devrais essayer de te recoucher miss, moi j'suis incapable de le faire. Je pense que je vais aller me défouler à la salle de sport de Brown. » J’aurais pu laisser aller mais je n’étais pas trop partante pour me recoucher comme si de rien était alors qu’elle semblait vouloir fuir juste pour ne pas me déranger. « Si tu as envie de quelqu’un pour te tenir le punching-ball je suis partante. » Loin de moi l’envie de passer pour une fille collante mais passer du temps avec Reyne était loin d’être négatif pour moi et puis si cette nuit nous rapprochait davantage et bien pourquoi pas ?

Elle était gentille mais c'était en somme aussi ça les Iota Phi Nu. Nous prenions soins les unes des autres et ce même si l'ambition de certaines d'antre nous, nous poussais parfois à nous tirer dans les pattes. Mais notre code passait avant ça quand l'une des nôtres avait besoin de soutiens, les autres répondaient présente. En tant que Pledge educator, j'étais souvent redoutée par les petites bizuts mais les autres les frangines, elles savaient que je veillais aussi sur le respect de nos règles. Alors malgré mon caractère pas facile, je répondais souvent présentes pour les Iota. Et elle Faith... L'attitude qu'elle avait en ce moment était une des choses qui l'avait le plus qualifié pour entrer chez nous. Notre choix était évident, cette bonne vieille Faith avait été une candidate de choix. La preuve encore ce soir. Faith était une jeune femme très tactile, ce bisou en était la preuve. Cela n'avait pas été facile pour moi de m'adapter à ses petites marques d'attention qui n'était pas du tout mon genre à moi. Mais je trouvais que venant d'elle, ça semblait si naturel. Alors je la laissais me préparer ce chocolat chaud, finalement. Je pensais de plus en plus que j'avais été gagnante en récoltant cette ancienne bizut dans ma chambrée. Elle ne s'imposait jamais, elle était prévenante, de quoi aurais-je eu à me plaindre??? Ben de rien, c'est clair!

Faith vint se rassoir sur le bord de mon lit et je pris la tasse de chocolat fumant qu'elle me tendait. Je l'avais gratifiée d'un petit sourire pour la remercier chaleureusement, du moins aussi chaleureusement qu'il m'était possible à moi de le faire. J'en bu une gorgée, qui me réchauffa la gorge. Les palpitements de mon cœur s'étaient apaisés entre temps. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi je faisais ces stupides cauchemars de plus en plus fréquemment. Cette histoire de textos me turlupinait trop. J'aurais du m'en foutre totalement de cet idiot de mister X qui prenait un malin plaisir à jouer avec moi. J'aurais pu mettre un terme à tout ça en ne lisant tout simplement plus ces messages mais son odieux chantage... Que savait-il donc sur moi pour se permettre de me tourmenter ainsi? C'était certainement la curiosité d'en apprendre plus que me poussait à continuer son petit manège puéril. Je finis de boire et j'avais remarqué que Faith avait du s'apercevoir que je restais un peu pensive trop longtemps. Alors, je me secouais, déposant la tasse sur ma table de nuit. Je sortis de l'autre côté de mon lit. Je portais une tenue assez semblable à celle de ma compagne de chambre. Un coup d'oeil rapide dans le miroir de plein pied de notre chambre et j'attachais mes cheveux en queue de cheval.

Ok la miss! Si t'as pas envie de dormir ben allons-y! J'ai un trop plein d'énergie à évacuer, je crois que je devrais parfois ralentir sur le café... J'évitais pour le moment le sujet un peu sensible sur mes cauchemars. En fait j'appréhendais qu'elle ne me pose des questions. Jusqu'ici la seule personne au courant de toute cette affaire s'était June. Cela faisait un mois que je tenais tout ça pour moi, jusqu'au fameux jour de l'accident de voiture avec ma brune. Je pris la veste de mon survêtement qui trônait encore sur la chaise de mon bureau et je l'enfilais rapidement. Pas besoin de se changer, un shorty et un top pour ce que nous allions faire, suffisait largement. Je lui fit alors un clin d'oeil et j'allais enfiler une paire de basket.

Je n’avais pas eu un bizutage extrêmement marquant lorsque j’avais postulé à mon arrivée pour rejoindre les Iotas, au contraire puisque je l’avais passé haut la main sans même me casser un ongle, je crois bien que les filles qui s’occupaient des bizutages étaient déjà pleinement convaincues par moi sans avoir besoin de me faire faire quelque chose de stupide, pourtant j’aurais été capable de faire pas mal de choses juste pour leur prouver que j’étais LA fille qu’il leur fallait pour compléter le rang de la fraternité. Ne croyez pas que j’étais prétentieuse mais j’avais vraiment immédiatement accroché avec la chef et toutes les personnes importantes dans cette confrérie ce qui avait également été un super tremplin pour mon premier jour en tant que Iota. Je garderais surement de très bons souvenirs de mes années à Brown et toutes les filles comme Reyne y étaient pour quelque chose et le dire à haute voix était encore très surprenant étant donné que l’ambiance lorsque j’avais été placée dans la chambre de Reyne était plus que glaciale, nous n’étions pas parties sur une bonne base toutes les deux mais mes qualités humaines avaient surement été un atout non négligeable puisqu’aujourd’hui nous étions déjà plus proches l’une de l’autre. Vous voulez une preuve ? C’est moi qui était en train de préparer un chocolat chaud à la petite blonde parce qu’elle venait de faire un cauchemar et je n’avais vraiment pas à me forcer, cette envie de lui faire plaisir était tout à fait naturelle et le contraire venant de moi aurait été plus surprenant.

Je prenais à présent le risque d’être instantanément envoyée sur les roses, et puis merde de toute manière qu’est-ce que je pouvais en avoir à foutre qu’elle s’énerve contre moi parce que j’étais collante ? C’était pour son bien et elle devait sans doute en avoir conscience puisqu’elle acceptait que je l’accompagne à la salle de sport sur le campus. « Ok la miss! Si t'as pas envie de dormir ben allons-y! J'ai un trop plein d'énergie à évacuer, je crois que je devrais parfois ralentir sur le café... » Je souriais me relevant du lit pour enfiler une paire de baskets et pour prendre une petite veste juste le temps de traverser le campus et parce qu’il faisait un peu frisquet la nuit, n’oublions pas que les températures étaient encore de saison et qu’attraper un mauvais rhume était à la portée de tout le monde. « Je crois bien que je devrais carrément arrêter ma consommation de café, je galère toujours pour trouver le sommeil. » Nous pouvions à présent nous rendre à la salle de sport, il suffisait de quelques minutes pour que l’on débarque dans cette grande pièce aux odeurs légèrement masculines. « Tu as envie de commencer par quelque chose en particulier ? »

Pourquoi aurais-je refusé la compagnie de Faith? Après tout, c'était une Iota et mes frangines de la sororité passait avant toute chose et n'importe qui... ou presque. Puis Faith était sympa, elle me faisait rire parfois, elle avait de l'énergie et elle s'était hyper bien intégrée dès le départ. C'est peut-être parce qu'elle me plaisait bien dès le début que j'avais été moins vache en donnant son bizutage qu'avec d'autres que je ne considérais pas assez "digne" de s'incorporer parmi nous. Même si au début son affectation dans ma chambre, que je n'avais pas du partager pendant un an, m'avait quelque peu incommodée. Je m'étais dis qu'entretenir un climat malsain dans ma propre chambre ne me serait d'aucune utilité. Cela aurait été même très idiot, de ne pas tenter que tout se passe bien, non? Je l'avais pensé et grand bien fasse puisque nous nous étions un peu plus liées depuis. Je la regardais alors s'apprêter, elle était prête à me suivre en pleine nuit dans la salle de musculation. La prendre pour un gros pot de colle? Non, je pensais plutôt qu'elle était prête à partager un moment avec moi, juste parce que je n'étais pas au top et c'était une démarche amicale que j'appréciais malgré mes grands airs que je me donnais toujours.

Le truc c'est que les rumeurs et la réputation que j'avais sur le campus, perdait légèrement en puissance au sein du pavillon. J'étais un peu plus relâchée, un peu plus naturelle avec les filles. Mais certaines devaient tout de même se méfier car je ne m'entendais pas forcément avec toute. Eileen par exemple, faux sourire, fausse amabilité, tout était faux entre nous. Riley, la présidente se méfiait de moi et elle n'avait pas tout à fait tord. Puis d'autres comme Faith, Kait' ou encore Ruth et Jaim' étaient plus détendue parce que le feeling passait beaucoup mieux. Il faisait nuit alors que deux silhouette fine se faufilait dans les petits chemins du campus. Le temps n'était pas encore des plus admirable en cette saison du début du printemps et nous nous hâtions pour nous retrouver au chaud. Une fois dans la salle, Faith me demanda par quoi je voulais commencer. Bon la salle interne du campus ne proposait pas autant de choses que le centre, mais nous étions quand-même pas mal équipé l'air de rien. Je regardais autour de moi, ce qui attira mon regard était ce maudit punching-ball sur lequel j'avais sacrément envie de taper les poings. Les taper comme si je tapais cette tête de con qui m'envoyait ces stupides textos et qui entretenait ce petit jeu malsain à mes dépends. Ou encore sur la tête du crétin de footballeur et son pote demeuré qui m'avait prise pour cible l'autre jour. Ces deux-là j'aurais pu les faire suspendre pour agression si l'envie m'en avait prise. Mais je n'étais pas une demeurée moi, j'étais plus maligne et ces deux crétins ne perdraient rien pour attendre. D'un signe de tête je montrais l'objet de mon désir à Faith, puis je lui souris. J'ai une folle envie de taper dans quelque chose, à défaut de la tête de certaines personne... Oui je pensais ce que je venais de dire, j'avais besoin d'évacuer le stress et surtout la colère que j'avais emmagasinée depuis quelques semaines sans penser à l'évacuer. Tu vois ce punching-ball, il me fait penser à la tête de ces deux gros décérébrés de footballeurs qui se croivent hyper marrants... Oui cet épisode m'était resté en travers de la gorge. Aucun besoin de se presser, la patience est une vertu mais un jour le boomerang allait leur revenir en pleine poire.

J’étais contente malgré l’heure tardive qui m’empêchait d’avoir une réflexion digne de mes meilleurs jours. Être intello c’était bien et plus facile qu’on le croyait au passage puisque j’en étais une malgré mon physique de garce, ce que j’étais également je vous l’accorde. Comme je le disais peut-être que j’étais super intelligente et tout mais lorsqu’une certaine heure arrivait il m’était impossible de trop réfléchir, j’étais une vraie blonde lorsque je commençais à m’endormir et que je me réveillais précipitamment. Du coup j’espérais qu’elle n’allait pas entamer une discussion trop poussée sinon j’étais dans la merde. Bref, je m’étais rapidement trouvé quelque chose à me mettre pour le reste de la nuit histoire qu’on ne nous prenne pas pour des exhibitionnistes… Non, je ne cherchais pas une raison de justifier le fait de m’habiller, si je devais être une fille qui aimait le nudisme et bien j’allais l’être et me connaissant c’est quelque chose que j’aurais assumé avec une légèreté déconcertante. Par chance je ne l’étais pas, prête pour partir je faisais signe à Reyne la suivant dans les couloirs, merde mais c’est qu’il faisait sombre, je manquais de trébucher une fois me rattrapant au dernier moment. Inutile de vous dire que dans le cas contraire j’aurais eu la honte de ma vie !

Après quelques minutes à traverser les différents couloirs de notre belle et grosse maison peuplée de filles comme Reyne et moi nous nous retrouvions très rapidement dans la salle de sport. Bon, autant le dire tout de suite elle était loin de casser trois pattes à un canard puisqu’elle était très simple et qu’il y avait le matériel qu’on trouvait partout mais elle était suffisamment bien pour deux filles avec nos forces en pleine nuit. J’entrais après Reyne cherchant l’interrupteur pour allumer la lumière, dans la nuit je n’y voyais rien mais à force d’appuyer partout sur le mur je suppose que j’avais trouvé ce fameux bouton, les lumières venaient éclairer entièrement la pièce me forçant à fermer les yeux sur le coup, en quelques minutes je m’habituais à la lumière présente dans une quantité plus importante dans cette pièce. Tournant la tête vers ma camarade je lui demandais ce qu’elle voulait faire pour commencer. C’est difficile de dire ça mais elle était une fille en or, personne ne s’en doutait puisqu’elle se comportait comme beaucoup d’entre nous, elle se devait d’être un minimum garce pour ne pas qu’on lui marche sur les pieds ce qui était tout à son honneur comme pour moi d’ailleurs. « J'ai une folle envie de taper dans quelque chose, à défaut de la tête de certaines personne... » Je souriais regardant le punching-ball qui se trouvait en face de nous. Bonne idée et je voulais bien lui tenir l’engin pour qu’elle puisse se défouler dessus comme une hystérique. « Tu vois ce punching-ball, il me fait penser à la tête de ces deux gros décérébrés de footballeurs qui se croivent hyper marrants... » Je m’approchais du punching-ball l’empoignant pour qu’il ne bouge pas trop lorsque la petite blonde allait mettre des coups dessus. « Tu parles de qui ? Tu sais… On devrait les détruire, mettre leur réputation au plus bas juste pour te venger ! »

Je regardais obstinément ce punching-ball et je ne pouvais m'empêcher d'imaginer les traits que j'avais gravés dans ma mémoire ce fameux jour où cet imbécile et son pote m'avait prise pour cible. J'allais enfiler les gants de boxe, taper à mains nues m'aurait laissé des séquelles à coup sûr puis mon regard se reporta sur Faith. Je sais pas pourquoi, mais je l'aimais bien cette fille et entendre ce qu'elle venait de dire me mit de moins mauvaise humeur. Ouais, de ceux l'autre jours qui m'ont plaquée au sol à l'entraînement. putain t'imagines même pas la rage. et mon premier coup de poing s'écrasa sur le punching-ball alors que Faith le tenait déjà, prête à absorber l'impact qui fut rude. Je n'étais pas une boxeuse et encore moins une bagarreuse mais je savais tout de même me défendre. Decken, ma cousine m'avait donné quelques brèves leçons pour que je puisse au cas échéant me défendre. J'abattis un direct du gauche, bon dieu ce que j'aurais bien aimé lui foutre mon poing dans la figure ce jour-là. Sauf qu'avec plus de quatre-vingt kilos de muscles sur moi, j'avais vraiment eu très peu de marche pour ne serait-ce que tenter de lui en mettre un sur le nez. Dommage, j'avais du me contenter de moins.

Si j'avais voulu être salope, j'aurai porté plainte pour agression. Ils se seraient fait suspendre et pire même. Mais on se serait mis toute l'équipe à dos! dis-je entre deux ou trois directs balancés sans grande conviction. Je n'aimais pas me sentir pieds et poings liés comme je l'avais été ce jour-là. Le pire c'est qu'ils n'avaient même pas été fichu d'expliquer leurs gestes qui selon moins étaient totalement gratuit. Bordel après tout, je leur avais rien fait. Je pouvais être très garce quand je le désirais mais pour le coup ces deux zigotos, je les avais vraiment pas poussé à bout.Ce qui me m'était en colère dans le fond, c'était de ne pas comprendre, de ne pas trouver de raison à tout ça. Quand je ne comprenais pas quelque chose, il fallait à tout prix que je découvre ce qui avait cloché et quand. C'était plus fort que moi. Le pire c'est que je leur ai jamais parlé à ceux-là, limite je connais juste son putain de nom et son numéro sur le terrain et basta quoi j'en sais pas plus. dis-je en m'arquant en deux à bout de souffle. Parler et boxer ne faisait pas bon ménage pourtant j'étais endurante... Peut-être était-ce du au fait que mon palpitant s'emballait dès que j'étais à bout de nerfs. Le cauchemars, les textos de harcèlement et cet épisodes ça m'en faisait un peu beaucoup ces derniers temps. J'étais stressée au possible, j'étais comme une bombe a retardement prête à exploser!

Je finis par retirer les gants et à les tendre à Faith. A ton tour! Tiens et sinon, toi quoi de neuf ces temps-ci on a pas beaucoup parlé toutes les deux... j'accompagnais mon geste d'un sourire franc, la remerciant intérieurement de m'avoir accompagnée cette nuit. Je ne voulais pas l'avouer, mais je n'avais pas envie de rester seule pour une fois. Pas comme ces derniers jours où j'avais éprouvé le besoin de m'isoler un peu.

Je n’avais pas été réellement mise au courant de l’histoire et des rebondissements qui concernaient Reyne, non je dirais plutôt que je connaissais l’essentiel mais je ne doutais plus qu’elle m’en dirait davantage si je lui en faisais la demande. A présent dans la salle de sport de notre belle maison des Iotas j’avais tout de suite pensé au Punching-ball pour qu’elle puisse se vider la tête et se faire du bien en frappant dans quelque chose qui n’infligeait pas une douleur immense, c’était minime par rapport à un mur qu’on était souvent tous tentés de cogner après une mauvaise nouvelle, une moquerie ou je ne sais quoi d’autres. Pour la petite blonde j’étais prête à mettre la main à la pâte pour gâcher la vie des deux abrutis qui lui avaient semble-t-il fait du mal, pas que je sois la dernière pour ce genre de choses je vous l’accorde et puis… Être une garce ça n’avait pas de prix, rien de meilleur lorsqu’on n’allait pas bien comme moi ces derniers temps. Je cachais bien mon jeu mais je ressentais un énorme vide à l’intérieur, une plaie béante créée par Neven. « Ouais, de ceux l'autre jours qui m'ont plaquée au sol à l'entraînement. putain t'imagines même pas la rage. » Je me plaçais juste derrière le punching-ball plaçant mes mains à deux endroits stratégiques qui allaient me permettent de tenir sans trop reculer après chacun des coups de poing qu’elle allait mettre. « Si j'avais voulu être salope, j'aurai porté plainte pour agression. Ils se seraient fait suspendre et pire même. Mais on se serait mis toute l'équipe à dos! » Je réceptionnais plutôt bien les coups qu’elle mettait dans le punching-ball pour se défouler. « Ne te bloque pas pour tu poser des questions sur l’avis des autres, seul le tiens compte… Après je pense que les flics n’ont pas leur place, on va régler ça à notre manière. »

Je devais reconnaitre que Reyne avait une force surprenante par rapport à son gabari, loin d’être madame musclor pour autant mais on pouvait très bien s’attendre à avoir face à soi une fille qui savait uniquement tirer les cheveux et griffer alors que de toute évidence mettre un coup de poing n’était pas quelque chose d’inimaginable pour la petite blonde. « Le pire c'est que je leur ai jamais parlé à ceux-là, limite je connais juste son putain de nom et son numéro sur le terrain et basta quoi j'en sais pas plus. » Je l’observais et lâchait le grand objet suspendu en l’air qui devait peser lourd une fois décroché. « Tu sais… Je ne connais pas toute l’histoire mais je pense que tu devrais te venger, montre leur de quel bois tu te chauffes quitte à demander à l’une des filles la plus garce du campus c’est-à-dire… Moi de t’aider dans ta démarche ! Ne sois pas faible. » Pas qu’elle le soit mais ils pouvaient le penser en tout cas. « A ton tour! Tiens et sinon, toi quoi de neuf ces temps-ci on a pas beaucoup parlé toutes les deux... » Elle me tendait les gants que je prenais lentement, j’avais un beau crochet du droit frapper dans le punching-ball n’était donc pas non plus difficile pour moi. Je commençais tranquillement imaginant Neven. « Oh tu sais pas grand-chose… Je me sens juste nulle… » Je frappais plus fort. « Je pensais faire la bonne chose en avouant mes sentiments à Neven et ça a été une catastrophe. »

Oui Faith n'avait pas tord, ça me regardait si je décidais de porter plainte contre ses deux zigotos qui s'étaient cru malin. Heureusement pour moi, il n'y avait pas eu trop de pots cassés. Mais ce qui m'avait retenue s'était surtout le fait qu'il ne fallait pas mettre d'ondes négatives entre l'équipe de foot et celles qui les encourageaient. A quoi m'aurait servit ma petite vendetta personnelle et puis surtout je voulais démontrer que j'avais plus de jugeote que certains ne semblaient le penser. La vengeance est un plat qui se mange froid et un jour où l'autre, j'étais certaine qu'ils s'en mordraient les doigts de m'avoir prise pour cible aussi gratuitement que ça. Une personne m'avait dit un jour, que le mal que l'on faisait nous était toujours rendu un jour ou l'autre, comme le bien que l'on peut faire autour de soi. Cette personne avait entièrement raison selon moi, un jour certains comprendrait que nuire aux autres ça n'apporte jamais de gratifications. J'hochais pourtant positivement de la tête en regardant ma compagne de chambre. Je ne pu m'empêcher de lui sourire parce que je me rendais compte que malgré ma grande réputation de garce, certaines personne souvent celles que je soupçonnais le moins, était prête à me soutenir quoiqu'il advienne. Même notre présidente qui avait vent de mes intentions de prendre sa place, avait su voir au delà de ce masque que je me forçais à porter. Elle m'avait offert de le poste de co-présidente des Iotas. Une nouvelle qui m'avait franchement étonnée bien que je connaisse parfaitement la valeur que pouvait avoir Riley. Une fille bien, c'est certain!

J'avais passé les gants à Faith et j'avais pris sa place, avec recul des pieds pour amortir les coups de poings qu'elle allait donner à son tour. Ouais faut faire quelque chose quand même, histoire qu'ils se disent bien qu'on se laisse pas impunément piétiner comme ça! Mon regard s'était fait alors vague, comme perdue dans mes pensées. Quelque chose oui mais quoi...Ces derniers temps, j'étais lassée de toutes ses rivalités que j'entretenais. Du coup, j'avais les manières bien moins manipulatrices qu'avant. Puis j'ai pas envie de te foutre mal... je pense que je t'ai déjà vu traîner avec l'un des deux. répondis-je alors. Je la regardais à nouveau et j'haussais brièvement les épaules dans un geste de relâchement de tension. Les premiers coups qu'elle avait donné dans le punching-ball étaient assez sommaire, mais dès qu'elle se mit à me parler de Neven, je faillis bien me manger le retour en pleine face. Whaou, elle semblait soudainement bien énervée. Je connaissais Neven, depuis un moment, il me gravitait autour sans que je comprenne exactement ce qu'il me voulait à moi! Doucement, ma belle...hum et si je te dis que j'ai parlé de toi récemment à Neven. Il a eu l'air de stresser immédiatement. Je ne savais pas beaucoup sur leur histoire mais en étant la compagne de chambre de Faith j'avais bien comprit qu'ils étaient très amis et que l'ambiguité de cette révélation sentimentale avait du jeter un énorme trouble dans leur joli petit duo. Il était tellement facile de passer de l'amitié à l'amour mais presque impossible de faire le sens inverse. Avait-elle bien fait de lui avouer ses sentiments, je ne sais pas... Cela ne m'était encore jamais arrivé à moi. Mais je comprenais qu'elle puisse être perturbée. Tu sais si tu veux m'en parler, j'suis là Faith. Oui je serais là pour elle quoiqu'on puisse en penser.

Ne croyez pas que j’encourageais Reyne à porter plainte, ce n’était pas le cas mais à mes yeux cette décision lui appartenait et le fait que certaines d’entre nous voir beaucoup de personnes puisque tout le monde se mêlait plus ou moins de tout ici à Providence ne devait pas être pris dans ses considérations, si elle se sentait mal en compagnie des mecs en question je voulais vraiment qu’elle fasse ce qu’il y avait de mieux à ses yeux. Personnellement je ne lui en tiendrais pas rigueur même si l’idée de m’occuper personnellement d’eux à l’aide de la petite blonde me faisait plus vibrer, question d’habitude, depuis ma naissance notamment à l’époque de mon enfance on m’avait toujours inculqué cette valeur, me défendre moi-même en trouvant le point faible des autres pour appuyer dessus sans un remord. Oui mais il m’arrivait parfois d’en avoir lorsque la personne sur laquelle je me défoulais se mettait à pleurer, stupide je vous l’accorde mais j’étais très sensible aux larmes. Certaines personnes pouvaient également être surprises que je sois aussi proche de Reyne mais il n’y avait vraiment pas de quoi l’être, elle était l’une de mes sœurs dans cette confrérie en plus d’avoir un caractère qui me plaisait du coup la soutenir, lui venir en aide me paraissait totalement naturel.

« Ouais faut faire quelque chose quand même, histoire qu'ils se disent bien qu'on se laisse pas impunément piétiner comme ça! » Je me déplaçais rapidement pour rejoindre le devant du punching-ball prête à commencer mon petit exercice, mes coups de poing étaient légers pour le moment. « Je suis bien d’accord avec toi, il faut leur faire comprendre qu’on est pas des poufiasses sans défense ! » Je lui adressais un petit clin d’œil tapant une nouvelle fois dans cet objet qui me plaisait toujours autant après des années à le frapper même si ce n’était pas dans cette pièce avec le même punching-ball. « Puis j'ai pas envie de te foutre mal... je pense que je t'ai déjà vu traîner avec l'un des deux. » Je relevais la tête pour la regarder, l’un des agresseurs en question était une de mes connaissances ? Je ne masquais pas ma surprise. « Ah oui ? C’est qui sans être indiscrète ? » Si je pouvais contribuer à ce qu’ils arrêtent d’embêter Reyne j’allais le faire sans hésitations. Nous abordions maintenant le sujet délicat, Neven et mes coups de poing devenaient plus « masculins » sans vouloir coller au stéréotype de base le fait d’avoir vécu au Maroc avec autour de moi des gosses de cité m’avait appris à bien me défendre, j’étais forte lorsqu’il était question de se battre. « Doucement, ma belle...hum et si je te dis que j'ai parlé de toi récemment à Neven. Il a eu l'air de stresser immédiatement. » Je ne savais pas comment interpréter les propos de la petite blonde, j’avais cru qu’il ressentait de l’amour pour moi et je m’étais trompée, il me haïssait à présent. « Tu sais si tu veux m'en parler, j'suis là Faith. » Je me forçais un peu à sourire, moi qui étais toujours joyeuse je devais avouer que ce sujet me faisait un peu perdre le sourire. « C’est gentil mais il n’y a rien à dire, maintenant j’essaye d’aller voir d’autres garçons pour tourner la page… Mais c’est dur, j’ai vraiment cru qu’il ressentait la même chose que moi et au final je l’ai perdu… » Je baissais la tête enfonçant mon poing dans le punching-ball une nouvelle fois.

Plus je l'écoutais parler et plus je me disais qu'elle avait complètement raison. La plupart des mecs du campus nous prenaient pour des filles délurées, ne pensant qu'à la prochaine robe que nous allions porter pour séduire le plus de mecs possibles. D'autres pensaient que nous étions des filles faciles, qui vous disent oui, le soir même à la première sortie ou rencontre. Mais la réalité était tellement toute autre. Oui certaines d'entre nous agissaient comme ça, d'autres étaient plus prudes, ou ne faisaient que de se donner les même airs mais chez les iotas, il n'y avait pas spécialement la même ligne de conduite chez toutes. C'était comme chez les Lambda, ou encore les Sigma, certaines étaient plus "sages" d'autre plus délurées, ce n'était pas une question de sororité mais une question de personnalité propre à chacune. Mon dieu, il était près d'une heure du matin et voilà que je faisais un petit peu trop fonctionner ma cervelle pour une heure aussi avancée de la nuit. Putains de réflexions quand on s'y met, hein! Mais me venger en montant un sale traquenard, j'hésitais vraiment. Je haussais alors les épaules, il fallait que je réponde à sa question maintenant, sur l'individu que j'avais vu une fois traîner avec elle et qui m'avait plaquée au sol sans aucune vergogne ou autre forme de politesse.
Tu sais...ce mec-là avec ses tifs un peu trop longs, Sea...quelque chose, rah je sais même pas son foutu nom à ce gars-là. En fait, je lui ai jamais prêté grande attention. lui répondis-je alors. Je savais même pas s'ils étaient amis tous les deux, ou s'ils se parlaient vite fait comme ça. A vrai dire, je me me mêlais pas de ses fréquentations et nous ne nous racontions pas tout de tout.

J'avais bien sentis que les coups donnés par la jolie métisse étaient devenus plus saccadés et plus précis. Sa force semblait décuplée maintenant qu'elle me parlait de Neven. Si le punching-ball aurait été sa tête, elle lui aurait réduit la face en marmelade. L'autre jour quand j'avais évoqué le nom de ma comparse de chambre et le fait qu'elle pourrait penser indûment des choses erronées si une rumeur s'était mise à courir sur lui et moi, avait mit Neven complètement en pétard. J'avais été choquée par les propos qu'il m'avait tenus. Et là c'est elle que je sentais "mal". Je comprenais mieux puisqu'elle lui avait avoué des sentiments. Quand on franchit ce seuil-là soit on gagne soit on risque de tout bousiller. Mais peut-être que l'un de deux se voilait simplement la face. Je la regardais, j'étais pensive. Puis je vins la saisir par les épaules pour la conduire sur un banc. Je lui passais une serviette éponge pour s'essuyer et j'en fis de même pour éponger les gouttes de sueurs qui nous perlaient du front. Ecoute ma chérie, tu veux que j'te dise... Tu as eu raison de lui dire. Si tu l'avais pas fait, t'aurai pas été sincère et la clé des plus belles amitiés c'est d'être toujours franc, plaise ou pas. Je pensais ce que je disais, j'avais peut-être une conception un peu étrange de l'amitié mais pour moi, la franchise, la sincérité était une condition ultime quand on appréciait réellement quelqu'un. Votre amitié, j'en sais pas vraiment beaucoup, mais d'un oeil extérieur en l'occurrence le mien, elle me semble bien trop forte pour que tu ne baisses les bras devant la première difficulté. m'expliquais-je alors. Quoi c'est vrai, juste parce qu'il y avait eu un petit "qwack" à un moment donné, on pouvait oublier des années de "bonnes choses"? Non je ne pensais pas, moi!

Depuis mon arrivée à Providence quatre ans en arrière il y avait toujours eu cette même réputation pour chaque confrérie, chez les mecs comme pour les fraternités féminines on retrouvait celle dans laquelle les personnes étaient considérées comme riches et superficielles, se bourrant la gueule à longueur journée tout en ne dissimulant pas un plaisir non dissimulé à s’envoyer en l’air. Je faisais partie des Iotas et ce stéréotype nous collait à la peau, il y avait celles qui, tout comme moi n’en avaient rien à faire et avançaient sans y accorder le moindre petit crédit et celles qui étaient plus touchées par les propos des autres, celles-là n’étaient pas dans notre confrérie très longtemps généralement. Bref, je me doutais que cette histoire de réputations des groupes datait de longtemps avant mon arrivée, il y aurait toujours les délurés et les intellos qu’on ne voyait jamais à une soirée avec un fort taux d’alcoolémie mais j’avais bon espoir qu’un jour les préjugés soient dépassés, peut-être étais-je utopiste mais j’avais envie d’y croire. Il était tard, l’obscurité avait remplacé la lumière du soleil depuis quelques heures et pourtant je pétais la forme, prête à frapper un punching-ball qui ne donnait qu’une seule envie, cogner, encore et encore. Pourtant en ce moment c’est Reyne qui frappait et je l’écoutais me parler des mecs ou plutôt de l’un d’entre eux précisément, je le connaissais selon elle. « Tu sais...ce mec-là avec ses tifs un peu trop longs, Sea...quelque chose, rah je sais même pas son foutu nom à ce gars-là. En fait, je lui ai jamais prêté grande attention. » Elle n’avait pas besoin de me donner son prénom pour que je réagisse, je savais de qui est-ce qu’elle voulait parler. « Ah je vois de qui tu parles, Rafael ? Si tu veux je peux aller le voir, je pense qu’avec une bonne dose de charme il devrait te laisser tranquille… Sinon je le menacerais gentiment ! » Je lui adressais un petit sourire maintenant le punching-ball alors qu’elle s’appliquait encore à mettre quelques coups de poing.

Lorsqu’il avait été décidé que mon tour était venu de frapper dans le punching-ball je m’étais approchée, les gants enfilés me défoulant en imaginant que Neven se trouvait à la place de ce gros sac noir, je ne me rendais pas compte que je pouvais avoir une force plus importante que Reyne, comme je le disais précédemment c’était surtout à cause de ma vie au Maroc, il était plus prudent de savoir se défendre là-bas contre les mecs en chiens qui nous prenaient toutes pour des animaux. Les arabes stéréotypés il en restait quelques-uns hélas. Je me défoulais en vidant également mon sac à l’oral, à présent la petite brune savait que j’avais avoué mes sentiments à Neven, une erreur à mes yeux que je ne regrettais cependant pas le moins du monde, me reprocher d’avoir été honnête était impensable. Nous dérivions sur un banc sur lequel je m’asseyais sans aucun signe de féminité, je dirais même que j’avais une posture très masculine, saisissant la serviette qu’elle me tendait j’essuyais les petites gouttes de transpiration qui perlaient sur mon front. « Votre amitié, j'en sais pas vraiment beaucoup, mais d'un œil extérieur en l'occurrence le mien, elle me semble bien trop forte pour que tu ne baisses les bras devant la première difficulté. » Je souriais prenant la bouteille d’eau que j’avais apportée avec moi pour en boire une gorgée, je la tendais à Reyne. « Je ne compte pas baisser les bras, je sais juste qu’il a un caractère de cochon et qu’il va lui falloir un peu de temps pour se rendre compte que notre amitié lui manque… Enfin bref, tu as envie qu’on se fasse une petite bouffe demain soir ? Qu’on sorte en ville ? » Moi, changer de sujet ? Légèrement même si je n’avais aucune crainte à avoir avec la petite brune, elle était l’une des seules filles en qui j’avais confiance.