Je me présente : Mrs Harrison, je suis infirmière psychologue. Une formalité que de passer me voir pour établir votre dossier de santé. À Brown, nous prenons toutes les précautions nécessaires et nous suivons chaque élève qui pourrait être dans le besoin pour un quelconque problème. N’ayez donc pas peur de vous laisser aller, je suis tenue au secret médical.

Je m’appelle L., mais vous pouvez me nommer sweetie. J’ai attendez je compte, presque ça oui... , même si je perds déjà mes dents et je suis une fille, à moins que je me trompe sur la marchandise O.o’. J’ai décidé d’interpréter Scarlett Johansson, parce qu’il faut avouer qu’elle est juste orgasmique ! D’ailleurs, c’est un personnage inventé. J’ai connu Providence grâce à des amies et j’espère ne pas le regretter. Ah oui ! Le fichu code du forum, je l’ai trouvé sans trop de difficulté. La preuve, c’est Validé par Yoyo Et c’est pas fini ! J’aimerais rajouter que autre (si vous étiez sur l'ancien prov', révélez votre identité ici ).

“ Je suis née et j'ai grandi à Waterford en Irlande. Je n'aurais jamais crû quitter un jour mon pays natal, par ailleurs. J'y ai vécu les plus belles années de ma vie mais aussi les plus sombres. On ne peut pas toujours avoir que des bons souvenirs dans une vie. Il faut tout simplement savoir composer avec et continuer son chemin. Avancer. Ma famille n'était pas des plus aisée mais on a toujours bien vécu. Ce n'était pas facile tous les jours pour mes parents, joindre les deux bouts en fin de mois ou encore offrir à leurs trois enfants une vie descente comme tous leurs camarades de classes. Mais j'avais de bons parents. Pourtant, ils ont eu bien du mal après notre naissance. Des jumelles alors qu'au départ, ils ne désiraient que deux enfants au maximum. Et voilà, la jolie surprise, deux petits poupons d'un seul coup. C'était loin d'être prévu au programme, ils avaient déjà mon frère James deux ans plus âgé à gérer et c'était souvent un beau petit diable, mes parents nous l'ont répété un millier de fois. Je suis arrivée la première, moi Sara et ensuite quelques minutes plus tard, un bébé un peu plus faible, ma jumelle Saoirse. Toute notre enfance, elle a toujours été encore plus fluette que moi, plus douce, plus introvertie et plus peureuse. Je me comportais avec elle comme si c'était ma benjamine plutôt que ma jumelle. Pourtant nous étions très liées, nous avions cette relation si peu commune que les jumeaux partagent. Quand quelque chose n'allait pas chez elle, ou quelle se faisait mal, je le ressentais comme si je partageais sa douleur. Nous étions comme deux parties d'une même personne mais avec nos propres personnalités inversées, nous nous complétions. Enfance heureuse, nous aurions pu continuer toute une vie comme ça. Mais, la vie fait ce qu'elle veut, le pire et le mieux.


Waterford, centre commercial. 18h58. Le 16 décembre 2008.

Les fêtes approchaient à grand pas. Beaucoup de gens commençaient déjà leurs achats en prévision des fêtes de Noël. Les rues illuminées de joyeuses lumières scintillant comme des étoiles, les guirlandes donnant le ton, ont toujours mis du baume au cœur à tous et moi et ma jumelle n'y faisons pas exception. Nous étions émoustillées à l'idée d'offrir des présents à nos amis et parents les plus chers. Ce jour-là nous avions donc décidé d'aller effectuer quelques-uns de nos achats, en duo. Une bonne heure s'était écoulée alors que nous en étions à peine à regarder les vitrines offrant des paysages enneigés ou des sapins bien fournis en habits de soirée. Nous nous surprenions à rester en admiration devant la diversité des nombreux magasins au lieu d'aller à l'essentiel. Nous avions le même sourire un peu enfantin collé sur nos lèvres, pourtant le mien s'éteint soudainement. Des espèces de détonations étranges venaient de retentirent non loin de nous. Cela ressemblait à des coups de feu ou alors des pétards que des petits lutins farceurs auraient lancé pour s'amuser et rire un bon coup? Pourtant, les gens autour de nous se lancent les même regards affolés, alors que le mien regarde vers la provenance de ces bruits effrayants. Je regrette immédiatement d'avoir tourné les yeux vers cette direction. D'ailleurs, mon regard s'agrandit et s'écarquille de stupéfaction. Là au beau milieu du hall de centre, des corps sont affalés, déversant un liquide rouge sombre sur le sol blanc marbré. Effrayée, je fais un pas à reculons, au passage je happe le bras de ma jumelle et tire dessus pour qu'elle me suive. Oui, il faut à tout prix qu'elle me suive. Mais, elle reste plantée là comme si ces deux pieds avaient été coulés dans le ciment, elle est blême comme une morte. Son regard est littéralement scotché à la scène qui vient de se dérouler.
" Saoirse, bouge bon sang! " Ma voix était menue, comme si j'avais peur que l'auteur des faits ne m'entende. C'était à peine si j'osais respirer. Et alors que je ne m'y attendais pas, ma jumelle lâcha un cri aigu. Une nouvelle détonation retentit alors. Une douleur vive me frappa à l'abdomen. Mon regard incrédule se baissa pour voir une tâche assombrir mon chemisier de soie blanc. Un vertige me prit et c'est le souffle coupé que je me sentis tomber sur le sol assise. Elle se tourna vers moi alors qu'un troisième coup était tiré. Je la vis s'effondrer sur le sol, elle aussi. Je sentais des larmes qui coulaient sur mes joues, mais je n'avais plus la force de souffler le moindre mot. La suite, je ne m'en souviens plus du tout. Que s'était-il passé? Comment m'étais-je retrouvée dans ce lit d'hôpital? Pas la moindre idée. Un blackout, un perte de conscience. Mes parents me rassurèrent en me disant qu'on avait du m'opérer. J'étais restée inconsciente quatre jours durant. J'étais hors de danger maintenant... Je me rendormis paisiblement sans penser à rien d'autre. Pourtant une personne manquait à l'appel.

Le lendemain matin, j'apprenais que ma jumelle ne s'en était pas sortie. J'avais eu plus de chance qu'elle. Cette nouvelle m'assena un énorme coup, comme si soudainement toute la peine du monde tombait sur mes épaules. Je me rappelle encore de James, m'entourant de ses bras protecteur et me demandant pardon. Pardon d'avoir refusé de nous accompagner cette fameuse soirée là. Il me disait, j'aurai pu vous protéger, toutes les deux. Sur le moment j'aurai dû hurler, lui crier d'arrêter de se rendre fautif, mais je ne pouvais pas, je n'arrivais plus à parler. J'étais sous le choc! Comment tout cela avait-il pu arriver? Le journal télévisé en parla pendant des semaines. Une attaque à main armée en plein centre commercial de Waterford, titraient les gros titres des journaux. Quatre agresseurs et non pas un. Tout ça pour quoi? Ils s'étaient fait chopper, au prix de combien de vie, combien de blessés? Cinq morts, quatre blessés grave et une dizaine de blessés léger. Voilà le constat. Il me fallut plusieurs mois pour me décider à sortir de chez moi à nouveau. Quand je le faisais, mon frère m'accompagnait au lycée et venait me rechercher. Des que j'étais prise dans une foule un peu trop drue, j'étais assaillie de crise d'angoisse qui me coupait le souffle. On oublie jamais rien mais on vit avec. Reprendre le cours de sa vie après un épisode traumatisant, ce n'est pas facile. Pourtant, il fallut bien m'y résoudre.

Waterford, le 16 décembre 2009

Date commémorative du drame, mais aussi du décès de ma jumelle. C'est la première fois depuis que je me décide à me rendre sur sa tombe. Trop douloureux, au dessus de mes forces. Je préfère garder une image d'elle pleine de vie, que celle d'une pierre tombale froide sur le sol entouré de gazon et emplit de fleurs. Il fallait toute fois que je vienne. Il fallait que j'affronte ma peine pour avancer, c'est ce qu'elle aurait souhaité. J'ai repris un cours plus normal, enfin je me contente tout bonnement de vivre, pour elle, pour moi. J'ai fini le lycée et j'ai obtenu une bourse d'étude. Aujourd'hui, c'est mon départ d'Irlande que je viens lui annoncer. Oui, j'ai décidé de quitter l'Irlande. Pour fuir? Non pas totalement, James va m'accompagner. Nous allons passer les vacances d'été chez elle à Providence avant de nous y installer définitivement, le temps de nos études. Ce choix vient de moi, pourquoi si loin m'ont demandé mes parents. Juste parce que j'en ai envie, j'en ai besoin. Besoin de changement, d'un nouveau départ, d'un autre horizon. C'est ce que je leur ai répondu. Attristés oui, ils le sont, mais ils savent que où que j'aille, une partie de mon cœur restera toujours en Irlande.