C'est dans la grande ville de New York que j'ai grandi, dans le quartier de Harlem pour être plus précis. Harlem, comme tout quartier, est un quartier qui a une histoire. Le contexte dans lequel j'ai grandi n'est pas extraordinaire. Il pourrait valoir pour n'importe quel habitant du quartier. Bien sûr, il ne faut pas tout généraliser mais il y'a tout de même une part de vérité dans mon histoire qui pourrait refléter finalement le quotidiens des habitants de Harlem. Je suis le fils de Bevaun Rodney Houston et de Britanny Lara Cheung. Mon père était d'ascendance jamaicaine alors que ma mère était originaire de Hong Kong. C'est à New York qu'ils se sont rencontrés. A l'époque, mon père avait un bon boulot et ma mère pouvait se permettre d'être une femme au foyer. Mais je suis venu au monde, moi, Jaden Daquan Houston. Voilà que la famille s'agrandissait. Ce n'était pas forcément une chance pour mes parents. A cette époque-là, mon père venait de perdre son boulot. Nous dûmes donc déménager à Harlem quelques temps après ma naissance.

C'était incroyable comment du jour au lendemain, on pouvait tout perdre. Bien sûr, je ne comprenais pas forcément ce qui se passait j'étais bien trop petit. Mais, je savais que ma famille et moi étions sur le point de traverser une sombre période. J'avais raison. Mon père a fini par trouver refuge dans l'alcool. Il s'est mit à brutaliser ma mère, à s'en prendre à elle bien qu'elle n'y était pour rien. Ma mère était une femme douce et fragile, une femme dont on pouvait facilement abuser, une femme que l'on pouvait facilement détruire. Il était clair que si je n'avais pas été là, rien ne retenait ma mère de quitter mon père. Malheureusement, j'étais là, et pour mon bien, elle voulait rester avec mon père histoire que j'ai une présence paternelle au moins durant mon enfance. C'était une personne courageuse mais très vite elle comprit que cela ne pouvait plus durer. Tous les soirs, je l'entendais pleurer dans sa chambre. Elle s'isolait. Devant moi, elle s'efforçait de garder le sourire, de garder espoir mais en voyant son regard, je comprenais que c'était une âme en peine, en détresse qui demandait de l'aide, qui ne demandait qu'à sortir de ce cauchemar. Soutenue par ses parents, elle a finalement demandé le divorce. Je n'avais alors que sept ans. Comme on pouvait s'y attendre, on refusa à mon père la garde partagée, il était bien trop dangereux et irresponsable pour moi. J'ai donc vécu avec ma mère chez ma grand-mère maternelle. Mon père, à ce qu'on dit, continuait de vivre dans ce même appartement miteux de Harlem.

J'ai beaucoup souffert de cette instabilité. Ma mère commençait à fréquenter des hommes pour finalement se rendre compte que ce n'était pas forcément des gens bien. Durant cette période, ce sont mes grands-parents maternelles qui ont pris soin de moi. Ils n'ont rien reproché à ma mère mais je savais qu'ils n'en pensaient pas moins. Puis, je suis entré au collège, près de la petite maison de mes grands-parents. J'ai eu beaucoup de mal à m'intégrer. J'étais un garçon réservé et on avait du mal à me cerner. j'intriguais les professeurs qui me trouvaient mystérieux. J'étais quelque peu perturbé. Je n'avais pas beaucoup d'amis et mes résultats étaient plutôt médiocres. Et plus j'allais vers l'adolescence et plus mon comportement s'empirait.

Au lycée, j'ai commencé à fréquenter des gens douteux et je me suis en quelque sorte laissé enrôlé. Alcool, drogues, sexe rythmaient mon quotidien. J'ai en fait suivi un groupe de rebelles, le plus rebelle de tout le lycée et connu pour ses méfaits. Mon comportement s'est alors aggravé. Arrogant, nerveux et parfois même violent, j'en ai fais voir de toutes les couleurs à ma famille. Parfois je fuguais ou je partais sans prévenir, sans dire où j'allais. Je ramenais aussi des mecs pas fréquentables à la maison et je revenais même saoûle ou défoncé chez moi. A 16 ans, j'ai commencé à vouloir voir qui était mon père bien que ma mère me l'aie formellement interdit. Mais en revenant vers son appartement, j'ai appris par quelques voisins qu'il avait été retrouvé ivre mort il y'a deux ans de cela. La nouvelle a alors été un choc pour moi même si, je n'avais pas vraiment de lien avec lui. A mon retour, mes grands-parents m'ont menacé de me mettre à la rue si je ne retrouvais pas un comportement digne, convenable. Ironie du sort, j'ai choisi de quitter la maison. Un de mes potes a gentiment accepté de m'héberger. J'ai vécu chez lui durant un an. Durant cette année, ça a été une année pendant laquelle j'ai beaucoup réfléchi, pendant laquelle j'ai pensé à ceux que j'avais blessé, au cauchemar que j'avais fait vivre à ceux qui s'étaient toujours soucié de moi. Il arrive parfois que nous fassions preuve d'ingratitude mais ce n'était pas pour autant que je ne tenais pas à eux. J'étais jeune et stupide. J'ai fini par être expulsé de mon lycée. Mais, heureusement pour moi, un autre lycée du quartier m'a finalement accepté après plusieurs discussions avec ma famille. A ce moment-là, j'ai donc décidé de faire mes preuves. J'ai coupé les ponts avec mes anciennes fréquentations. Je me suis mis à travailler beaucoup plus pour m'assurer une place dans une université.




Avec des notes convenables, j'ai réussi à être accepté à Brown, dans le Rhode Island. Certes, ce n'était pas à New York, mais pour moi c'était une bonne chose. J'avais besoin de changer d'air, de me couper un peu de New York. Je ne gardais pas forcément de très bons souvenirs de cette ville c'est pourquoi partir loin d'ici n'était pas de refus. J'ai donc quitté le cocon familial, le coeur lourd. Cela faisait bizarre de quitter mes grands-parents ainsi que ma mère. Nous avons traversé tant de choses, je les ai fait souffrir et pourtant ils m'ont toujours soutenu. Ce n'était pas un Adieu mais je savais que je n'allais pas les revoir pendant longtemps et ce, par manque de temps. J'ai donc pris l'avion pour Providence. Je connaissais une amie qui vivait là-bas. Elle a donc accepté de m'héberger. Mais je ne me reposais pas sur mes lauriers. Après les cours, je travaillais comme serveur dans une pizzeria du centre-ville. Ce n'était pas le top mais je savais me contenter de ce que la vie m'offrait. Au début, j'ai eu un peu de mal à m'intégrer. Je trouvais les gens de l'Université bizarres. Ils ne me ressemblaient pas. J'avais l'impression de faire brouillon. Mais petit à petit, j'ai fini par me reconnaître chez certains. A Brown, il n'y avait pas que des fils à papa. Brown rassemblait des catégories diverses et opposées de personnes. On retrouvait de vraies petites poupées, des rebelles, des étudiants nés avec une cuillière d'argent,etc. Brown est une université vraiment cool. Là-bas, j'y étudie la danse. Certes, ce n'était pas l'image que je me faisais des cours de danse. Je m'attendais à me focaliser que sur le hip hop vu que je ne savais danser que cela. En réalité, les cours regroupaient plusieurs types de danse et le niveau était haut. Je devais donc travailler dur, redoubler d'effort. Mais au fil du temps, j'ai fini par m'y faire même si, je dois l'avouer, je n'ai jamais été un grand fan de danse classique!