“C'est dans la nuit du 21 décembre que la petite blonde ouvrit les yeux pour la première fois, sous les cris stridents de sa mère qui ne faisaient que témoigner de sa douleur qui, bien que prévue, fût des plus intenses. Si sa maternelle s'attendait, comme toute autre mère, à souffrir de cet accouchement, elle était bien loin de s'imaginer qu'elle n'en sortirait pas vivante : suite à une hémoragie interne causée par le passage d'Evan, elle succomba à sa douleur alors que sa fille n'était née que depuis quelques dizaines de minutes. Je vous laisse imaginer la réaction de M. Collins lorsque, arrivé en retard à l'hopital, il eût découvert que sa femme en était décédée et qu'il ne lui restait plus que cette petite tête blonde. Alors, dès le plus jeune âge, son paternel lui mena la vie dure, probablement la rendait-elle responsable de ce qui était arrivé à sa femme, Eleanor... Toujours est-il qu'elle fût confiée pour la majeure partie du temps à une nourrice, laquelle ne s'occupait que vaguement de l'éduquer ; après tout, Evan n'était pas la seule petite fille qui lui était confiée. Cependant, étant issue d'un milieu plutôt aisé, elle tenta au mieux à lui impliquer les bonnes manières, mais c'était sans compter sur le caractère rebelle et anticonformiste d'Evan qui, déjà à l'âge de 10 ans, eût fait pleurer bon nombre de ses petites camarades après leurs avoir coupé les cheveux. De son côté, M. Collins usa de toutes les excuses qu'il lui fût possible de trouver pour limiter le temps qu'il passait avec elle : voyages d'affaires, nouvelles compagnes, nouveaux projets, heures supplémentaires... Tout était bon pour éviter celle qui avait tué sa femme. Autant dire que ce détail n'échappa pas à la petite qui était déjà suffisamment intelligente pour comprendre qu'elle n'était pas aimée de son seul parent. Alors, elle s'en rebella d'autant plus, commençant tout d'abord à consommer de l'alcool : bien sûr, elle ne pût s'en procurer par elle même, mais sa grande maturité lui ayant permis dès l'âge de 15 ans d'avoir des amis bien plus vieux qu'elle, elle ne tarda pas à les utiliser afin d'en tirer les meilleurs profits, eux n'ayant aucun mal à se procurer vodka et autres alcools forts en magasins. C'est probablement à cet instant que sa nourrice cessa de s'inquiéter pour elle, après tout, que pouvait-elle faire de plus ? Elle n'était pas sa mère, et elle n'avait très clairement aucune influence, aucun contrôle sur la jeune adolescente. Cependant, bien vite, l'alcool ne lui suffit plus, et c'est à l'âge de 16 ans qu'elle s'essaya aux drogues. Bien qu'elle ne fût pas accro pour le moins du monde, elle en consomma souvent, ou, tout du moins, assez régulièrement pour se vider la tête et pour s'affirmer auprès de ses quelques amis. D'ailleurs, si cette dépression eût débuté à leur rencontre, ils furent également ceux qui lui apportèrent un remède à cette chute libre ; lors d'une soirée organisée par l'une de ses amies de l'époque, elle rencontra Nate, il était beau, il était attentionné, il s'inquiétait pour elle, et il ne lui en fallut pas plus pour en tomber raide dingue. Ils commençèrent à sortir, quelques fois, puis de plus en plus souvent, autant dire que la simple présence du jeune homme ne faisait qu'aider Evan, qui, depuis toujours, avait clairement besoin d'avoir quelqu'un auprès d'elle. Si l'on y réfléchit bien, elle n'avait rien demandé de plus que cela, le simple fait de savoir que quelqu'un se souciait d'elle avait suffit à lui faire arrêter toutes drogues. Certes, elle avait 17 ans, mais elle n'était pas stupide, elle savait à quel point ces substances étaient mauvaises pour sa propre santé et elle n'avait aucun intérêt à se pourrir de cette façon si ce n'était plus pour attirer l'attention de ceux qui l'entouraient, Nate lui apportait toute l'attention dont elle avait besoin. Malgré cela, comme tout le monde en dehors de la petite blonde aurait pu s'y attendre, cette amourette de lycée ne dura qu'un temps, et c'est en cette fameuse nuit de la saint Valentin que le beau brun décida de rompre, juste après qu'elle ait refusé de sauter le pas avec lui, trop peu sûre d'elle pour avoir osé se dévoiler de la sorte. Alors, elle s'endurcit un peu plus, elle recommença à consommer quelques drogues et autres substances illicites, mais de façon bien moins importantes qu'auparavant cependant, elle se concentra tant que possible sur ses études, elle était intelligente, elle était capable d'avoir un avenir et de prouver à son père qu'elle valait quelque chose ; c'est de cette façon et sur ces motivations qu'elle s'appuya lorsqu'elle parvint à entrer en cours de neurologie à Brown, son dossier étant plutôt spectaculaire. Alors, la petite Evan du New-Jersey prit ses valises pour les poser à l'université. Ici, elle était déterminée à tout faire pour réussir, pour être différente, elle le devait, elle se le devait à elle-même, elle ne pouvait plus être cette jeune fille délaissée par son père et abandonnée par son petit-ami parce que jugée trop chaste, ici, elle serait Evan H. Collins, et elle prouverait à tout le monde qu'ils avaient tort de manquer tant d'estime et de confiance en son potentiel.