Malgré tout, je vécu une enfance heureuse et épanouissante. Lorsque j'atteignis 6 ans, mes parents décidèrent de déménager à New-York afin de m'offrir la meilleure éducation possible, mais également pour m'éloigner de la mère de mon père, bien que je fus obligée de lui rendre visite tous les étés. Elle était pour moi la méchante sorcière de mes contes de fées préférés. Tout ce que je faisais n'était jamais assez bien à ses yeux, et j'étais une bonne-à-rien, un échec. C'était une femme méprisante et méchante, une éternelle insatisfaite qui pensait que le monde tournait autour d'elle. Mon grand-père fermait les yeux car il ne voulait pas s'opposer à elle, tout comme mon père mais je voyais bien qu'ils n'appréciaient pas son comportement envers moi. J'étais la honte de la famille, tout simplement parce que j'avais été conçue hors mariage, comme si je pouvais y changer quelque chose.

Mon père était l'homme de ma vie, le héro de mon enfance bien qu'il n'était pratiquement jamais à la maison. Son travail l'obligeait à être en déplacement la moitié de l'année mais je ne m'en plaignis jamais car j'avais le droit à une dizaine de cadeaux à chacun de ses retours. J'étais vraiment une enfant gâtée de ce côté-là. Mon père ne me refusait rien, et ma chambre était remplie de jouets du monde entier. J'avais cependant très vite compris qu'il m'offrait toutes ces choses fabuleuses car il ne savait pas s'occuper de moi. Il m'aimait certes, mais il ne me le montrait qu'à travers des bijoux et des poupées extrêmement chères. Il n'avait tout simplement pas réalisé que j'aurais préféré qu'il m'apprenne à faire du vélo, ou qu'il m'emmène jouer au tennis.

Ma mère, quant à elle, était à mes yeux la meilleure maman du monde. Je passais le plus clair de mon temps avec elle et elle fut toujours à l'écoute de mes problèmes. Elle voyait en moi une petite fille parfaite, et elle était si contente de m'avoir eue malgré tout. Elle avait centré sa vie autour de moi, et avait même renoncé à travailler malgré son rêve de devenir actrice. Ainsi, elle cédait au moindres de mes demandes, et heureusement pour elle, j'étais une enfant sage qui ne profitait pas de sa faiblesse.

Mes parents, bien qu'ils aient appris au fil des années à vivre ensemble, ne s'aimaient pas et ne parvinrent jamais à s'apprécier réellement. Ils ne se détestaient pas, mais ne se comprenaient tout simplement pas. Ils étaient restés ensemble pour moi, pour ne pas que je grandisse entre deux maisons, mais également car le divorce n'était pas bien vu au sein de leurs deux familles. Ma grand-mère maternelle était d'une pureté étonnante, elle était la personne la plus gentille et la plus compréhensive du monde. C'est d'elle que je tiens mes origines espagnoles, et mon amour pour ce pays qu'elle m'a appris à connaître lorsque j'étais encore enfant.



J'étais une jeune fille comblée, heureuse et j'avais la joie de vivre. J'apprenais bien à l'école depuis que j'y étais entrée, et j'étais entourée d'amies formidables. À l'âge de 17 ans, lors d'un voyage à Paris, j'ai rencontré un jeune homme du nom de Stéphane M. Morel. Il était beau, musclé, plus vieux que moi, français et me faisait croire que j'étais unique. Avec lui, je me sentais vivante et j'avais l'impression que le monde nous appartenait. Je suis restée à Paris pendant 1 an, mettant en suspens mes études pour vivre près de ce jeune homme dont je ne savais rien. Je prévoyais notre futur ensemble et déjà je nous imaginais mariés et heureux. Il me promettait la lune, et ma naïveté avait pris le dessus. Une tante éloignée m'avait très gentiment hébergée, et mes parents pensaient que je voulais améliorer mon français pour avoir plus d'opportunités d'emplois plus tard.

C'est seulement au bout d'un an que j'ouvris les yeux pour y voir plus clair. Stéphane n'était pas le prince charmant dont je rêvais, il n'était qu'un escroc, un revendeur de drogue et un grand charmeur. Il me trompait dès qu'il en avait l'occasion, et me mentait sans arrêt. Il gagnait sa vie en cambriolant les maisons des plus riches, et ne respectait rien ni personne. Il m'avait promis un avenir de rêve et j'étais tombée bien bas lorsque je compris. « L'amour rend aveugle » n'avait jamais aussi bien sonné dans ma tête. En retournant à New-York, je m'étais alors promis de ne plus jamais tomber amoureuse car ce n'était pas fait pour moi. L'amour, c'est bien à la télé, c'est bien pour ceux qui jouent. Le vrai amour n'existe sans doute pas et je ne vais pas passer mon temps à le chercher. Je préfère me concentrer sur mes études, faire la fête, m'amuser et surtout ne pas me casser la tête.