JAIME&CALYPSO. ♢ Les apparences sont trompeuses, chut.

JAIME&CALYPSO. ♢ Les apparences sont trompeuses, chut.

L'été offrait encore un beau jour de soleil sur le campus de Brown. Les rayons du soleil, Calypso adorait. Cela embaumait sa journée, et lui offrait une humeur excellente. Et être au top, c'est exactement ce qu'il lui fallait pour affronter cette journée! La demoiselle était désormais une nouvelle recrue des Lambdas et pour être une membre définitive, elle devait accomplir l'épreuve de son bizutage : être mesquine, méchante, avoir le comportement d'une véritable peste. Et qui payerait les pots cassés de ce comportement? Un dénommé Jaime Odair, professeur d'anglais. « C'est comme si c'était fait! » avait-elle pensé lorsque la présidente de la sororité, June, lui avait dévoilé son bizutage. Agir à l'opposé de ce qu'elle était censée faire et être? Calypso l'avait fait pendant une année durant. Alors un jour de plus? C'était du gâteau, et puis c'était tellement amusant, de sortir des limites.

L'année qui s'était écoulée avait été riche en expériences et en émotions pour la jeune demoiselle. Elle avait fait le tour des Etats-Unis sur une grosse moto avec une bande de copains rencontrés quelques semaines plutôt et avait rempli le quota lorsqu'il était question de mettre le pied de travers, elle qui avait suivie une éducation très stricte.Cale avait beau avoir été une période qu'elle avait adorée, il en était formellement interdit d'en parler. Son père ne lui avait pas fait de reproches, ni mit de punitions, mais il lui avait bien fait comprendre cependant qu'il était hors de question de ternir la famille avec cette affaire, si bien qu'il l'avait enfuie, cachée, et qu'il était prêt à n'importe quel mensonge – comme prétendre que sa fille s'était rendue à Paris pour perfectionner son français - , il lui avait même tout simplement interdit d'en parler dans sa propre maison. Faire profil bas, voilà ce qui avait été permis à Calypso. Pendant toute son enfance, elle avait été obligée de respecter les règles, de faire tout à la convenance de ses parents, une année de liberté avait donc été fort courte. Alors pourquoi avoir choisi d'être une Lambda, cette sororité qui respecte les règles? Parce que les filles savaient s'y amuser, et on pouvait y être qui on était réellement. Caly n'avait pas eu cette possibilité chez elle, de plus, il fallait des règles pour la maintenir dans le droit chemin. Lambda était le choix parfait, et un bizutage n'allait pas l'arrêter.

La vulgarité était loin d'être dans les valeurs de Calypso, rebelle parfois, certes, mais en gardant toujours un minimum de classe. Pourtant aujourd'hui, il fallait marquer le coup. Caly avait enfiler une robe blanche assez courte, munie d'un léger décoletté et des bottes motardes noires. Elle se regarda dans le miroir, contente mais pas totalement satisfaite. Elle avait cette tête d'enfant sage qui ne collait pas au personnage, voilà pourquoi on ne la prenait jamais au sérieux quand il était question de danger. Elle soupira et attrapa son sac à main avant de sortir de sa chambre. La jeune femme avait rendez-vous depuis un quart d'heure dans la salle des profs avec le professeur d'Anglais, Monsieur Odair. Calypso avait trouvé l'excuse parfaite pour le voir: décrocher la possibilité d'avoir une dispense en Anglais. Sa soi-disant année scolaire en France lui avait permis une dispense en Français, à vrai dire, on aurait du remercier sa nounou française pour cela qui avait enseigné cette langue à la jeune fille depuis qu'elle n'était pas plus haute que trois pommes.

Calypso poussa la porte massive en chêne et s'élança dans le large couloir totalement vide en direction de la salle des professeurs, cette salle si mystérieuse qu'elle allait avoir le privilège de découvrir. Avant d'entrer dans la pièce, elle mit un chewing-gum dans sa bouche et n'hésita pas à le mâcher vulgairement. Elle se précipita dans la pièce sans frapper. « Bon c'est pas tout ça, mais tu me files ma dispense ou quoi?! » lâche-t-elle à l'homme qui regardait par la fenêtre, probablement Jaime Odair, ne l'ayant jamais vu.

les apparences sont trompeuses chut, featuring calypso

Je m'étais réveillé de bonne humeur ce matin là, chose qui n'arrivait pas souvent ces temps-ci, va savoir pourquoi. Je me levais donc le sourire aux lèvres, chantonnant un refrain que j'avais entendu la veille et me préparant un café. Je m'assis à ma table dans la cuisine, ouvrant le journal pour lire l'actualité d'aujourd'hui. Cela devait être le premier jour depuis longtemps, où je n'avais pas envie de m’apitoyer sur mon sort mais plutôt de profiter de ma vie, car j'étais encore assez jeune pour la refaire. Je venais aussi de me rendre compte que j'avais un certain charme qui pouvait plaire à la gente féminine et que j'étais enfin décidé à peut-être recommencer à voir quelqu'un. Il ne restait plus qu'à trouver qui. Plus le temps passait, plus ma confiance en moi remontait, ce qui ne pouvait qu’accroitre ma bonne humeur matinale. Je finis mon café rapidement avant de le relever pour aller me préparer.

J'arrivais à Brown un quart d'heure avant mon premier cours, je m'installais dans ma salle de classe, sortant mes affaires et préparant mes feuilles. Je m'assis, regardant cette salle vide. Un sourire se grava sur mon visage. J'aimais enseigner, et j'étais fait pour ça. J'étais le plus heureux des homme que de pouvoir faire un métier qui me passionnait, j'avais choisi et j'avais réussi, je n'aurais pu demander plus que ce que j'avais. La sonnerie retentit, et en quelques minutes, la salle se remplit. Les élèves sortirent leurs affaires, discutant avec leur voisin avant de finalement tourner leur regard vers moi et attendre une action ou une parole de ma part. Je souris, me levant, avant d'écrire un nom sur le tableau. Je me tournais vers mes élèves, pointant ce nom du doigt. "Bonjour à tous. Notre dernière lecture étant terminée, je vous rends d'ailleurs vos copies dans la semaine, nous allons passer à un nouveau livre. Un très grand livre de la littérature française, car je pense que vous devez au moins lire un de ces grands livres dans votre scolarité." Je m'approchais du bureau avant de prendre un livre de poche en main et de le lever. "Bel Ami, de Maupassant." Je continuais alors dans ma lancée, parlant de l'auteur et résumant le livre, alors que mes élèves prenaient note que tout ce que je disais.

La sonnerie qui indiquait la fin du cours retentit et rapidement les élèves se dispersèrent hors de la salle de classe. Je me retrouvais seul. C'était l'heure de la récréation, et après ça j'avais une heure et demi de pause, de quoi rester tranquille. Je sortis de ma salle, fermant la porte à clé avant de rejoindre la salle des professeurs. Beaucoup de mes collègues s'y trouvaient, faisant des photocopies, discutant et buvant un café. Je m'en servis un avant de parler avec mon collègue de mathématiques. A la fin de la récréation, je me retrouvais une fois de plus seul. Je regardais ma montre, regardant par la fenêtre. J'avais donné rendez-vous à une élève ici même pour une histoire de dispense d'anglais. J'entendis alors la porte s'ouvrir violemment et quelqu'un parler. "Bon c'est pas tout ça, mais tu me files ma dispense ou quoi?!" Je me retournais, totalement choqué par le ton qu'avait employé cette élève. Calypso se trouvait devant moi, habillé d'une robe blanche, de bottes de motardes et ayant un chewing gum en bouche. Elle le mâchouillait comme si elle sortait tout droit d'un quartier mal famé de New-York. Je me relevais, me mettant droit. "Je te demande pardon ? Sur un autre ton tu veux bien !" Soufflais-je alors, exaspéré par son attitude.

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Calypso aurait pu afficher un sourire de satisfaction, mais instinctivement, elle fit un mouvement de recul. Elle n'avait jamais l'habitude d'être hautaine, on ne lui avait pas apprise à agir de cette façon, et de plus, l'ordre, c'est l'ordre, elle n'avait pu donc s'empêcher de fermer sa bouche et de baisser les yeux. La demoiselle s'en voulait d'avoir parler de la sorte, mais d'un autre côté, c'était donc le bon comportement à adopter pour ne plus être bizut étant donné que Jaime semblait irrité. Calypso était entrée dans la pièce pleine de confiance, mais là, elle se demandait sincèrement si elle allait réussir. Pourtant, il le fallait, elle respira un grand coup et prit la parole, plus doucement, cette fois. « Une dis-pen-se. C'est pas compliqué pourtant. Et ceci pour le cours d'Anglais … s'il-vou…si tu veux bien te dépêcher, ce serait cool. » fit-elle, terminant par un sourire qui lui donnait un charme certain. Elle avait presque manqué à sa mission, en glissant un demi-mot de politesse, mais Calypso l'avait sous-estimée, cette fameuse politesse, elle était ancrée inévitablement. Comme il lui était difficile de parler à la deuxième personne du singulier à une personne d'autorité. L'exercice était plus compliqué qu'il n'y paraissait.

La jeune femme déposa enfin son regard sur son professeur, et l'observa réellement pour la première fois, découvrant ses traits. Alors c'était à cela que Jaime Odair ressemblait? Elle priait pour qu'il ne lui donne pas cette fichue dispense. Il avait l'air sympathique et bourré de charme. Pourquoi personne ne l'avait-elle prévenue? Et elle que faisait-elle? Elle jouait avec lui, ou plutôt, lui faisait perdre son temps. Calypso était directement rentrée dans le jeu sans considéré l'homme auquel elle allait faire face, tout ce qu'elle avait voulu savoir cela avait été les points faibles de ce dernier, les failles, rien d'autres et elle s'en voulait. Surtout que la seule faille qu'elle avait trouvée était le fait que sa femme lui avait demandé le divorce, et elle s'en voulait doublement car pour réussir son bizutage, elle ne pourrait pas s'empêcher d'éviter le sujet. Elle s'avança dans la pièce sans le quitter des yeux et s'arrêta net à côté de lui. « Au fond, une dispense c'est comme des papiers de divorce, une petite signature et hop, on en parle plus. Ce ne sera pas la première fois pour vous, je me trompe? » lui dit-elle avec cette fois, un sourire de satisfaction qu'elle avait été cherché très loin.

Et lui, savait-elle quelque chose sur la demoiselle? Est-ce que les professeurs s'amusaient-ils à faire des recherches sur leurs élèves, est-ce qu'ils se prenaient parfois pour une sorte d'espions? Cela aurait un côté tant bien amusant, que inquiétant. Est-ce que les élèves étaient juste des pions, ou un véritable intérêt? Cela devait probablement avoir avec le fait que le professeur aimait son travail ou non. Dans quelle catégorie était donc Jaime, Calypso se le demandait. Elle aurait largement préféré qu'il soit une personne qui ne veut rien savoir de ses élèves et elle l'espérait. La jeune femme n'avait aucune envie qu'il soit au courant du fait qu'elle venait d'une famille irlandaise importante ou qu'elle était une enfant surdouée. Elle souhaite que sa page reste vierge pour qu'elle soit complètement avantagée, pour qu'il ne commence pas à lui faire des reproches ou de déduire des choses, elle serait complètement stabilisée. Mais? Elle demandait une dispense, il connaissait donc un minimum de son dossier. Non, elle respira et atteignit la fenêtre avant de se retourner et de sourire à nouveau, un bête bout de papier ne dévoilait rien sur le caractère d'une personne, elle pouvait donc agir à sa guise. Calypso devait absolument cesser de réfléchir comme elle en avait tant l'habitude. Ne pas penser, juste agir.

Elle continuait de mâcher son chewing-gum en gardant un air sournois. Mais en vérité, la peur avait pris place. Cela avait beau être un jeu, cela restait tout de même la réalité. Elle s'inquiétait des réactions que Jaime pouvait avoir et surtout, elle n'aurait probablement avec lui jamais une bonne relation.

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"Une dis-pen-se. C'est pas compliqué pourtant. Et ceci pour le cours d'Anglais … s'il-vou…si tu veux bien te dépêcher, ce serait cool." Une fois de plus, je fut totalement choqué par le comportement de la jeune femme, habituellement plutôt calme et aimable. Elle s'amusait pourtant à être vulgaire et à me manquer de respect, ce qui avait le don de me mettre en rogne. Je n'étais pas connu pour être un professeur sévère, bien au contraire, j'entretenais toujours d'excellentes relations avec mes élèves, je ne voulais que leur réussite après tout c'était pour ça que j'avais décidé de faire ce métier. Mon naturel protecteur faisait aussi que je m'inquiétais souvent pour mes élèves. D'ailleurs, lorsque je travaillais encore à Chicago j'étais souvent le confident de mes élèves, ce qui me fit plaisir. Cependant, je n'étais pas un être parfait et j'aimais qu'on me respecte autant que je respectais les autres. "Je veux bien me dépêcher à te mettre en retenue oui, c'est pas compliqué non plus, et c'est cool." Lui lançais-je alors en reprenant presque les mêmes mots que Calypso avait dit pour bien lui montrer que je rigolais pas.

Si il y avait bien un sujet à éviter avec moi, c'était mon divorce, et mon mariage assez désastreux en général. Bien que cela remonte à plusieurs mois, c'était encore un point sensible pour moi, aimant surement toujours mon ex-femme bien malgré moi. Même mes amis et ma famille évitaient de m'en parler lorsque je les avais au téléphone, ce qui me faisait le plus grand bien. Je fus donc encore plus abasourdi lorsque Calypso, une de mes élèves qui normalement n'avait pas à être au courant de ma vie privée, m'en parla. "Au fond, une dispense c'est comme des papiers de divorce, une petite signature et hop, on en parle plus. Ce ne sera pas la première fois pour vous, je me trompe?" Mon visage se décomposa en un instant, et j'eus un léger pincement au coeur. J'étais de plus en plus décidé à la mettre en retenue, mais si elle voulait taper là où ça faisait mal je n'allais pas me gêner pour faire de même, car après tout moi aussi je connaissais des choses sur mes élèves. "Tu crois que tes parents seraient fiers de ton comportement ?" Lançais-je, me reprenant pour ne pas montrer encore plus que sa remarque m'avait fait du mal. Je soufflais n'étant pas prêt à faire ce qu'elle me demandait. "Vu comme ça, tu n'as rien d'un petit génie, bien au contraire." C'était une surdouée d'après son dossier scolaire, et même si d'après ses résultats cela se vérifiait, son comportement n'allait absolument pas avec.

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« Je suis désolée, Monsieur Odair. » lui fit-elle en affichant une mine refroidie. « ... mais une retenue ne me fait pas peur. Etre enfermée dans une pièce pour peut-être deux heures tout au plus? Je pense que je suis assez costaude pour réussir! Et puis, si vous trouvez ça cool! » lui lança-t-elle en souriant, un sourire bien trop malicieux. Un moment où un autre, elle devrait faire profil bas et s'en aller, mais pas maintenant, pas encore, le moment propice n'avait pas pointé le bout de son nez. Jaime Odair bouillait presque, mais il n'exploserait pas encore de suite. Au pire, elle aurait une retenue. Une retenue? Que cela pouvait-il changer à son dossier scolaire ou à sa vie? Son père avait réussi à effacer toutes traces de la case prison, il pourrait en faire de même pour une simple colle.

Mais finalement, Caly se rendit compte que si elle ne se maniait pas un peu, tout ce qu'elle réussirait à décrocher après cet entretien ne serait certainement pas une place chez les Lambda. Il fallait agir et vite. La demoiselle passa une main dans ses cheveux et fixa le jeune professeur. Elle finit par lui sourire, et ouvrit la bouche avant d'en sortir son chewing-gum et de le coller en-dessous du bureau. La demoiselle s'assit sur le meuble, prenant soin de passer une jambe sur l'autre et extirpa de son sac, une cigarette qu'elle ne tarda pas à allumer. Prendre feu, comme elle en espérait tout autant du professeur. Calypso tira une fois et recracha toute la fumée de manière à ce qu'elle se répande. Elle se trouvait répugnante, si irrespectueuse d'agir de la sorte. « Oh pardon! » fit-elle d'air étonné. « Tu en veux une aussi, Jaime? » lui lança-t-elle avec un sourire au coin des lèvres.

Après le coup de la cigarette, Caly avait également lancé celui du divorce. La jeune femme pensa un instant qu'elle l'avait bien eu! Et pourtant, ce n'était qu'un petit instant, aussi tôt, il effaça sa petite mine ternie, et attaqua. Et il fallait dire que là, Jaime marquait un point. Il avait touché un côté sensible, la famille. Le père de Calypso avait réussi à oublier l'année d'extravagance qu'elle s'était permise - probablement dû à un manque affectif pour son frère disparu - mais réussirait-il à lui pardonner son irrespect envers un professeur? Serait-ce la goutte qui ferait déborder le vase? Il y avait des chances, le respect était une valeur primordiale dans la famille Roseburry, mais Calypso ne pouvait se permettre de baisser la garde. Aucune émotion ne se vit sur son visage. « Beau et attentionné. » dit-elle en se levant du bureau où elle avait prit place. « Mon père a déjà accepté beaucoup plus que ça, ça ira pour moi, c'est gentil. » Mon père est un hypocrite qui prétend être gentil avec moi tout simplement parce que mon frère est parti sans donner de nouvelles et qu'il est terrorisé à l'idée de perdre son second enfant et d'engendrer un scandale, je pense que je peux faire passer ce genre de comportement : ça, c'est ce qu'elle aurait aimé répondre en toute sincérité, mais il était hors de question de se dévoiler. Et Jaime enchaîna en touchant un autre point sensible, oui, les professeurs étaient eux aussi bien informés. « Je suis comme un kinder suprise. On ne sait pas quelle surprise on aura. Et moi, on ne sait pas deviner mon QI. » prononça-t-elle assez fièrement.

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