Tsss prise la main dans le sac!

Code by Holliday

ღ quand deux ennemies se rencontrent... ღ

Une journée sans cours. Que demander de plus? J'aime ce que je fais à l'université, j'aime aussi beaucoup mon boulot au Starbucks, mais avoir une journée de libre, où rien ne peut venir vous prendre la tête! Quel merveilleux délice. Au matin, j'avais pu me prélasser tranquillement dans ma chambre du pavillon des Phi Iota Nu, une bonne douche bien chaude et longue. Un petit déjeuner rapide et léger et surtout un bon café bien chaud en lisant une revue de mode bien connue. Cette université, cette ville, c'est chez moi. Ca a toujours été chez moi, ma seconde maison. Personne ne pourrait me retirer ça! Même voir cette petite punaise de Eileen graviter dans la cuisine ne réussit pas à me mettre de mauvais poil. Cette fille bien qu'elle soit de ma sororité, je ne peux pas l'encadrer. Bon vous allez me dire, j'arrive à encadrer peu de monde au final, mais je ne m'en porte pas plus mal. Mieux vaut être seule que mal accompagnée. Bref aujourd'hui ne serait pas une journée de merde mais une journée radieuse pendant laquelle je comptais bien faire un peu de shopping.. Une fille a constamment besoin de renouveler sa garde-robe, c'est de notoriété publique. Et niveau dépenses, j'assurais un maximum!

Je quittais le pavillon une heure plus tard, il devait être un peu près onze heure du matin. Je comptais farfouiller dans quelques magasins et ensuite aller manger un petit bout. Plus tard dans la journée j'avais prévu d'appeler June ou Noé, une des deux pour voir si elles n'avaient pas envie de se faire soit un petit ciné ou alors une sortie entre filles en boite de nuit. Enfin n'importe quoi tant que je pouvais allez délirer un peu et profiter de ma jeunesse sans me prendre la tête. Quelle ne fut pas ma surprise quand dans mon magasin préféré de produits de beauté en tout genre, j'aperçois cette silhouette brune effilée que je ne peux que reconnaître d'un seul regard posé dans son dos. C'est Dylann, le petit rat de bibliothèque! Un sourire presque sadique vint se poser sur mon joli faciès de blonde. Oh l'occasion était bien trop tentante pour que je ne la laisse me filer entre les doigts. Je m'approche à pas de loup, sans me faire remarquer... Elle est tellement affairée à se choisir un parfum qu'elle ne m'a même pas captée, contrairement à moi. Je ne la frôle même pas, son sac est grand ouvert. Un énorme fourre-tout comme presque toutes les filles maintenant. Quelle erreur fait-elle là. Ni vue ni connue, je glisse un gloss du magasin dans son sac. Les vendeuses non plus n'ont rien remarqué, quelle dindes celles-là! Je m'éloigne alors reprenant mon shopping comme si de rien n'était. J'ai mes habitudes ici, ils connaissent bien ma mère qui est une de leur cliente les plus fidèles.

Je pense déjà à la tête que va faire Dylann quand elle va vouloir sortir du magasin et que les alarmes vont se mettre à brailler comme des furies. Un mauvais coup de plus à mon actif, histoire de la mettre mal à l'aise un peu. Elle l'a bien cherché après tout, nous sommes ennemies et je soigne toujours bien mes ennemis, mieux encore que mes amis! Mais mon but n'est pas de la faire arrêter pour vol, juste de m'immiscer sournoisement mais habillement auprès d'elle en prétextant lui venir en aide d'une certaine manière. J'irais trouver le garde certainement et je ferais jouer mes relations ici pour qu'elle n'ai pas de soucis... Ou peut-être que finalement, je sais pas on verra ce qui m'amusera le plus.

DYLANN vs REYNE

« Puisqu'il faut avoir des ennemis, tâchons d'en avoir qui nous fassent honneur. »

Une fois n’est pas coutume, je m’étais levée aux alentours de neuf heure en ce début de week-end. Je n’avais pas de cours aujourd’hui, et mes révisions de la veille m’avaient fait veiller tard, du moins, plus tard que j’en avais l’habitude. Je tentais une dernière fois de sombrer de nouveau dans les bras de Morphée jusqu’à ce que mon cerveau soit à son maximum. Comme à l’habitude, je me ruais sur mon téléphone portable, non pas seulement pour consulter les avancées des aiguilles mais aussi pour constater si j’avais reçu un message de Daisy. Chaque soir, et ce, depuis que j’avais pris connaissance de son existence, je lui envoyais un message de bonne nuit, avec mes dernières impressions de la journée. Un sourire s’était dessiné sur mes lèvres lorsque je pu remarqué un nouveau mail de sa part.

Enfin debout sur mes deux pieds, j’enfilais un jogging et un t-shirt pour me diriger vers la salle de bain, trousse de toilette sous le bras. Je me brossais machinalement les dents devant le miroir, comme tous les jours avant de me diriger sous la douche. Une fois prête et habillée d’un simple jean clair, d’un débardeur bleu pâle couvert d’un gilet et de mes habituelles petites basket, j’attrapais mon sac, vidant mes cours de la veille afin de prendre le strict nécessaire pour sortir, je me dirigeais à l’extérieur du pavillon. Alors que j’allais retrouvé Kylan pour l’aider à s’occuper du campus, il m’autorisa une journée de congé que je méritais “au vue de ma tête à faire peur” selon ses dires, mais en me précisant bien que je devrais la rattraper. “J’espère que tu finiras chauve !” bougonnais-je en m’éloignant. J’aurais bien demandé à June de passer la journée à mes côtés, mais je savais qu’à cette heure-ci elle devait se trouver chaudement sous la couette, après avoir fait la java la veille. Très bien, repensant à ses conseils, je décidais donc de me rendre au Providence Place Mall, le centre commercial de la ville.

Il n’était plus très loin des onze heures quand j’avais pénétré dans la boutique de produits cosmétiques. Je venais à peine de passer les antivols quand une sensation de mal-être m’envahis. Je ne m’y sentais pas à ma place, mais je devais devenir plus fort et passer ce cap une fois pour toute. Les vêtements, ça rentrait dans le strict minimum, mais quand il s’agissait de maquillage et tout le tsoin-tsoin, c’était une autre paire de manche. Néanmoins, je me rappelais que June m’avait conseillé un parfum. Ce n’était pas très dur de me diriger dans le rayon, de chercher son nom, et d’en humer l’odeur. Je cherchais alors ligne par ligne, marque par marque, le tout super concentrée. Quelques bonnes cinq minutes plus tard, je trouvais enfin le produit tant convoitée par mon esprit. J’aspergeais mon poignet, attendais quelques secondes supplémentaires avant de le renifler. June avait raison, il était doux. Je regardais alors le prix du parfum, et mes yeux s’écarquillèrent lorsque je le trouvais. Ouais, bon, pas pour cette fois, je n’en avais pas les moyens. Je reposais alors le flacon avant de tourner des talons et de quitter le magasin. Lorsque je passais les antivols, l’alarme retentit. Je me figeais net au son de la sirène. Une vendeuse ne mit pas bien longtemps à me rejoindre. Je me reculais alors d’un pas, pénétrant de nouveau dans le magasin. Je sentais mes oreilles chauffer, j’étais rouge de honte. “ Bonjour. Veuillez ouvrir votre sac s’il vous plait ”. Bégayant un “ oui ” presque inaudible je m’exécutais. Je n’avais pourtant rien voler, alors pourquoi j’étais si stressée ? J’avais les mains moites, et les mains tremblantes. Elle regardait à l’intérieur de mon bagage et me jetait un coup d’œil avant de plonger la main dans mon sac et d’en sortir un gloss. “ Ce n’est pas à moi. ” pensais-je. Je cherchais définitivement à m’innocenter et réfléchissais à une échappatoire “ Euh… ” commençais-je, toujours bégayante “ Ça peut être dur à croire, mais je crois qu’il a dû tomber dans mon sac… ” finissais-je. Décidément, qui irait croire un truc pareil ? Je n’avais rien de mieux à proposer ? Intérieurement, j’étais en train de me frapper moi-même.

Enfin, après une bonne quinzaine de minutes à essayer de m’innocenter, la vendeuse me relâcha, sans oublier de me jeter ses regards noirs. Je quittais la boutique d’un pas rapide, et continuais à déambuler dans la galerie marchande. Je m’arrêtais alors plusieurs mètres plus loin près d’un carrefour, sur un des bancs qui étaient à disposition. Je posais mon sac à mes côtés et m’affala sur ce dernier. Je soupirais, encore honteuse de ce qui venait de se passer. Finalement, je n’aurais peut-être pas dû sortir. Ce n’était pas ma journée. Je décidais alors de prendre une pause, et d’en profiter pour envoyer un message à Daisy pour lui conter ce qu’il venait de se passer.

C' était étrange, pourquoi avais-je toujours ce besoin de jouer des coups fourrés? Parfois, je me demandais à quoi servait tout ce petit manège, pourquoi le fait de voir les autres dans l'embarra ou en mauvaise situation, me faisait me sentir tellement bien. Il était arrivé une fois à June de me conseilleur d'en parler à mon thérapeute, pour qu'il tente de mettre le doigts sur ce qui m'empêchait de laisser poindre à nouveau celle que j'étais réellement. Mais vous imaginez bien, mon thérapeute j'allais le voir plus pour faire bien que pour lui parler réellement de tout mes petits secrets. Puis dans le fond, je n'avais pas envie de me confier, sauf peut-être à ce cercle d'amies que je tenais d'une poignée ferme et dont je savais très bien qu'elles garderaient précieusement tout ce que je leur racontais. Elles n'avaient pas d'autre choix de toute manière. Du coin des yeux, j'observais Dylann, la pauvre, vraiment je ne lui rendait pas la vie facile. J'aurais pu la faire devenir mon souffre-douleur attitré mais dans le fond, je l'estimais cette fille. Je l'estimais assez pour la qualifier de meilleure ennemies. Peut-être qu'ailleurs, dans une autre situation nous aurions pu être des amies.

Puis les alarmes de mirent à hurler, le bruit était si tonitruant qu'on ne pu m'entendre pouffer de rire. Mes lèvres s'étaient à nouveau étirées dans un rictus à la limite du diabolique. A croire que j'adorais vraiment persécuter les autres. Oui, j'avais toujours voulu devenir un tyran, un tyran comme ceux qui m'avaient persécutée à un moment de ma vie. De la vengeance, je ne sais pas parce que j'y prenais tellement de plaisir dans le fond que c'était peut-être plus un jeu qu'autre chose. Un jeu dont je me lasserais peut-être un jour. N'empêche, la tête que faisait Dylann, elle était devenue aussi rouge qu'une pivoine quand la vendeuse avait découvert le gloss portant encore la petite étiquette collante avec le capteur antivol. Dès qu'elle fut relâchée, elle se précipita hors de la boutique. Mais, sa tête serait fichée longtemps ici, elle était grillée et devrait aller s'approvisionner ailleurs, si tant est que ce soit quelque chose qu'elle fasse souvent. Je la suivis du regard avant de m'approcher de la vendeuse, de lui glisser quelques mots et de payer le gloss avant de l'enfourner dans la poche de ma veste. Puis je l'imitais en sortant et en cherchant la petite brune du regard. La trouvant assise sur un banc en train de pianoter les touches de son portable. Je m'approchais alors d'elle, la tête penchée de côté en l'observant envoyer un message à quelqu'un... A elle a des amis à qui raconter son malheur, pensais-je alors. J'en suis fort aise, mais je n'en avais pas fini avec elle...

Je savais pas que t'étais fauchée au point de devoir chouraver tes gloss dans les magasin... lui dis-je assez mesquinement, la voyant relever lentement les yeux vers moi. Hé oui ma grande, en plus de t'être prise la honte de ta vie devant les clients, tu peux me rajouter au compte. Je m'assis tout de même à côté d'elle comme si c'était juste une amie, alors que la guerre avait toujours été ouverte entre nous. Puis je sortais le gloss de ma poche et le déposait sur ses genoux. Tiens, c'est pour toi, cadeau. J'ai glissé un petit mot à la vendeuse pour toi... Je lui tendis alors un sourire mais peu franc bien entendu, un de ses sourires polis mais faux. Puis je laissais échapper un petit sourire en glissant un regard vers son portable discrètement.

Je n’étais pas une voleuse, et encore moins une menteuse, mais face à une inconnue, je comprenais qu’il était difficile de me croire réellement ainsi. Je n’aurais pas pu me payer ce gloss, même si j’avais des économies, je ne voulais pas les dépenser dans ce superflus. Il n’y avait que les avis de June qui comptait en la matière, et tant que je ne l’avais pas concerté, je n’allais pas m’aventurer dans un milieu que je ne connaissais guère.

Tandis que j’étais concentrée sur mon message, je remarquais une ombre au dessus de mon écran lumineux. Je relevais alors la tête, et je fronçais des sourcils en découvrant mon interlocuteur. Reyne. Reyne était une Iota Phi Nu par excellence, une gosse de riche, une fille de bourges, qui, sans cesse, s’amusait à me chercher des noises. Quand ce n’était pas le fait de m’insulter de pauvre, elle s’autorisait tous les coups, comme glisser une bestiole dans mon sac, chose qui m’a valu un renvoi de cours – je dois dire que se mettre à hurler en plein examen, ce n’est pas toujours apprécié – ou raconter des ragots sur ma personne. Et quand bien même si je percevais en elle un semblant d’humanité, nos discussions sont toujours restées plus ou moins froides. “ Je savais pas que t’étais fauchée au point de devoir chouraver tes gloss dans les magasins… ” Je dois dire qu’il ne fallait pas être sorti de Saint Cyr pour deviner qu’elle était l’auteur de ce coup bas. Encore une fois, cela ne m’étonnait plus, bien qu’elle m’ait valu la honte de ma vie. J’étais là, bouche béante, à la regarder. Elle pris alors place à mes côtés et fourra la main dans la poche pour en sortir le fameux gloss qu’elle déposa sur mes genoux. Je soupirais. “ Tiens, c’est pour toi, cadeau. J’ai glissé un petit mot à la vendeuse pour toi… ” Je baissais alors les yeux sur mes genoux, mais reprenais aussitôt mes esprits lorsque sa tête se pencha de plus près de mon téléphone. Je le verrouillais rapidement. Elle n’avait pas à connaître le destinataire, ni à s’immiscer dans ma vie ainsi. Tant pis, je l’écrirais plus tard, ou pas du tout, je verrais bien comment la journée se déroule, même si pour le moment, elle avait mal commencé.

Je lâchais alors mon téléphone sur mes genoux et m’emparais du gloss. Je le regardais un instant, ne prêtant pas attention aux hypocrisies de Reyne, avant de le lui tendre. “ Merci mais je te le rends. ” commençais-je “ Je ne veux pas d’une bombe à retardement, encore moins si c’est de ta part, je n’ai pas confiance. ” finissais-je par lâcher en un souffle, insistant bien sur le mot confiance. Je grinçais des dents mais tentais de garder mon calme. Je ne pouvais pas considérer Reyne comme quelqu’un d’irrécupérable, il y avait quelque chose en elle qui m’empêchait de la détester. Puis, je n’étais pas rancunière, j’étais davantage la bonne copine, naïve, trop naïve. Je rangeais tranquillement mon téléphone dans ma poche, vérifiant une dernière fois que je l’avais bien verrouillé, avant de relever la tête vers la Iota. “ Tu peux me dire, ce que ça t’apporte ? ” l’interrogeais-je finalement.

Sa réaction était prévisible, je m'attendais à ce quelle refuse quoique ce soit qui ne vienne de moi. Pourquoi l'aurait-elle fait. Elle savait très bien que tout ce que je pouvais faire vis à vis d'elle suintait la fausseté. Je pris le petit gloss entre mes mains, le regardant d'abord bêtement d'un air incrédule, esquissant ensuite un petit sourire en coin. Il n'était pas sarcastique cette fois-ci, juste un de ses sourires en coin, un de ceux que l'on fait quand on est perdue dans ces propres pensées. Mes yeux se tournèrent alors vers la petite brune et j'agitais le fameux gloss sous ses yeux de manière peu anodine et peut-être exagérée...

Ce n'est qu'un gloss, tu sais. A moins que tu ne penses que j'y ai glissé de la poudre de cyanure pour t'empoisonner, il ne t'aurait pas fait grand mal, hein! Je haussais alors les épaule dans un geste de dédain, tans pis elle n'en voulait pas point. Je rangeais alors le tube dans mon sac. J'avais remarqué que dès qu'elle s'était aperçue que je lorgnais un peu trop sur son portable, elle avait aussitôt tout effacé. Quel sombre secret pouvait bien protéger ainsi ma meilleure ennemie. J'étais intriguée car moi-même depuis quelques jours je m'étais mise à recevoir de bien étranges textos de la part d'un certain X. Ce dernier ne semblait pas du tout amical à mon égard, à chaque fois que le petit bruit de messagerie se faisait entendre, je ressentais un petit frisson de peur que ce soit encore lui. Il semblait vouloir me faire croire qu'il détenait quelque chose sur moi. Quelque chose qui faisait que je ferais bien mieux de faire ce qu'il attendait de moi, comme une marionnette. Ce qui vous vous l'imaginez bien étant donné mon caractère, ne me convenait pas du tout. J'étais manipulatrice et me faire manipuler à mon tour n'était pas à mon goût du tout!

Je laissais échapper un petit soupir en posant mon dos contre le banc, mon regard était fixé devant moi, comme si je regardais dans le vague. Elle venait de me poser une question très personnelle, une question à laquelle je ne pouvais pas lui répondre. Je n'étais même pas certaine moi-même de la raison pour laquelle j'agissais comme une garce. Pourquoi prenais-je un malin plaisir à la martyriser elle plutôt qu'une autre... Enfin ça s'était assez vite dit, puisque dans un sens j'agissais comme ça avec pas mal de monde. Aurais-je pu lui dire que quand j'étais méchante, exécrable, garce je me sentais puissante. Que quand je me bourrais la gueule au moins j'avais l'impression de ressentir quelque chose. Que quand je me bourrais de drogue, j'avais la sensation d'être heureuse, ne serait-ce que pendant un court instant? Non je ne le pouvais pas, ça me regardait et surtout ça ne regardait pas ma rivale. Je n'allais tout de même pas lui donner moi-même des armes qu'elle aurait pu utiliser contre moi.

Tu veux que je t'dise quoi hein, tu dois avoir une tête qui me revient pas. Et si je te disais que ça me fait carrément jubiler ma grande! Tu poses des questions stupides, t'es tellement pathétique. lui assenais-je d'un coup en reposant un regard sévère sur elle, un regard froid et méprisant. Mais pas parce que je la détestait non, juste parce que je lui en voulais de m'avoir posé cette question. D'avoir voulu tenter de me discerner mieux. De quel droit pensait-elle avoir cette place d'oreille attentive, de vouloir me comprendre...

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Elle semblait perdue dans ses pensées, laissant un certain temps entre ma question et sa réponse. Peut-être réfléchissait-elle sur comment elle allait m’enfoncer dix pieds sous terre une fois de plus, peut-être cherchait-elle ses mots. J’étais bien trop naïve pour cette dernière solution. Pourtant, j’étais intriguée, désireuse, envieuse, curieuse de connaître sa réponse, aussi anodine pouvait-elle être. “ Tu veux que je t'dise quoi hein, tu dois avoir une tête qui me revient pas. Et si je te disais que ça me fait carrément jubiler ma grande! Tu poses des questions stupides, t'es tellement pathétique. ” me lâcha-t-elle d’un coup. Elle se prenait pour un être supérieur, supérieur à moi, et peut-être même au reste du monde. Je restais là, plantais mes yeux dans les siens un instant, avant de tourner la tête. Je fulminais intérieurement, mais je n’étais pas du genre à me battre, n’étant surtout pas douée pour ça. Au mieux, je viserais l’épaule, au pire, je me taperais dessus. “ Pathétique ? ” la-questionnais-je soudainement. “ Quelle ironie. Tu dis que moi, je suis pathétique ? ” continuais-je dans ma lancée. Je marquais une courte pause, il fallait que je tourne plusieurs fois ma langue dans ma bouche avant de continuer, sinon, c’était l’insulte à coup sûr. “ Reyne… c’est toi qui est pathétique. Ça te fait jubiler ? Pense à te reconsidérer un peu. J’crois qu’on te remet pas assez à ta place dans ton quotidien. ” je me coupais dans ma lancée et me mordais la lèvre avant de reprendre “ J’imagine que tu dois pas avoir beaucoup d’amis. Qui pourrait supporter une fille pareil ? ” finissais-je finalement.

Je baissais la tête. Je ne voulais pas croiser son regard, ni ses yeux me lançant des éclairs. Je n’avais pas non plus envie qu’elle se jette sur moi comme une tigresse. Mais à vrai dire, j’aurais préféré ne pas me crêper le chignon non plus. Je poussais doucement mon sac, et m’écartais de quelques centimètres. Je ramenais ensuite mes jambes contre moi, m’asseyant en tailleur sur le reste de place libre du banc, le dos droit, je relevais la tête, croisant finalement son regard. “ Je de la peine pour toi. ” Reyne était de trois ans mon aînée, mais ce n’était pas parce qu’elle était plus âgée que moi qu’elle détenait la science infuse, loin de là. Non, elle devait avoir un sérieux problème pour vouloir s’imposer ainsi. J’avais presque envie de l’écouter, mais à quoi bon, puisqu’elle se serait braquée quoi que je lui demande. Elle avait toujours agi comme ça envers moi, et même si je désirais que ça change, ça continuait…

(hs:t'inquiète ma belle pas de soucis pour ça ^^)

Je cru déceler dans sa manière un peu hésitante de me répondre, une sorte de petite gène, une sorte de tempérance qui me déstabilisa un peu. Je ne sais pas, je l'avais connue plus combative que cela. Mais depuis quelques temps maintenant, c'est comme si quelque chose la forçait à prendre des pincettes avec moi. J'en étais presque déçue car dans le fond nos petites joutes verbales, je les aimais bien. Jusqu'ici nous n'avions jamais eu à aller plus loin que les paroles, d'ailleurs je n'aurais surement pas cherché à ma bagarrer car ce n'était pas mon style. Du moins en venir aux mains n'était pour moi pas aussi enivrant que le poids des mots. Je n'étais pas étonnée d'entendre les paroles qu'elle me dit. En fait je ne lui en voulait même pas, je n'étais pas en colère, je restais impassible mais d'un seul coup un sourire éclaira mon visage.

Dylann, ma jolie petite Dylan. La différence entre toi et moi c'est que moi je le sais. Je n'ai besoin d'entendre de personne qu'il ne me remette à ma place car où elle. Phrase lancée mifigue, mi-raisin. Elle pouvait sois penser que je me montrais une nouvelle fois supérieure ou tout simplement que je me rangeais à ce qui pour moi était une simple fatalité. Ceci dit, elle touchait un point. Peut-être que j'attendais cette personne si spéciale, la seule qui aurait pu arriver à me remettre à ma place en espérant que cela me fasse réellement ressentir quelque chose. Car en dehors, tout les autres pouvaient penser ce qu'il voulait de moi dans le fond je m'en fichais totalement. Pire s'était ce que je désirais, qu'ils pensent le plus de mal possible, que certains me craignent, que d'autre me détestent. Je voulais garder cette stature impressionnante que mes amis voyaient aussi en moi. Complexe? Oui peut-être que je l'étais ou peut-être que j'essayais de me préserver. Me préserver de tout ceux qui m'avait un jour trahie alors que je les avais toujours aidés.

Cela va surement t'étonner mais pourtant si j'en ai. Peu, mais j'en ai, mais dis-toi ma grande les amitiés ne se font jamais sans désintérêt. Un jour l'un ou l'autre fini toujours par te planter un couteau dans le dos, que ce soit d'une manière anodine ou plus importante. Oui dans la vie on ne peut réellement compter que sur soi-même. Soit tu donnes de ta personne et tu en pâtis un jour ou l'autre soit tu fais comme les "winners" de ce monde en te comportant comme un requins dans un océan déchainé! Les gentils se sont les faibles, ceux qu'on finit par piétiner un jour. Etrangement, je venais en quelque sorte de me livrer un peu à elle. Mon dieu Reyne, serais-tu en train de te ramollir ma belle. Voilà ce que je pensais au plus profond de moi.

Ecoute, tu sais ce qui est réellement pathétique c'est que tu n'acceptes pas ce gloss. Je ressortis le petit tube de mon sac et je le fourrais dans le sien qui était toujours ouvert. Puis je me levais du banc.et lui tendit un léger sourire. C'est pas une bombe, prend ça plutôt comme... Je sais pas comme une excuse de ma part. Pourquoi te pourrir une aussi belle journée qu'aujourd'hui! Pour le coup, ce que je venais de dire allait très certainement l'étonner tout comme cela m'étonnait moi-même. Je sais pas un élan de spontanéité, un petit reste du passé certainement. Mais bon change-t'-on réellement autant que cela? Je sais pas. [/color]

Qu’est-ce que je cherchais finalement à rester là ? Je pouvais très bien me lever, prendre mes jambes à mon cou, et m’enfuir. Certes, j’aurais terminé sur une bonne journée, enfin je l’espérais. Mais demain aurait été un jour nouveau. Et elle recommencerait sûrement. Pourtant, je cherchais une faille. Elle avait beau me cracher son venin, je tentais de rester impassible, et jouais les psychologues pour filles superficielles et – peut-être – irrécupérable. “ Dylann, ma jolie petite Dylan. La différence entre toi et moi c'est que moi je le sais. Je n'ai besoin d'entendre de personne qu'il ne me remette à ma place car où elle. ” Quelle ironie. Dans ces mots, elle reconnaissait ses torts. J’écarquillais les yeux, peu sûre de l’avoir comprise. Elle se reconnaissait comme étant pathétique ? Je n’osais ajouter une parole de plus, à la fois pour la laisser dans sa raison, mais aussi parce que j’étais encore sous le choc. Pourtant, malgré cette confession, elle gardait cette touche de supériorité, chose que je notais toujours présente chez elle, mais je n’en fis rien. Non, ça me passait au dessus.

“ Cela va surement t'étonner mais pourtant si j'en ai. Peu, mais j'en ai, mais dis-toi ma grande les amitiés ne se font jamais sans désintérêt. Un jour l'un ou l'autre fini toujours par te planter un couteau dans le dos, que ce soit d'une manière anodine ou plus importante. ” Je venais de lui faire comprendre qu’elle ne devait pas avoir d’amis et elle m’avait répondu d’une manière des plus honnêtes. Jamais je ne l’aurais espéré. Et le pire dans tout cela, c’est que je venais de lui donner raison, intérieurement, cela va de soit. Bien que je l’écoutais malgré tout, je restais sur mes gardes, prête à subir n’importe quelle farce de sa part. Des amis, moi aussi je n’en avais pas des masses. Je pouvais même les compter sur les doigts d’une main. Mais ça me suffisait. Je finis enfin par glisser un petit mot, entre deux paroles, entre deux regards. “ Ça me fait bizarre de te dire ça, encore plus de vive voix, mais t’as raison… Enfin, même si je pense que parfois, c’est pas plus mal de se laisser porter… tu verras par toi-même après tout. ” finissais-je. Oui, après, tout, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Et même moi je l’ignorais, et c’est aussi pour ça que je faisais confiance. Je n’avais pas envie d’avancer seule, d’une direction ou d’une autre.

Elle venait de se confier à moi, et j’en restais pas moins choquée. C’est pour ça que je lui avais confié, à mon tour, ces dernières paroles. Et d’un coup, je m’en voulais presque de lui avoir dit qu’elle était pathétique. Décidément, j’avais vraiment trop bon cœur. Je le savais, je savais que ça me jouerait toujours des tours, mais j’étais comme ça, innocente et naïve. C’était moi, Dylann. J’étais alors perdue dans mes pensées quand Reyne revint à prendre la parole “ Écoute, tu sais ce qui est réellement pathétique c'est que tu n'acceptes pas ce gloss. ” me lança-t-elle tout en lâchant l’objet de mes problèmes dans mon sac encore ouvert. Je n’avais pas le temps de refuser, une bonne fois pour toute, son dit cadeau. Alors que j’avais la tête baissée sur mon sac afin de le retrouver, Reyne se levait finalement du banc et ajoutait “ C'est pas une bombe, prend ça plutôt comme... Je sais pas comme une excuse de ma part. Pourquoi te pourrir une aussi belle journée qu'aujourd'hui! ” J’étais désormais bouche béante, complètement déstabilisée par ces mots. Une excuse de sa part… Elle ne voulait pas me pourrir ma journée ? Je ne répondais plus de moi, j’étais à la fois tremblante, peureuse, mais aussi touchée, très touchée. Je me trouvais au centre de toutes ces émotions qui me traversais d’un seul coup. Je ne savais même pas s’il fallait dire merci, ou quoi que ce soit d’autre, je n’arrivais plus à réfléchir correctement. Puis, dans un élan, je me levais à mon tour, prenant soin d’attraper mon sac au passage pour ne pas le renverser – surtout moi, maladroite comme j’étais – Et moi voilà à son niveau, bien que plus petite qu’elle, à relever la tête et à la dévisager. “ Euh… je… m… merci Reyne. ” finissais-je enfin par dire. Je bégayais complètement. J’avais honte. Et maintenant, je culpabilisais.

J’essayais de remettre de l’ordre dans ma tête. Je remettais une mèche de cheveux derrière mes oreilles et refermais mon sac avant de sortir une nouvelle ânerie. “ Alors… qu’est-ce que tu as prévu pour aujourd’hui ? ” demandais-je hésitante, pleine d’entrain malgré tout mais toujours aussi gênée de poser une question pareille à ma meilleure ennemie. Je laissais apparaître un demi-sourire, qui exprimait très bien tous ces sentiments qui me contrôlaient. Mais aussitôt, ce dernier s’effaçait et je baissais alors la tête. “ Excuse-moi pour cette question, ça ne me regarde pas après tout. ” murmurais-je finalement. C’est vrai, Reyne n’était pas mon amie, et je n’avais pas à m’immiscer dans sa vie privée car elle m’avait montré un élan de gentillesse en un instant. Je ne devais pas oublier tout ce qu’elle m’avait fait subir jusque là.

Bizarre, oh oui comme elle avait raison, moi aussi cette journée me semblait tellement étrange. Je venais de lui parler comme je l'aurais fait avec une amie, et elle de me répondre le plus sincèrement du monde. Nous les deux ennemies farouchement opposées depuis tellement longtemps maintenant. Peut-être que j'étais en train de laisser craquer cette façade qui m'entourait, de me ramollir un peu trop. Ou alors peut-être que finalement, tenir toujours cette image froide que je m'évertuais à servir à tout le monde était une pression constante dont il fallait parfois que je relâche la soupape sous peine d'exploser? Allez savoir, mais parfois vos ennemis sont plus francs que vos propres amis. Eux au moins vous disent réellement ce qu'ils pensent, parce qu'ils n'ont pas besoin de chercher à vous plaire! Les paroles qu'elle me servit étaient très juste, elle n'avait pas tord pourtant je ne pouvais pas et je ne voulais pas me laisser porter. Les désillusions que j'avais pu avoir et qui avait été trop nombreuses avaient eu raison de cette bonne vielle Reyne. Pourtant parfois, je la regrettais je me l'avouais volontiers.L'avenante, bienveillante petite Reyne qui donnait toujours et sans cesse plus qu'elle ne recevait elle-même. Mais mon temps de naïveté s'était écoulé.

C'est assez juste mais je ne peux pas...je peux pas me laisser porter. Non je ne pouvais simplement pas me résoudre à faire cela et encore une fois me rendre vulnérable aux autres. J'avais peut-être tord dans mon entêtement mais au moins j'étais préparée. En laissant cette "mauvaise" réputation prendre le dessus, j'évitais d'avoir à souffrir encore de ces désillusions qui finissent parfois par vous déchirer le palpitant alors qu'il bat encore si vivement.

Elle n'avait plus pu refuser mon cadeau et elle me balbutiais un remerciement qui lui coûtait un peu, j'en étais consciente. Mon regard qui était tout d'abord perdu dans le vague se posa sur son visage. D'un geste lent, ma main s'approchait de ce visage et je replaçais doucement une mèche de ses cheveux qui devait la gêner. Je lui souris sincèrement, et c'était une première ça aussi.De rien...je suis certaine que cette teinte illuminera ton joli sourire Dy'. Je me doutais que mes réactions d'aujourd'hui, totalement inattendues devaient jeter un trouble chez mon ennemie de toujours. Au final, en étant "gentille" ne lui faisais-je pas encore plus de mal qu'autre chose en le déstabilisant. Elle s'excusait presque de me poser une simple question sans conséquence. Une question très banale. J'avais prévu d'aller manger un bout, mais je n'avais plus du tout faim... J'étais moi-même troublée, quelque chose ne tournait pas rond chez moi en ce moment. Peut-être que le fait de m'être finalement attachée à quelque rare personne en leur laissant percer une partie de cette armure dont je me bardais, m'atteignais d'une manière dont je ne m'étais pas doutée, je n'en sais rien... Mais je n'allais surement pas rester aussi "gentille" bien longtemps.

T'excuses pas voyons, y'a pas mort d'hommes hein. Je sais pas je voulais aller manger mais finalement je n'ai plus très faim et toi? lui demandais-je alors. La pauvre, cette espèce de trêve dans nos hostilités devait vraiment la torturer pour qu'elle s'excuse ainsi...

Tout comme Reyne, j’avais peu d’amis. Et nombreuses de mes autres connaissances étaient des personnes peu fréquentables, pour ce qu’elles m’avaient faite. Et pourtant, Reyne n’était pas de cette catégorie. Elle était ma meilleure ennemie, mais malgré toutes ses crasses, elle n’en avait fait aucune qui pouvaient me nuire réellement. D’accord, j’avais des rumeurs qui circulaient à mon sujet, d’accord je n’étais pas parfaite, mais je n’étais pas quelqu’un de mauvais. Reyne s’amusait à me faire tourner en bourrique mais ça ne semblait plus tellement méchant maintenant qu’elle laissait apparaître cette personnalité que j’attendais de découvrir.

“ C'est assez juste mais je ne peux pas...je peux pas me laisser porter. ” J’avais simplement envie de lui demander pourquoi. Pourquoi ne pouvait-elle pas ? Et finalement, je ne lui en demandais pas plus. Car elle reprenait la parole pour m’offrir ce gloss, la cause de mes tourments d’aujourd’hui. Qui aurait pu croire, qu’elle, me faisant insulter de voleuse, se radoucirait de la sorte ?

L’émotion, c’est tellement important. Je comprenais sa personne, petit à petit. Mais se sentir mal, ou bien, tout ça, ça nous faisait sentir vivant. C’est vrai qu’une bonne carapace c’était pas plus mal, mais à quel prix ? Pour que finalement même vos connaissances se détachent de vous, croyant que vous ne les intéressez pas ? Pour que finalement, les rumeurs en deviennent inévitables, vous faisant passer pour la pire des personnes ? Est-ce que c’était réellement ce que désirait Reyne ? Je n’en étais pas convaincue.

Avec du mal, j’avais finalement accepté son cadeau. S’il fallait une première personne pour changer tout ça, à cet instant, c’était bien moi. Je la remerciais, maladroite, comme toujours. “ De rien...je suis certaine que cette teinte illuminera ton joli sourire Dy'. ” Alors qu’elle me sortait ces mots, remplaçant une de mes mèches de cheveux, je souriais, bêtement, mais sincèrement. C’était une première ! Un geste, et un compliment. C’était une façade dont Reyne ne m’avait absolument pas habituée ! Mais je restais quand même mal à l’aise, je ne me contrôlais plus. “ T'excuses pas voyons, y'a pas mort d'hommes hein. Je sais pas je voulais aller manger mais finalement je n'ai plus très faim et toi? ” Et malgré sa gentillesse, elle n’oubliait pas cependant ses répliques cassantes dont je connaissais le son depuis déjà fort longtemps. Je souriais un nouvelle fois avant de baisser la tête et réfléchir un peu, histoire de me reprendre. Puis… “ J’essayais de me trouver un parfum… Mais je n’ai pas les moyens de m’offrir ça. Enfin si, mais je veux pas dépenser mes économies pour une babiole pareille ! ” commençais-je franchement avant de relever la tête vers mon ennemie de toujours. Je retrouvais un peu de mon assurance, mais toujours aussi expressive, j’étais toujours la proie idéale.

Ce que j’avais prévu ensuite ? Je pensais sans doute m’aventurer dans la bibliothèque municipale et emprunter quelques livres, ou étudier un peu. Quand je n’étais pas sur le campus en compagnie de Kylan, j’étais à la bibliothèque. C’était mon quotidien, différent d’une jeune étudiante, certes, mais j’étais comme ça. “ Du coup, je comptais aller à la bibliothèque ensuite. ” disais-je finalement. Reyne pouvait bien se moquer de moi. Je n’avais pas le choix. J’étais une élève boursière et je devais maintenir mes notes si je voulais rester à Brown. Pourtant, je n’étais pas une bonne élève en soit. Je révisais toujours, je bossais presque tout le temps, mais je n’arrivais jamais à avoir des notes assez convenables. Je ne savais pas pourquoi, tout rentrait par une oreille, et ressortait de l’autre.

Je ne savais pas très exactement pourquoi la petite crasse que j'avais faite à Dylann se changeait tout à coup en discussion assez posée et franche. Je ne savais pas pourquoi pour une fois, une première fois je n'avais pas la moindre envie de me jouer d'elle, de lui faire subir mes incessantes moqueries ou mes petites mises en scène. En fait je restais là, à la regarder cette brune que je prétendais si fermement ne pas pouvoir encadrer. Mais pourquoi au juste? Juste parce qu'elle était différente? Parce qu'elle était une Lambda? Oui c'était peut-être à la base bien ça le soucis. Je n'avais aucune raison valable de m'en prendre à elle ainsi. Sauf... par pure méchanceté et bêtise humaine. On gros des raisons vraiment bidons. C'est ce que je pensais en ce moment, mais rien ne m'assurait que je ne reprendrais pas mes vanneries dès le lendemain. J'étais une variante incalculable, mes humeurs étaient changeantes, un jour douce, l'autre chiante. Un jour marrante et l'autre de mauvaise humeur. Le moral au beau fixe et une heure après je le portait en berne. A croire que mes hormones me jouaient bien souvent des tours pendables. Mais voilà, j'étais comme ça et beaucoup de monde n'arrivait pas à accepter ça comme ça. Pourquoi les gens attendent toujours de vous que vous leur offriez que le meilleur de vous-même tout le temps? C'était impossible, irréalisable. A un moment où un autre, on craque, on se montre pas sous son meilleur jour. Mais c'était aussi ça être vrai... Etre simplement sois-même. Et c'était ça que je m'interdisais à présent en portant ce faux masque, cette cuirasse de fille dure et chieuse, de garce, de putain de manipulatrice... Bref, jouer le jeu, ne pas lâcher un pouce de terrain, ne plus faire confiance. Bref, sois celle que l'on croit que tu es mais surtout pas celle que tu es réellement.

Je crois que dans un sens, ce qui me fit m'adoucir aujourd'hui en plus de la fatigue de toujours tenir ce fichu rôle que je m'imposais, c'était que je me rendais compte que cette miss là en face de moi n'était peut-être pas si différente de moi. Du moins sur le fond des choses. La bibliothèque, tiens c'est pas con. Je dois justement emprunter un bouquin. Et si on y allait ensemble? lui proposais-je spontanément à sa remarque. Moi dans une bibliothèque, serait-ce une première et bien non. J'étudiais peut-être autant que Dylann par contre je m'évertuais à ce que personne ne puisse s'en douter réellement. J'aurais pu faire des études en sciences, j'excellais dans ce domaine. Mais non, ce détail je le cachais aussi me faisant passer pour cette fille blonde, un peu quiche qui ne penserait sois-disant qu'à s'amuser, faire la fête et draguer. Oh draguer ben tiens donc, c'est bien pour ça que je n'atterrissait pas dans le lit de n'importe qui. Et non Iota ne rimait pas avec couches-toi là du moins pas pour moi. On ne devait même pas connaitre les seuls faux pas que je commettais parfois avec un unique jeune homme et là encore cela s'espaçait de plus en plus parce que tout simplement j'aspirais à autre chose. Sincèrement... même moi ça m'fais mal de dépenser si cher pour du parfum. Et c'était le cas, je n'avais pas de soucis à me faire point de vue fric mais donner autant juste parce que sur leur précieuse petite bouteille, il y avait écrit le nom d'une marque connue, sérieux ça faisait mal au ventre. Mais tout est soucis d'apparence encore une fois. Je plongeais alors mon regard dans celui de mon ennemie, me doutant que ma nouvelle proposition devait complètement la sidérer. Soit elle allait penser que je voulais passer du temps avec elle, soit que je cherchais un nouveau moyen de la rabaisser.

Je venais, en quelque sorte, de proposer à Reyne une ballade à la bibliothèque. Étais-je devenue folle ? Ou totalement inconsciente ? J’étais cataloguée comme une intello’, même si mes notes ne suivaient pas franchement, j’étais dans la sororité qualifiée de sérieuse. Quant à Reyne, c’était une fille superficielle. Alors je ne cachais pas mon étonnement quand elle me répondait “ La bibliothèque, tiens c'est pas con. Je dois justement emprunter un bouquin. Et si on y allait ensemble? ” Je n’étais pas sûre d’avoir compris, enfin je ne voulais peut-être pas comprendre. Elle me proposait bel et bien de m’accompagner à la bibliothèque. Je mettais un certain temps à lui répondre, essayant de reprendre mes esprits, une nouvelle fois. “ Oui, si tu veux. ” lui répondais-je finalement. Je gardais cet air étonnée quelques secondes supplémentaires tandis que je commençais machinalement à tourner des talons en direction de la sortie du Providence Place.

Je m’imaginais mal Reyne en train d’étudier. Alors emprunter un livre, c’était franchement bizarre. Mais peut-être que je me trompais. “ Sincèrement... même moi ça m'fais mal de dépenser si cher pour du parfum. ” me disait-elle finalement, me sortant de ma rêverie. J’esquissai alors un sourire, un sourire sincère, un sourire franc, quelque chose qui se faisait très rare en la compagnie de ma meilleure ennemie. Peut-être que suite à cette journée, je n’aurais plus à l’appeler comme ça. M’enfin, peut-être que je m’avançais un peu trop, après tout, je ne savais pas de quoi serait fait l’avenir. Et d’un côté, ça m’effrayais un peu.

J’emboîtais la pas de Reyne jusqu’à marcher à ses côtés. Je me sentais à la fois gênée, et fière. J’avais souvent caricaturé les sorties entre copines, mais je devais bien avouer que pour le coup, j’étais plutôt contente de ne pas me retrouver seule. Et puis, ça me changeait de mon travail de larbin. J’étais en dehors de Brown, et je respirais un peu d’air frais. “ Au fait, c’est que le livre que tu veux emprunter ? ” lui demandais-je curieuse de connaître de sa réponse. Et le chemin se déroulait comme ça, des questions, des réponses, et pas tant de méchanceté à laquelle je m’étais préparée. C’était changeant, et ça me faisait du bien !

[ hrp – tu ouvres le rp à la bibliothèque ? ]

Tsss prise la main dans le sac!

Tsss prise la main dans le sac!

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