Chapitre 1 - Chanceuse comme elle l’est Swann vit le jour dans une famille heureuse mais plutôt atypique. Son père possédait une multinationale, plus de deux milles employés à travers le monde et un joli bureau basé à Chicago, sa ville natale. Jeune, monsieur fréquentait des gens de sa condition, aussi riches que beaux... Tombeur de ses dames, il n’aurait jamais pu imaginer sa vie autrement que marié à une fille de bonne famille, qui lui aurait donné deux beaux enfants -un garçon et une fille forcément-. Il aurait une belle maison, avec un chien et une tondeuse qu’il n’aurait jamais utilisé puisqu’il aurait employé des jardiniers pour le faire. Bref, les plans de Joseph Valentyne étaient tous tracés. Puis, une après-midi, il la croisa. Elle chantait devant le grand bâtiment qu’était son école, les doigts qui couraient sur les cordes de la guitare et des fleurs dans les cheveux emmêlés.
Aussi excentrique qu’elle pouvait l’être, Claire tapa dans l’oeil du beau Joseph. Leur histoire surprit tout le monde. La famille de Claire, tous des hippies vivant en parfaite harmonie avec la terre et la famille de Joseph, qui craignait pour la réputation de leur nom. Chacune des deux familles essayaient de remettre dans le droit chemin leur enfant respectif, âgé de tout juste vingt-deux printemps.

Le temps passait et Joseph et Claire ne semblaient pas vouloir se séparer. Le jeune homme présenta celle qu’il considérait comment la femme de sa vie à sa famille puis il se rendit chez les parents de la demoiselle afin de changer son futur. Joseph se tenait droit, un bras le long du corps, l’autre derrière son dos, il avait finalement posé La question. Dans la pièce, on entendait simplement le tic-tac de l’horloge et le ‘cui-cui’ des oiseaux. « Mais oui tu peux ! » lâcha Claire en brisant le silence qui s’était mit à régner entre le père, la mère et le futur gendre. Elle se pendit au bras de son fiancé et offrit un magnifique sourire à son père « C’est mon fiancé ! »

Chapitre 2 - Deux années que Joseph avait demandé Claire en mariage. Un an qu’ils s’étaient mariés et six mois qu’elle était enceinte d’un petit bébé. Claire ne voulait pas s’arrêter de vivre à cause de ce petit bout qui grandissait en elle. Elle continuait sa vie comme elle en avait l’habitude; en peignant quelques toiles abstraites dans le grand jardin, en fouinant plusieurs bons vinyles chez son disquaire favori de Chicago ou encore en se rendant à ses divers clubs comme celui pour la défense des animaux où elle et sa meilleure amie étaient inscrites depuis de nombreuses années. C’est d’ailleurs avec cette meilleure amie que Claire partageait tout depuis longtemps maintenant. Sans se concerter, sans discuter, les deux femmes s’étaient pratiquement mariées en même temps. Les deux bébés allaient pointer leurs nez à quelques semaines de décalage si tout allait bien.

Le 20 mai 1990, Joseph s’était levé tôt pour se rendre à New-York afin de signer un contrat avec une entreprise concurrente. Quand Claire avait ouvert les yeux, son mari n’était plus à ses cotés dans le grand lit. A peine avait-elle posé un pied au sol qu’elle ressentie une douleur au niveau de son ventre. Le petit bout à l’intérieur s’entraîner apparemment à boxer sur sa mère… Elle resta quelques instants, seule, à se tordre de douleur jusqu’à ce qu’à ce que le mal parte aussi vite qu’il était venu. Claire se remit de ses émotions et s’habilla d’une grande robe large afin de couvrir ce gros ventre. La jeune femme était à un peu plus de huit mois de grossesse et elle ne préférait ne pas s’inquiéter pour son mal surtout qu’aujourd’hui, Claire devait aller manifester en centre ville avec son association afin de sauver les pandas géants. En fin de journée malheureusement, après qu’elle est arpentée toute la ville armée d’une pancarte, Claire sentie un vertige venir à elle et la même douleur que le matin l’envahir. Elle fut conduite à l’hôpital et de là, on lui expliqua que le bébé allait se montrer plus rapidement que prévu.

Le travail avait commencé depuis quelques heures maintenant. Claire voulait son mari à coté d’elle. Elle voulait lui broyait la main, lui hurler qu’il n’était qu’un égoïste et qu’il allait devoir payer pour lui avoir fait ce bébé. Négative comme elle l’était, Claire était persuadée que c’était la fin pour elle. Elle attrapa le bras de la sage-femme et entre deux cris perçants, elle lui lâcha quelques mots. « Swann ! Mon bébé s’appellera Swann quoi qu’il arrive compris ?! » La sage-femme n’eut pas d’autre choix que d’acquiescer avant de se remettre au travail. Finalement, à deux heures trente-six le 21 mai 1990, Claire donna naissance à une belle petite fille ; les deux Valentyne étaient vivantes. Toujours allongée et légèrement dans les vapes, Claire demanda à la sage-femme à qui elle avait certainement percer les tympans, son nom. Haleigh. Elle donna ce deuxième prénom à sa fille.

Le père n’arriva que le lendemain matin et rencontra pour la première fois sa fille. Quand Claire lui annonça le prénom choisi, il ne put s’empêcher de tirer une grimace. S’en suivi une dispute dans la petite chambre et comme d’ordinaire, Claire eut le dernier mot. « Swann Haleigh Valentyne , bienvenue dans notre monde. » chuchota le père à l’oreille de sa princesse.

Chapitre 3 - Née prématurément, Swann resta quelques semaines à l’hôpital, surveiller de très près par les sages-femmes et ses deux parents. Sa maman ne la quittait pas et quand les Valentyne purent rejoindre leur maison familiale, Claire put voir avec joie que son mari avait terminé la chambre de leur fille. Il avait sorti les pinceaux et les pots de peinture rose, il avait construit le berceau blanc, accroché les rideaux roses, amassé toutes les peluches offertes par les amis, la famille et les collègues, tout était près. Claire put même admirer un rocking-chair peint en blanc, que le couple avait déniché dans un vide-grenier quelques mois auparavant.

Les années passèrent et Swann grandissait chaque jour un peu. Joseph était toujours occupé avec son travail, Claire avait toujours ce grain de folie en elle. La petite fille entrait en maternelle dans quelques semaines. Les premiers copains, les premières leçons, les premières punitions aussi. Sa meilleure amie Avalon toujours à ses cotés. Les disputes de goûters, de jouets... tous les problèmes et satisfactions qu’une enfant âgée de quatre ans peut rencontrer.

L’entrée à l’école primaire se fait sans protestation. Swann est inscrite dans une école privée, celle de son père. Elle fait de nouvelles rencontres, apprend chaque jour et prend un malin plaisir à raconter chaque détail de sa journée à ses parents le soir venu. C’est également à cette époque que la petite fille s’essaya à la danse, domaine qu’elle n’a plus jamais quitté. Pour imiter sa mère, elle se met également à gribouiller des feuilles d’abord, puis des toiles que sa maman lui offre dès qu’elle le souhaite. Seule enfant de la famille, elle grandit en considérant Avalon comme sa sœur, c’est d’ailleurs ce qu’elles feront croire dès qu’elles en auront l’occasion.

Chapitre 4 - L’école primaire se termina, Swann avait 11 ans maintenant et n’allait pas tarder à entrer au collège. Son père choisit le meilleur établissement de la ville pour sa fille, afin qu’elle puisse recevoir l’éducation la plus juste, la plus droite et la plus compétente possible. Elle fait sa vie, ses parents lui offrent tout ce dont elle a besoin. Ils essayent de l’élever le mieux possible. Elle commence à se rendre compte de la chance qu’elle a et profite des voyages, des rencontres et des activités qu’elle peut faire, il n’est pas question pour elle d’arrêter la danse. Grâce à sa maman, elle apprend tout ce qu’il faut de la musique, elle découvre des groupes encore inconnus pour elle et se met à jouer de la guitare même si malheureusement pour elle et les oreilles de ses voisins, Swann ne progresse pas bien rapidement.

La jeune Valentyne ne rencontre pas de problème scolaire même si ses professeurs aimeraient qu’elle participe un peu plus en classe et qu’elle essaye de s’intégrer plus avec ses camarades. Malgré le fait qu’elle aime la compagnie des autres, Swann reste une fille discrète et souvent solitaire. Avalon est toujours là, quoi qu’il arrive. Pendant toute la période que dure le collège, Swann ne s’intéresse pas vraiment aux garçons, elle n’en voit pas encore l’intérêt. Dans sa tête, la demoiselle est toujours une fillette et même si elle n’ira pas le chanter sur tous les toits, Swann adore jouer aux poupées avec sa petite voisine de plusieurs années de moins qu’elle.

Chapitre 5 - Swann est à présent au lycée, elle n’a toujours aucune difficulté à suivre les cours et se passionne pour la chimie. Enfiler la blouse blanche, les lunettes de protection et faire ses petits mélanges, Swann est comme une folle en voyant les recettes changer de couleur. C’est également au lycée que la demoiselle commence à rencontrer quelques garçons. Le déclic se fit à au bal de sa première année quand Sam l’invita. Sam, son premier petit ami, avec qui elle resta presque une année entière. Finalement, il dut déménager à l’autre bout du pays et la distance les sépara malgré tout. Evidemment triste, elle pleura pendant quelques semaines mais se reprit au bout du compte en voyant que ses larmes n’allaient en rien l’aider.

La danse lui permettait de se défouler et quand cela ne suffisait pas, elle piquait toiles, pinceaux et peinture à sa mère afin d’évacuer toutes ses pensées. Ses parents étaient toujours les mêmes; ils semblaient ne pas vieillir, ne jamais fatiguer. Les relations avec les deux adultes et la jeune fille n’ont jamais été tendus, elle n’a jamais eut à se plaindre de leur comportement, sauf quand ils s’amusaient à lui faire “légèrement” honte devant ses amis, quand elle les invitait à passer une après-midi ou une soirée à la maison.

Les examens finaux arrivèrent à grand pas et il allait bientôt falloir que Swann se décide à choisir sa faculté. Après plusieurs dossiers déposés dans diverses Universités à travers le pays et quelques réponses positives, Swann choisi Brown, Rhode Island. Ses parents ne l’influencèrent pas dans ses choix, elle pouvait se rendre et faire ce qu’elle voulait tant qu’elle le faisait avec joie, bonne humeur et plaisir.

Chapitre 6 - C’est en compagnie de son amie Avalon que Swann découvre le campus de Brown. C’est en parti grâce à elle que Valentyne est là aujourd’hui; en effet, en plus d’avoir des laboratoires de chimie incroyablement bien équipés, celle qu’elle considère depuis toujours comme sa soeur allait être étudiante de cette Université. Swann n’eut pas à réfléchir beaucoup pour choisir son avenir.

Cela fait maintenant trois ans qu’elle est là, qu’elle s’amuse toujours dans ses études, qu’elle travaille toujours autant. Elle rencontre de nombreuses personnes, qu’elle apprécie -ou pas-. Swann retourne de temps en temps à Chicago, là où ses parents résident toujours mais Providence est devenue sa ville, qu’elle connait par coeur à force d’arpenter les rues. Depuis trois ans, Swann eut le temps de se créer son petit confort, de trouver ses adresses fétiches et ses ‘lieux de réflexion’ comme elle aime les appeler. Elle apprécie tout particulièrement un certain disquaire, chez qui elle se rend dès qu’elle a envie de s’évader. C’est un bougon passionné qui connait par coeur chaque rayon de sa boutique. Une encyclopédie musicale que Swann pourrait écouter pendant des heures et des heures. Parallèlement, la jeune femme continue toujours la danse, même si elle en fait de moins en moins régulièrement et se rend parfois dans un des ateliers de peinture du campus.

Swann Valentyne sait que sa vie n’est pas finie, qu’elle n’est pas au bout de ses surprises et qu’il lui reste mille et mille choses à voir ici, à Providence.