✻ Dylann est née à Newport, une petite ville et un célèbre port de plaisance, situé dans l’État de Rhode Island, sur la côte Est des États-Unis. Elle a été élevée par son grand frère, Esteban, ses parents étant morts dans un accident de la route alors qu’elle n’avait que deux ans – c’est un drame qui n’a pas réellement eu d’impact à son quotidien, puisqu’elle ne les a pas tellement connus – Mais alors que Dylann entamait le second semestre de sa dernière année de lycée, Esteban découvrit qu’il était atteint d’un cancer à l’estomac et qu’il ne lui restait plus que six à mois à vivre.
“Tiens Dylann… C’est un cadeau pour toi. Ce portable est relié à Daisy. Tu pourras le contacter à chaque fois que tu seras triste ou que tu auras des problèmes.” “Daisy ?” “C’est quelqu’un de gentil. Il t’aidera dès que tu en auras besoin. À partir de maintenant, Daisy sera toujours près de toi… À ma place…” Ce fut lors d’une longue période de pluie, qu’Esteban trouva finalement la mort, et que, par conséquent, Dylann envoya son premier mail à Daisy, lui disant qu’elle se sentait seule.
“Ne pleure pas… Je suis là. Je serai toujours avec toi. Quoi qu’il arrive, je te protègerai. Quoi qu’il advienne…” Daisy était “présent” pour la consoler, ainsi que ses amis. Tous autant qu’ils étaient, la soutenait pour surmonter cette épreuve. Et puis, avec le temps, la douleur s’estompe, sans jamais réellement cicatriser. Dylann ne s’est jamais revendiquée amoureuse de Daisy, assez réaliste pour avouer qu’elle ne connait pas son identité, malgré sa confiance aveugle pour lui, elle le considérait comme un grand frère. Et chaque jour, elle avait pris l’habitude de lui conter ses journées, et de lui confier ses pensées. Il lui répondait, et savait toujours trouver les mots pour la rassurer et la conseiller. Elle conserve chacun de ses mails, ils lui donnent le sourire et la rend heureuse.
✻ Dylann ne connait rien aux relations amoureuses, et n’a jamais vécu d’histoire, bien trop impliquée dans ses études, avec l’ambition de réussir coûte que coûte, pour son frère et pour le rendre fier – bien qu’il l’adorait déjà, il disait souvent qu’elle était sa merveilleuse petite sœur et qu’elle était jolie. L’entrée à Brown par tous les moyens n’a pas été un choix anodin. En effet, cette prestigieuse université qui offrait une discipline lui permettant de s’ouvrir sur ses perspectives d’avenir était sa plus grande décision, et Dylann a beaucoup travaillé pour y arriver. Depuis toujours, du moins, aussi loin qu’elle se rappelle, elle a toujours été attirée par le monde de la mode et des paillettes, et l’étude de la littérature comparée l’habilitait à étudier les différents médias et types d’arts. Pourtant, même si elle a l’étoffe d’une élève sérieuse, Dylann a beaucoup de difficulté pour atteindre des notes convenables et est bien loin d’être une élève studieuse, préférant rêvasser.
✻ Un jour, pour une raison idiote – elle avait cassé la fenêtre de l’arrière-cour –, Dylann s’était retrouvée à travailler comme larbin au service de Kylan, le gardien de l’université aux allures de voyou, tyrannique et qui n’en fiche pas une
“Alors comme ça, t’as pas les moyens ? Pauvre petite. Dans ce cas, c’est pas grave… Mais qu’est-ce que t’as cru que j’allais dire, hein ? La vie, c’est pas tout rose, les gens sont pas gentils. Pauvre idiote ! Puisque t’as pas d’argent tu paieras en nature !” La seule pensée qui a traversé la tête de Dylann à ce moment avait été
“Mais qui c’est… cette espèce de connard blond ?”. Dès sa première heure de travail, Dylann ne s’empêchait pas de lui faire remarquer sa flemmardise, tandis qu’il jouait au mah-jong
“Eh, mais je suis pas d’accord ! C’est ton boulot ça, nan ? Ça n’a aucun rapport avec le dédommagement ! Et pourquoi toi, tu glandes ?” “Tu te crois en position de te plaindre ? Tais-toi, larbin ! Moi aussi j’ai des choses à faire. C’est un moment crucial, là. Alors me parle pas ! […] Quand t’auras fini ça, t’arracheras les mauvaises herbes du parterre ! Au fait, je m’appelle Kylan Donovan. T’as qu’à m’appeler “Monsieur Donovan” ou “Maître”.” Il se moque souvent et ouvertement de Daisy, l’insultant d’étranger, de geek homo, ou encore de transsexuel, pensant qu’elle devrait se servir de lui autant qu’elle le pouvait car il devait sûrement être un pauvre type. En revanche, Dylann, quant à elle, insulte aussi Kylan lui disant qu’elle espère qu’il finira chauve.
Petit à petit, un lien s’était créé entre Kylan et elle. Mais malgré cela, il restait difficile à cerner. Il pouvait parfois se montrer infiniment gentil, et dans la seconde qui suivait, il redevenait cette espèce de voyou de tous les jours, insupportable et détestable. Et très vite, ce n’était plus exclusivement Daisy qui venait à son secours, mais aussi Kylan. Et plusieurs fois, Dylann s’était mise à le suspecter d’être Daisy, allant même jusqu’à lui demander de but en blanc, mais la tournure des évènements était toujours la même
“Bien sûr que non, idiote ! Ça risque pas ! T’es folle ou quoi ?” disait-il avait de s’arranger de lui faire une nouvelle crasse – comme lui frotter la tête comme un chien, l’asperger d’eau, … –
“Heureusement que c’est pas toi ! Daisy est quelqu’un de charmant !” Mais plus le temps passait, et plus ils se rapprochaient davantage, laissant apparaître quelques contacts physiques, des attentions particulières.
[ FLASH BACK ]Je m’étais rendue à l’appartement de Kylan pour effectuer mes tâches journalières. Il m’avait préparé une liste digne d’un vrai tyran : corvée n°1 : préparer le repas ; corvée n°2 : ranger ; […] corvée n°13 : masser la tête et les épaules du maître. Je m’appliquais donc à cette dernière corvée, avec exagération comme à mon habitude, c’est-à-dire, en lui tapant sur la tête.
“Ma tête ça va, c’est mes épaules qu’il faut taper.” me disait-il, sonné
“Oh, excusez-moi. Je pensais que ça vous ferait du bien sur la tête.” répondis-je amusée avant de m’exécuter
“Aah, ce sont les épaules de Daisy que j’aimerais masser. Il doit être tendu, à force de s’occuper de moi.” ajoutais-je dans un soupir, sérieusement.
“Mff… Tu te lasseras donc jamais ? Ce type est peut-être le pire des enfoirées.” S’il y avait bien une chose qui ne passait pas, Kylan ou pas, c’était de s’en prendre à mon Daisy. Aussitôt je lui arrachais avec ardeur ses cheveux blonds
“J’espère que tu finiras chauve !” “AÏEUH !” Je m’arrêtais ensuite pour me lever et m’éloigner, histoire de ne pas prendre de soufflante en guise de revanche. J’étais dos à Kylan, et je me frottais maintenant les mains pour me débarrasser des mèches de cheveux que je lui avais arraché.
“Dis pas de mal de Daisy ! C’est quelqu’un de merveilleux ! Qui qu’il soit, il ne me décevra jamais. Même s’il est moche, que c’est un criminel, ou que c’est le pire des enfoirés… Daisy est mon héros.” “Même si c’est un voyou blond, grossier et tyrannique gardien de l’université ?” “Évidemment ! Qu’est-ce que ça p…” Alors que j’allais me retourner, comprenant le sens des mots de Kylan, il se trouvait maintenant tout juste derrière moi, son visage proche du mien.
“Attends, c’est toi, ça ! Qu’est-ce que ça signifie…” Et en une fraction de seconde, je m’étais retrouvée dans ses bras, sa main sur mon menton, me forçant à le regarder. Je ne pouvais m’échapper de son étreinte.
“Ça signifie ce que ça signifie ! Qu’est-ce que tu ferais si j’étais Daisy ?” Je sentais ses lèvres se rapprocher des miennes, je pouvais sentir son souffle tout près de moi. J’étais totalement figée.
“Que ferais-tu… si ton précieux Daisy… était un salopard comme moi ?” Il avait ses yeux posés sur moi, et je pouvais très bien le laisser faire, mais finalement, j’en avais décidé autrement.
“C’est évident, non ?” Je répondais à son geste en portant ma main sur son visage, glissant mes doigts dans ses cheveux
“Alors… j’aimerais tout de toi.” dis-je en un souffle. Les yeux de Kylan changèrent d’expression. Il semblait choqué par ma réponse. Alors soudain, j’attrapais quelques mèches de ses cheveux et je lui arrachais d’une traite
“Une ouverture !” criais-je avant de me libérer et de m’éloigner de nouveau. Il se massait alors la tête en ruminant
“Ç… ça fait deux fois… et si je devenais vraiment chauve, hein ?” “C’est parce que tu fais des choses bizarres ! Et c’est quoi cette question tordue ?” demandais-je tout en me frottant les mains.
“Ta réponse aussi était tordue ! Ta façon de plaisanter va un peu trop loin.” “C’est parce que c’est une plaisanterie que je vais aussi loin.” conclus-je calmement avant d’aller rassembler mes affaires pour m’en aller.
“Il est vraiment bizarre. Pourquoi il me pose une question pareille ?” pensais-je tout en mettant mon sac sur mon épaule en me dirigeant vers la sortie. J’ouvris la porte mais je me retournais une dernière fois avant d’en franchir le seuil. Il ignorait totalement ma présence.
“Même si tu n’es pas Daisy… ça fait longtemps déjà… que je suis amoureuse de toi…” pansais-je de nouveau avant de tourner des talons et de quitter l’appartement.
[ FIN DU FLASH BACK ]